Chapitre 21 Tranche-vent

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— Tends le bras ! Mais tends le bras, enfin ! On ne va jamais y arriver !

Cela devait bien faire une demi-heure qu’Aimy essayait de prendre les mesures de Toya, mais sans réussir. La jeune sous-fifre venait d’achever sa formation, et la tradition Yiga voulait qu’elle reçoive, en guise de diplôme, une serpe coupe-gorge fabriquée sur mesure.

Aimy rageait. Prendre les mesures de quelqu’un était déjà compliqué en temps normal, et le fait que Toya gesticulait dans tous les sens n’arrangeait rien. Se saisissant d’un mètre-ruban rouge et or dévoré par les miasmes, elle réessaya pour la cinquième fois. Cette fois, les mesures étaient à peu près correctes. Aimy, épuisée par cette tâche ingrate, décida d’aller boire et manger quelque chose. Le café de la grande salle était miteux au possible, mais cela valait mieux que rien.

Tout en buvant son café Zora, qui se révéla véritablement infect, Aimy se souvint du dernier jour de sa formation d’officier. Les honneurs, le diplôme poussiéreux, et surtout le jour où elle avait reçu ses deux tranche-vents. Les armes des Yigas étaient toujours faites sur mesure, et les sabres tranche-vent d’Aimy ne faisaient pas exception. Elle se souvenait d’avoir passé une bonne heure à se faire prendre toutes sortes de mesures. La taille, la longueur du bras ou de la main, mais aussi des mesures étranges comme l’écartement des narines, la taille des yeux ou la pointure.

Même des années plus tard, elle ne savait pas à quoi ces mesures fantaisistes pouvaient bien servir. En tout cas, elle ne ressentait pas du tout la même chose avec ses tranche-vents qu’avec les sabres d’entraînement grignotés par les miasmes qu’elle avait utilisés pendant sa formation. Comme le lui avait expliqué la vieille Shizuka, la meilleure armurière du Clan, chaque tranche-vent était unique.

L’espacement et la taille des trous de la lame pouvaient varier, tout comme la largeur et longueur de l’arme, et même le métal dans lequel on la fabriquait. C’était presque des œuvres d’art et pas des armes.

Ceux d’Aimy étaient courts et assez fins, et le métal était un alliage d’acier Yiga et d’argent gerudo, ce qui donnait une arme qui fendait l’air très vite en une série de petits coups, alors que la lieutenante Liouda, elle, possédait un unique sabre plutôt long et lourd, mais Aimy ne savait pas de quel métal il était fait.

Le maniement des armes occupait une place importante dans l’entraînement des Yigas. Dès l’enfance, les Yiglings apprenaient à tenir un tranche-vent ou une serpe coupe-gorge sans se blesser, puis à combattre avec à partir de neuf ou dix ans. Seuls les plus habiles, les plus intelligents et les plus forts avaient la chance de devenir officiers.

Par rapport aux sous-fifres et aux Yiglings, l’officier occupait une place privilégiée et était souvent plus admiré. Contrairement aux sous-fifres, souvent joyeux et immatures, voire carrément instables, les officiers étaient plus sérieux et « montraient l’exemple » au reste du Clan, ce qui n’empêchait pas certains sous-fifres de jouir d’une grande popularité et de places importantes dans le Clan, à l’image de Mara, Conseillère et cheffe de sa division, ou de l’ingénieuse Toya, réputée pour son maniement de la serpe et son langage fleuri.

Aimy recracha son jus de chaussette sur la table. Quelqu’un avait volé quelque chose et les surveillants inspectaient toutes les poches pour trouver le coupable. Or ces contrôles prenaient des heures. Aimy n’avait pas de temps à perdre et se téléporta au hasard, sans réfléchir.

Sa téléportation hasardeuse la conduisit à l’armurerie, où la vieille Shizuka entreprenait la confection de la serpe de Toya. Sans lever le nez de son œuvre, elle salua Aimy.

— Officier Aimy… Réparation ? M’avait pourtant l’air solide…

— Contrôle des surveillants, et je n’avais pas que ça à faire…

La vieille Yiga sourit sous son masque en terminant sa serpe coupe-gorge.

— Ma-gni-fique !

Puis, se tournant vers Aimy.

— Pourrais-tu accrocher un mouchoir rouge à la poignée ? Tu me rendrais service, j’en ai encore cinq à faire !

Aimy sourit. Elle acceptait sa mission.

"""Eh ben, je vous gâte ! Deux chapitres en un jour, franchement ! Non en fait c'est juste le dernier jour d'école et j'ai que ça à faire, donc... Et puis j'en profite pour caler ce vilain chapitre explicatif, qui est assez désagréable à lire, mais que j'ai pris du plaisir à écrire. Bon appétit !"""

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