Les flammes des chandelles dansaient et dessinaient des ombres tourbillonnantes sur les murs de sable de la salle de réunion. Avachi dans un siège bien moins confortable qu’il n’y paraissait, le Grand Kohga se trifouillait les mains d’un air insouciant. Suppa se tenait debout à côté de lui, un peu par formalité et beaucoup parce qu’il n’y avait pas de chaise digne de ce nom.

— Alors, vous êtes revenus la queue entre les jambes…

— Si je n’avais pas été interrompu, j’aurais…

Sans même regarder son interlocuteur, Kohga continua ses trifouillages de doigts, au grand déplaisir de Suppa qui trouvait cette manie plus que détestable.

— À vrai dire, je ne me suis jamais attendu à grand-chose de votre part.

Kohga tourna la tête, surpris. Cette endive d’Astor osait sous-estimer le tout-puissant Clan Yiga ? S’ils n’avaient pas conclu une alliance, il aurait été tenté de salir sa serpe coupe-gorge, mais puisque cet imbécile était nécessaire au retour de Ganon…

Astor se leva et Kohga fit de même, mais pas Suppa, puisqu’il était déjà debout. Le soi-disant prophète marcha vers l’autel destiné à Ganon, et le chef des Yigas se rassit en croisant les jambes, les bras derrière la tête et les pieds sur la table.

Se saisissant d’une pièce de Gardien remplie de ce qui ressemblait à des miasmes ou à de la rancœur de Ganon, il la leva vers le petit Gardien ovoïde, lui aussi empli de miasmes, qui trônait en haut de l’autel.

— Allez, montrez-moi l’avenir !

Un tourbillon de rancœur s’éleva au-dessus du Gardien qui, à bien y regarder, ressemblait beaucoup au petit robot qu’il avait vu aux côtés de la princesse Zelda.

Kohga vit l’exécrable personnage sourire quand les miasmes s’élevèrent dans la pièce, formant des volutes de fumée malodorante et une sphère translucide ornée de motifs étoilés. Les miasmes commencèrent à dessiner des formes et des motifs. L’énergumène sembla fasciné.

— Oooh…

Le paysage de rancœur changea. On y voyait le château d’Hyrule dévoré par la rancœur et les miasmes, le Fléau Ganon dominant Hyrule et un ciel plus rouge que la tache que Kohga venait de faire sur son uniforme en croquant dans un bonbon aux fruits.

— Oui, c’est ce destin que je veux voir advenir… Je ne permettrai à quiconque de le changer…

Ce paysage effroyable fit frissonner Kohga, mais il n’en laissa rien paraître. Si c’était le seul moyen de se venger de la royauté Hylienne et du meurtrier de sa fille, alors il était prêt à affronter ce futur terrifiant.

Le sourire machiavélique d’Astor donna envie à Kohga de le frapper, mais il se retint juste à temps. Il se débarrasserait de cette endive d’Astor le moment venu. Pour l’instant, il en avait encore besoin.

""" Pourquoi cette scène me rappelle les clichés du repas de famille en compagnie du cousin complotiste ? Non en vrai on s'en fiche. Espérons juste que Kohga se sortira du pétrin dans lequel il s'est fourré. Je doute que Kara apprécierais de le voir embourbé dans ces histoires."""