Chapitre 23 Deuxième attaque

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Aimy entra dans le réfectoire sans entrain. Le silence et l’odeur qui y régnaient n’avaient rien d’habituel. L’endroit était habituellement si bruyant qu’on s’entendait à peine penser, en plus d’être parfumé à la banane, mais ce jour-là, seuls quelques conversations et de rares bruits de couverts troublaient un silence profond, et la pièce était embaumée d’un délicat parfum floral. Aimy avait un mauvais pressentiment.

La découverte de toute une troupe de théières à la queue leu leu sur les tables confirma ses craintes. En grimaçant, elle se servit une tasse de tisane bleutée et alla s’asseoir à la table du fond, à côté du Grand Kohga. Tout en aspirant son thé, elle réfléchissait. C’était, à n’en pas douter, de la tisane de fleur silencio. Ces plantes étaient réputées pour leurs propriétés apaisantes, qui permettaient une discrétion hors du commun. Une distribution de cette ampleur ne pouvait signifier qu’une chose, c’est-à-dire une mission d’envergure.

Aimy soupira bruyamment. Les nouveaux sous-fifres faisaient n’importe quoi, la lieutenante Liouda criait sur tout le monde, les surveillants s’incrustaient dans toutes les conversations et l’inspection des paquetages de son équipe n’avançait pas. La mission, un raid sur un village de la plaine d’Hyrule, n’avait rien de compliqué, mais l’inspection prenait toujours un temps fou et Aimy, qui venait de confisquer un sachet de choux péteurs nauséabonds, avait vraiment l’impression de travailler avec des Yiglings en bas âge. Ce n’était pas la première fois qu’elle dirigeait une équipe, mais elle n’avait jamais eu droit à un bataillon aussi indiscipliné.

— À mon commandement !

Chacun sortit de sa poche une poignée de parchemins Yiga et se prépara à la téléportation.

— Maintenant !

C’est seulement à ce moment qu’Aimy remarqua la bizarre couleur orangée des parchemins de Toya. Une mauvaise contrefaçon. Elle voulut la prévenir, mais ne réussit qu’à crier ce qui ressemblait à :

— Tu vas foutre le feu à ta combinai…

Puis elle disparut dans un gros « pouf » enfumé.

— Les réglages des créatures divines sont encore loin d’être terminés, expliqua Zelda, pensive. Il faut améliorer la synergie avec leur pilote pour qu’elles puissent déployer leur puissance maximale. Il y a beaucoup d’éléments qui m’échappent, mais…

Link sourit. Quand la princesse parlait de technologie Sheikah, il était impossible de l’arrêter.

À l’autre bout du cortège, séparés de Link et de la princesse par une bonne vingtaine de soldats de la garde royale, se trouvaient Daruk, le héros des Gorons, et Mipha, la princesse des Zoras. Tous deux étaient des Prodiges choisis pour piloter l’une des créatures divines.

Mipha se tourna vers le Prodige Goron.

— Daruk, j’aurais un service à te demander.

Devant l’air curieux de Daruk, elle continua.

— J’aimerais… J’aimerais que tu me laisses m’entraîner avec toi. On ne sait pas ce qui peut se produire. Je veux être sûre d’être suffisamment forte le moment venu…

Le Goron lui adressa un grand sourire.

— Si c’est que ça, y’a aucun problème… Ouais… par contre… Il faut toujours qu’on trouve le fameux chevalier porteur de la lame purificatrice…

Mipha acquiesça d’un air timide.

— Oui…

— Eh ben moi, fit Daruk, souriant, je me demande si Link…

Il regarda dans la direction du jeune chevalier, mais ses rêveries furent de courte durée. Trois sous-fifres Yigas venaient d’apparaître devant eux. Zelda grimaça, et c’était tout à la fois de peur, d’agacement et de colère.

— C’est encore vous…

Suppa apparut sur le toit de la maison d’en face et les toisa d’un air menaçant.

— Cette fois-ci, c’en est fini de vous…

D’autres sous-fifres apparurent tout autour du petit groupe. Mipha saisit sa Lance d’écailles radieuse, tandis que Daruk porta la main à son Brise-montagne, une puissante épée Goron que l’on tenait à deux mains.

Link dégaina son épée, mais ne remarqua pas que Zelda semblait prête à défaillir. Il se battrait jusqu’au bout, et protégerait sa princesse, même s’il devait y laisser la vie.

Cela faisait bien deux heures que Suppa dirigeait les opérations, et il commençait à trouver le temps long. En fin stratège, il avait réussi à séparer les Prodiges, le chevalier et la princesse, et à épargner la plupart de ses sous-fifres ainsi que tous ses officiers. La ville serait bientôt en cendres. Maintenant, l’heure était venue d’en découdre.

Suppa se positionna dans une ruelle près de la place centrale et attendit l’arrivée du chevalier. Il n’attendit pas longtemps. Le jeune homme ne tarda pas à arriver et lui courut après. Suppa réussit à le conduire jusque sur la place centrale du village et décida de l’y affronter.

Suppa se jeta en avant en donnant un coup de sabre, mais le chevalier esquiva et contre-attaqua en lui infligeant plusieurs coups d’épée. Suppa avait l’impression de jouer au chat et à la souris, et le « jeu » dura une bonne demi-heure avant qu’il ne soit obligé de battre en retraite, poursuivi par le jeune chevalier, la princesse Zelda et le minuscule Gardien qui ne cessait de biper. Suppa sauta en arrière et, après ce qui ressemblait à un genre de salto, disparut avec un petit « pouf » chargé de fumée, laissant le chevalier et la princesse seuls au milieu de la grand-place.

Bondissant du toit d’une des rares maisons qui n’avaient pas brûlé, Suppa saisit ses trois kunaïs de lancer et les jeta prestement vers Zelda. Il savait que le chevalier s’interposerait pour sauver la princesse et les recevrait à sa place. Ainsi la fille du Grand Kohga serait vengée.

Quand Zelda vit arriver les couteaux de lancer, il était déjà trop tard. Elle recula d’un pas, mais le petit Gardien sauta devant elle, et se serait fait transpercer si le chevalier se s’était pas jeté pour le pousser. Le robot vola à bien deux mètres de là. Un kunaï se planta dans le bouclier du jeune homme, le deuxième se ficha dans le sol et le troisième fila sur quelques mètres et rebondit sur la tête du Gardien, qui laissa échapper une série de bips désapprobateurs.

Presque plié en deux, son uniforme taché de sang en plusieurs endroits, Suppa se mordit les lèvres. Il avait échoué. Il n’avait pas été à la hauteur.

— Ce sera plus difficile que je ne l’imaginais. Il suffit d’un rien pour que change l’avenir…

Le kunaï qui s’était planté dans le sol tomba avec un petit bruit désagréable.

— Yigas ! Replions-nous !

Sur ce, il disparut, comme tous les autres Yigas aux alentours.

Zelda s’approcha du chevalier.

— Link…

Le petit Gardien s’avança vers eux à toute vitesse, éjectant au passage le kunaï qui traînait par terre, et se mit à pointer Link de l’une de ses trois pattes robotiques, avant de se mettre à lui tourner autour. Le jeune homme sourit d’un air gêné. La princesse Zelda lui rendit son sourire, mais elle était profondément ébranlée.

Chaque corps de Yiga qu’elle enjambait lui donnait l’étrange impression d’un camarade, d’un membre de sa famille tombé au combat. Elle se demanda si c’était aussi ce que ressentait Link, mais à l’évidence, ce n’était pas le cas. Mais pourquoi ? Elle était Zelda Rhoam Lana Bosphoramus Hyrule, fille unique du roi d’Hyrule et héritière du trône, elle n’avait aucun lien de parenté, aucun point commun même, avec ces Yigas agressifs, cruels et assoiffés de sang. À moins que sa mère…

Zelda repoussa cette pensée. Non, ce n’était pas possible. Elle n’avait rien d’une Yiga.

"""Eh ben... La collaboration entre Kohga et Suppa ressemble à celle d'un chat obèse avec un doberman ! Curieusement, je les trouve bien assortis. Tiens d'ailleurs, quel est votre personnage préféré ? Donnez votre réponse en commentaire !"""

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