Chapitre 31 Manigances

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La poitrine d’Aya se souleva légèrement tandis qu’une sphère rouge scintillante apparaissait au-dessus d’elle et rejoignait celles qui flottaient déjà un peu partout dans le champ. Puis la jeune Yiga retomba mollement parmi tous les corps sans vie qui jonchaient le sol. Kohga et Suppa assistaient à ce massacre avec le plus grand effroi. Les âmes d’une trentaine de Yigas flottaient maintenant un peu partout autour d’eux. Enfin, Kohga n’y tint plus et se tourna vers cet imbécile d’Astor.

— Qu’est-ce que tu manigances ?!

Suppa resserra sa prise sur ses sabres tranche-vent quand il vit le sourire du prophète du Chaos.

— Tu ne comprends donc toujours pas ?

Oh que si, Suppa ne comprenait que trop bien. Son mauvais pressentiment vis-à-vis d’Astor était fondé. Cet infâme faux jeton les manipulait depuis le début. S’il les avait envoyés dans toutes ces missions-suicides, ce n’était pas pour vaincre qui que ce soit, mais pour s’approprier les âmes de tous les Yigas qui tomberaient au combat.

Avec un étrange murmure, toutes les sphères scintillantes filèrent dans la direction du prophète autoproclamé et s’accumulèrent dans la vieille pièce de Gardien qu’il tenait.

— Ils sont devenus très forts, bien plus forts que je ne l’aurais pensé…

Une immense coupole de rancœur aux motifs étoilés se déploya autour de lui.

— Ainsi, j’ai besoin de vous deux… Pour finir, vous allez œuvrer une dernière fois à l’accomplissement de notre grand dessein !

Quatre silhouettes apparurent dans un tourbillon de rancœur, et Kohga reconnut les légendaires Ombres de Ganon, incarnations élémentaires du Fléau. Il ne les avait jamais vus, mais, même s’il ne les imaginait pas du tout comme cela, il les identifia immédiatement.

Un terrible pressentiment s’empara de lui.

L’Ombre d’eau avait une taille resserrée et son visage, fait de la même matière que les Gardiens, était délicatement ouvragé, de sorte que la créature lui évoqua vaguement une Gerudo, comme sa mère.

L’Ombre de feu semblait robuste, et une certaine chaleur se dégageait d’elle. La manière dont elle maniait son lourd sabre lui rappela son père.

L’Ombre de foudre était petite, vive et agile, comme Kara.

Kohga se tourna vers l’Ombre de vent. Elle était large. Solide. Impassible.

Et soudain il comprit, mais il était trop tard. Une gerbe de rancœur jaillit de la vieille pièce de Gardien et prit une forme horriblement familière. Un Link fait de miasmes apparut sous le regard médusé de Kohga et se rua sur les deux amis. Suppa croisa ses tranche-vents. Quand la créature de rancœur lui fonça dessus, il la repoussa avec force et se jeta sur elle.

— Grand Kohga ! Fuyez, je vous en prie !

Kohga esquissa un mouvement de fuite, puis se ravisa. Il avait déjà suffisamment perdu sans perdre en plus son meilleur ami.

— Non, je peux pas faire ça !

Il se retourna et joignit les mains.

— Dans ce cas… je vous protégerai, même si je dois y laisser la vie !

Kohga commença une technique tirée de Maîtrise des arts ésotériques traditionnels Yiga et Suppa tira ses épées. Astor se contenta de sourire.

— Des sacrifices offerts au Fléau Ganon…

Il crispa le poing et ses yeux s’emplirent d’une lueur hystérique.

— C’est l’ultime rôle que vous allez remplir !

Il se couvrit le visage de sa main et partit d’un rire nerveux dont le son nasillard était insupportable à Kohga, puis les ombres de Ganon se jetèrent sur eux.

Comprenant que tout était fini, Suppa mit un genou à terre, joignit les mains et se lança dans une ultime technique avec une rage que Kohga ne lui connaissait pas.

— Grand Kohga… quoi qu’il arrive… vous devez vivre…

Kohga entendit Suppa gémir de douleur tandis que toute son énergie était aspirée en lumière rougeâtre dans la main qu’il tendait vers le ciel. Suppa plaqua sa main contre le sol. Un gigantesque cercle de lumière rouge et de symboles Yiga apparut autour de lui et scella les ombres de Ganon. Il gémit à nouveau, le visage tordu par la douleur derrière son masque.

— Fuyez… vite…

Kohga vit Suppa vider toute son énergie pour protéger son chef. Pour le protéger lui. Sans trop savoir pourquoi, il se mit à pleurer.

Avec difficulté, Suppa se releva et tira ses tranche-vents, mais s’écroula. Sans réfléchir, Kohga se jeta au sol. Les Ombres se tournèrent vers Astor, mais ce dernier ne réagit pas et s’éloigna, les quatre créatures sur les talons.

Quand elles furent suffisamment éloignées, Kohga se releva et aida Suppa à marcher. Son ami haletait et gémissait faiblement.

— Laissez-moi… derrière vous…

Cette fois-ci, ce ne fut pas la tristesse ou la culpabilité qui submergea Kohga, mais un mélange de colère et d’exaspération.

— Ne dis pas de bêtises, enfin !

C’est alors que Suppa eut comme une vision. Il se revoyait étant enfant, aux abords de ce camp Yiga, cherchant de quoi manger. Tous les Yigas s’étaient rués vers lui, leurs visages étaient masqués et fermés. Il se souvint de l’allure étrange du garçon qui lui avait offert une banane. C’était la première fois qu’il en mangeait, et cela lui avait semblé le meilleur repas de toute sa vie. Puis il s’était assis à côté de lui et avait regardé le ciel avec nonchalance.

Kohga se téléporta au repaire avec un petit « pouf » enfumé et traîna Suppa jusqu’à l’infirmerie. Maintenant, il n’y avait plus qu’à prier pour qu’il s’en remette.

"""Pauvre Suppa... J'en connais une qui sera inconsolable. Si jamais, le vote pour votre personnage préféré inclut aussi les persos de "Sous l'éclat sanglant de la lune" et "Le gardien et le balai"."""

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