Chapitre 44 Que puis-je te souhaiter ?
Contrairement à ses camarades nés pour la plupart au sein du Clan, Yüka avait été adoptée par les Yigas neuf ans plus tôt, alors qu’elle n’avait que huit ans. Après avoir vécu plus d’un an dans une forêt de Firone et lutté pour sa vie, le quotidien difficile des membres du Clan lui semblait un véritable luxe. La jeune fille avait très vite pris goût à l’ambiance conviviale du repaire, aux festivals et aux célébrations des Yigas. C’était un peuple courageux, fraternel et bon vivant, à l’opposé des récits sur des Yigas froids et sanguinaires qu’elle avait entendus du temps où elle vivait au village avec les autres Sheikahs.
Le chef du Clan, que les légendes dépeignaient comme digne et redoutable, était en réalité un petit homme rondouillard au tempérament chaleureux et désinvolte, avec une obsession pour les bananes. Quant au fait que les Yigas faisaient la fête à chaque événement, y compris le plus insignifiant, Yüka trouvait cela merveilleux. De toutes ces célébrations, sa préférée était de loin le Nouvel An Yiga.
Pour la cinquième fois en deux minutes, Liouda soupira. Elle, Liouda Aako, officière de talent, meilleure guerrière de sa génération, vétérane du Clan, reléguée au balayage de la grande salle comme une vulgaire sous-fifre ! Elle ruminait contre le Clan entier et pestait si véhémentement qu’elle semblait à deux doigts d’exploser. Voyant les visages amusés de ses compagnons d’infortune, condamnés eux aussi au nettoyage, la vieille femme prit de l’humeur et s’efforça de balayer silencieusement.
Le calvaire de Liouda dura une bonne demi-heure, après quoi l’équipe de cuisine apporta les plats et chacun se mit à table. Comme à son habitude, le Grand Kohga s’assit à la table du fond de la pièce, face au Clan, encadré de part et d’autre par le conseil. À sa droite, assise sur un fauteuil de velours rouge raccommodé de partout, se tenait Aimy. Chacun mangea, plaisanta, et nombreux furent ceux qui burent bien plus que de raison. Enfin vint le moment que chacun attendait, à commencer par les plus petits : l’échange des cadeaux. Même si les temps se faisaient de plus en plus durs, chacun avait veillé à offrir un cadeau à chacun de ses proches.
Toute souriante, Aimy tendit au chef du Clan un paquet de taille moyenne, plat et mou, emballé d’un carré de tissu troué comme une écumoire qui semblait avoir été découpé dans une vieille robe de cérémonie.
— Alors ? Que puis-je te souhaiter pour l’année à venir ?
Le Grand Kohga la dévisagea comme une poule devant un tranche-vent d’officier.
— Ce que l’on peut me souhaiter ? De mettre la main sur ce déchet de Link, et alors là…
Le Grand Kohga frappa violemment son poing contre la table, ce qui eut pour effet d’attirer l’attention de tous les occupants de la grande salle. Comme si de rien n’était, il retourna à la conversation.
— Et toi, que puis-je te souhaiter ?
"""Liouda et sa fierté mal placée... J'avais vraiment envie de faire cette scène du balai, elle n'apporte rien, mais je l'aime bien."""
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