Chapitre 57 Brunhilde et Xhinta

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Kohga errait dans les profondeurs. Tout était sombre. Les miasmes couraient sur les murs. Une lumière se dessinait au loin. Sans réfléchir, l’ancien Chef des Yigas la suivit.

Après avoir marché durant de longues minutes, Kohga trouva un temple, semblable en tout point aux temples Soneaux des profondeurs, à l’exception de la pierre couleur sable qui le composait. À l’intérieur, dans un large amphithéâtre, se tenaient plus d’une centaine de personnes. Kohga reconnut la figure lupine de Mineru, le visage fier de son père, les yeux vert bouteille de sa mère. Mais il y avait aussi Suppa, Kara, et plusieurs autres Yigas qui lui semblèrent familiers sans qu’il ne les ait jamais croisés.

— Eh bien, assieds-toi !

Celle qui avait parlé était une femme large d’épaules au teint sombre et aux longs cheveux noirs. Kohga remarqua immédiatement ses yeux d’un rouge saisissant et le lourd tranche-vent qui pendait à sa ceinture. Il devina sans peine que cette femme n’était pas n’importe qui et que, s’il osait lui faire un affront, il le payerait de sa vie. Après avoir salué à la hâte, Kohga s’assit sur une chaise au centre de l’amphithéâtre et déposa ses pieds sur le bureau de pierre qui faisait face à l’assemblée.

— Alors, que se passe-t-il ici ?

La femme aux larges épaules eut une moue agacée et méprisante, tandis que Marika et Kara pouffèrent de concert.

— Bon, lança une voix au fond de la salle. Nous pouvons commencer.

C’était un jeune homme aux traits fins et à la peau mate. Mis à part ses yeux rouges, il ressemblait à une version plus mince et plus jeune de Kohga.

— Très bien, répondit une jeune fille aux yeux rose vif.

Ce n’est qu’alors que Kohga réussit à remettre les pièces dans l’ordre.

La jeune fille n’était autre que Sakura Kohga, dite Sakura la Capricieuse ou Sakura la Lumineuse, fille du premier Kohga. Le Kohga en question n’était autre que le jeune homme, assis au bout d’une allée qui montait sur les hauteurs de l’amphithéâtre. Il reconnut également le visage pâle et ridé de Brunhilde Kohga, éclairé par de petits yeux azur. Quant à la femme qui l’avait accueilli, son aura de puissance ne laissait aucun doute sur son identité.

C’était Xhinta.

Xhinta Kohga, dite Xhinta la Conquérante, dite Xhinta la Sanguinaire, dite Xhinta Kohga troisième du nom.

Sa grand-mère.

— Alors, dame Mineru ? Il me semblait que vous aviez des choses à nous raconter ?

— Oui.

Mineru posa ses yeux de turquoise sur Kohga, qui frissonna.

— J’exige la restitution de ma pierre occulte. Ne vous déplaise, ce malhonnête ne peut pas être Sage. Il n’a pas prêté serment. Il n’a pas prêté allégeance au héros Link.

Kohga vit la petite main de Kara se refermer sur sa serpe. Une fraction de seconde plus tard, elle avait bondi sur Mineru. Par réflexe, Kohga fourra la main dans sa poche, mais Brunhilde fut plus rapide.

La vieille Yiga n’eut même pas besoin de bouger les mains ou de réciter une incantation. Quelques parchemins se consumèrent, et Kara se retrouva figée dans les airs à un bon mètre du sol. Kohga était soufflé. Il se pensait doué pour les arts ésotériques, mais il n’arrivait pas à la cheville de Brunhilde Kohga deuxième du nom.

— Je ne voudrais pas d’effusions de sang. Pas aujourd’hui.

La Sage de l’Esprit cracha comme un chat.

— Compris ?

Xhinta haussa les épaules et roula des yeux avec un mépris non dissimulé, mais le regard de glace de sa mère suffit à la remettre à sa place.

— Compris ?

Un « Oui » général fade et sans enthousiasme parcourut l’assemblée. Kohga ne cacha pas à quel point il était impressionné. De taille moyenne, âgée d’au moins deux siècles, plus frêle qu’un pin de Tabanta, elle avait réussi à réduire au silence une foule de Yigas.

— Vous savez aussi bien que moi que, si son destin avait été autre, alors Kohga n’aurait pas hérité de la pierre occulte.

Kara émit quelques paroles indiscernables.

— Oh, oui, bien sûr ! Excusez-moi !

Un claquement de doigts plus tard, Kara tomba au sol en soulevant un épais nuage de poussière.

— Je ne comprends pas, dit Kohga.

Toute l’assemblée se tourna vers Kohga.

— Pourquoi suis-je ici ?

— Oh ? s’étonna Brunhilde, qui s’était improvisée maîtresse de cérémonie. Tu ne sais pas ?

Kohga fit non de la tête.

— Le destin.

— Pardon ?

— Un destin exceptionnel, poursuivit Brunhilde. La face d’Hyrule s’en verra à jamais changée.

Sakura leva les yeux au ciel.

— Ben voyons ! Et concrètement, qu’est-ce que ça veut dire ?

— Je n’en sais rien, avoua Brunhilde.

Xhinta ricana, mais personne ne releva.

— Un destin exceptionnel ?! lança la guerrière. Pour un empoté de ce genre ?! Il ne sait même pas utiliser un tranche-vent sans se blesser ! Il n’est pas fichu de cuisiner sans mettre le feu à la moitié du repaire ! Vous appelez ça un élu ?! Un héros ? Qui a choisi ?

Kohga discernait la colère de Xhinta, qui lui évoquait une énorme boule de feu. Mais au travers de cette vague brûlante, il sentit aussi un blizzard terrible dont il ne pouvait trouver l’origine.

— Ah bah oui, forcément ! hurla Sakura avec mépris. Xhinta la Guerrière Suprême aurait voulu être choisie ! Mais quand on a envoyé au massacre les trois quarts du Clan, eh bien on se tait ! Non mais !

— Moi au moins, je l’ai dirigé, le Clan ! Et contrairement à certaines, je ne me suis pas fait refuser le poste par mon papounet !

— Moi au moins, je ne me suis pas fait exécuter par mon fils, contrairement à certaines !

— Mon fils ne m’a pas tué ! vociféra Xhinta, qui avait porté la main à sa ceinture.

Kohga frissonna soudain. La température de la pièce venait de chuter de plusieurs degrés.

— Nous ne sommes pas ici pour échanger des coups ! lança Brunhilde d’une voix où perçait son agacement. Nous n’avons pas le temps pour ces gamineries !

Comme les deux femmes semblaient décidées à se battre, elle se pencha vers Kohga, qui eut soudain l’impression d’être pris dans une congère.

— S’ils décident de se mettre sur la figure, alors nous ne pourrons pas te parler encore longtemps. Bats-toi pour le Clan. Les profondeurs cachent encore des secrets qui, si vous mettez la main dessus, révolutionneront Hyrule comme jamais ce n’est arrivé.

— Et il fallait que ça tombe sur cet incapable ! lança Xhinta depuis le fond de la pièce. Eh bien, elle va être belle, la révolution d’Hyrule !

— Je ne vous permets pas d’insulter mon fils ! riposta Marika, dont les yeux verts s’étaient allumés d’un feu glacial.

— Ferme-la, Gerudo ! Va te chercher un voï et fous-nous la paix !

Ses deux serpes d’argent en main, la mère de Kohga se jeta sur celui qui avait dit cela, un jeune Yiga petit et athlétique, qui gémit quand il esquiva de peu la guerrière tourbillonnante.

— Bonne chance ! cria Kara, qui bondissait comme une puce en donnant des coups de serpe au hasard. Bonne chance !

La vision de Kohga se troubla, puis s’obscurcit. Quand il se réveilla, il était assis au cœur de l’amphithéâtre.

— Quel drôle de rêve !

Ce n’est qu’alors qu’il remarqua le sol taché de sang, et quelques mèches de la chevelure noire de Xhinta.

Kohga jura. Il ne comprenait plus rien.

"""C'est à partir de ce moment que mon écriture est devenue chaotique. Pour l'histoire de Xhinta, elle a son propre texte, Sous l'éclat sanglant de la lune. Quatre chapitres."""

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