Chapitre 60 Sept

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Pour la première fois depuis sept ans, Kohga se couchait dans son lit. Il avait pris un bain chaud, enfilé un pyjama propre et avalé un copieux repas. Le futur lui souriait alors que le soleil se couchait sur la vallée de Caltice.

Kohga s’éveilla dans le repaire. Il s’habilla à la hâte, prit une poignée de parchemins et marcha vers la grande salle.

Quand il entra dans la grande salle, il fut surpris de n’y trouver personne. La pièce, presque silencieuse, n’était occupée que par une table de pierre ronde entourée de neuf sièges. Huit étaient occupés.

Le premier siège, un pouf de velours vert, était occupé par une fillette d’une dizaine d’années, aux cheveux et vêtements verts. Une Zora à la peau bleutée s’était assise dans le second, une chaise de cristal bleu ouvragée. Un Goron large d’épaules siégeait dans un gros fauteuil rouge et trapu. Un Hylien âgé occupait le quatrième siège, et une jolie Hylienne blonde aux yeux très bleus était assise sur le cinquième. Les deux personnes à sa gauche étaient des femmes. Teint clair, cheveux blancs courts et yeux très rouges, la première semblait être une Sheikah. La seconde avait le teint sombre, des cheveux rouges, un long nez pointu et d’étranges oreilles courtes et rondes. Kohga frémit lorsqu’il croisa son regard ambré et pénétrant. Il avait l’étrange pressentiment qu’il la connaissait.

La huitième personne n’était autre que Mineru. D’un geste de la main, la Soneau lui fit signe de s’asseoir. Kohga obtempéra de bonne grâce.

— Vous faites quoi ? demanda-t-il à l’assemblée. Un pique-nique ?

— Un pique-nique, ben voyons ! lança la Zora, méprisante. Et pis quoi encore ? Qui nous a fichu un abruti pareil ?!

La Gerudo soupira.

— Du calme, Ruto… du calme !

Puis, se tournant vers Kohga, elle ajouta dans un sourire :

— Faut pas écouter Ruto, elle sait pas ce qu’elle dit… C’est un Lu’Furusekh de la pire espèce, mais elle n’a pas un mauvais fond.

Kohga eut un rire un peu forcé. Cela faisait des années qu’il n’avait entendu personne parler Gerudo.

— Qu’est-ce qu’elle a dit ? s’excita la Zora. Je ne veux pas de vos petites magouilles ! Je sais pas ce que ça veut dire, mais si c’était sympa, alors Nabooru l’aurait dit en Hyrulien !

Kohga sursauta. Nabooru ? Ruto ? Mais alors…

— Les sept Sages ! Vous êtes les sept Sages ! Ruto, Impa, Nabooru, Darunia, Saria, Rauru et…

Son regard se porta sur la jolie Hylienne. Le visage de la jeune femme ne mentait pas.

— Vous êtes…

— Je l’étais. Il y a si longtemps…

— Bon, ne divaguons pas, dans ce cas, ordonna la fillette en vert, celle que les légendes nommaient Saria. Attaquons immédiatement.

Rauru, Darunia, Impa et Mineru acquiescèrent.

— Mais… hasarda Kohga, qui ne comprenait plus rien. Pourquoi venir me parler à moi ?

— Parce que tu es le fils de Marika, répondit Nabooru.

— Parce que le destin d’Hyrule en dépend, ajouta Zelda.

Ruto, Darunia et Saria acquiescèrent.

— Parce qu’on m’a traîné ici de gré comme de force, renchérit Rauru en caressant sa moustache hérissée.

— Parce que nous avons le même sang, acheva Impa.

— Hein ?! Que ?! Quoi ?! Non ! bafouilla Kohga. Y’a pas de Sheikah dans ma famille, je suis cent pour cent Yiga sur vingt-cinq générations !

Impa sourit, puis rit de bon cœur.

— Tu es bien le digne descendant de mon frère, haha ! Ce cher Kohga…

Le chef des Yigas sursauta à nouveau.

— Kohga ? Kohga le Grand ? Votre frère ?

Impa acquiesça, arrachant un soupir à Mineru. La Soneau tira de son sac une branche de réglisse, qu’elle commença à mâchonner.

— Bon… grommela-t-elle sans l’ôter de sa gueule. On vient au but, oui ou non ?

— Mineru a raison. Kohga, veux-tu vraiment être le Sage de l’Esprit ?

Kohga regarda sa pierre occulte. Il pensa à Nabooru, à sa mère, à Mineru, à Kara, puis à Link.

— Oui.

— Dans ce cas, il faut prêter serment et offrir assistance au héros Link.

— Quoi ? Link?! Ah ça non ! Ce type a commis des trucs dont vous n’avez même pas idée !

— Quoi ? Il t’a volé une banane ? demanda Ruto, acerbe.

Kohga ne releva même pas.

— Il a tué ma fille !

Nabooru recula, comme frappée par la foudre.

— Quoi ? Lui ? Il a ? Mais ?!

Kohga acquiesça.

— Il a tué une fille qui était probablement sa… sa…

— Ouais, sa cousine de la fesse gauche, plaisanta Ruto.

— Ruto ! gronda Saria, au bord du fou rire.

Cette ambiance rappela à Kohga le Conseil des Yigas, et il rit en voyant la princesse Zora grondée par une gamine de dix ans. Puis il réalisa ce qui venait d’être dit.

— Quoi ? Cousine ? Non mais… attendez… En dix minutes, j’ai appris que j’avais du sang de Sheikah, que la fesse gauche de Kara était la cousine de Link et que je descends en ligne droite de deux des sept Sages, c’est ça ?!

— Ouais, c’est ça ! sourit Darunia.

Les puissantes mâchoires de Mineru se refermèrent sur sa branche de réglisse. Kohga tressaillit en voyant les petites dents pointues de la Soneau sectionner la moitié de la branche, qui tomba sur la table avec un petit bruit mat. Mineru semblait agacée.

— Eh bah ! C’est pas rien, quand même ! Vous en avez d’autres, des trucs comme ça, à m’avouer ?

Il n’avait pas fini sa phrase que Nabooru s’écroula au sol, les yeux révulsés et le corps baigné de lumière.

— Ah ben v’là autre chose ! lança soudain la Zora, une pointe de mépris dans la voix.

Kohga se tourna vers Ruto.

— Nan mais sans rire ! Les soi-disant pouvoirs des déesses, tu parles d’une arnaque ! Télékinésie, télépathie, pouvoirs de feu, contrôle des plantes, et moi j’ai quoi ? Des bulles d’eau !? Des foutues bulles d’eau !

En un éclair, la Zora était passée du bleu au rouge vif.

— Nan mais quelle guigne ! D’abord mon chevalier qui se fait la malle avec une souillon du ranch machin, et maintenant ça ! Et tout ça…

— Rhô, la barbe ! pesta Darunia.

Comme pour appuyer ces paroles, un gémissement sortit de la bouche de Nabooru, puis elle se mit à parler d’une voix qui n’était pas la sienne.

— Je le vois, le jeune homme vêtu de vert. Il tombe sans fin vers des terres inconnues… Et… oh… Il n’est pas plus grand qu’une pomme de pin, mais je le vois se battre comme un lion…

Un nouveau gémissement déchira le silence.

— Il semble avoir rajeuni. Je le vois, au cœur de la forêt. Il ne se doute pas qu’il sauvera Hyrule. Oui, mais à quel prix ?

Saria regardait dans le vague, un sourire triste sur son visage sans âge.

— Le héros écume les mers. La princesse est à ses côtés, mais elle ne le sait pas. Puis l’eau se retire. Je vois le peuple d’Hyrule déterrer les vestiges de l’ancien temps, et les créatures divines.

Nabooru gémit. Un filet de sang coulait du coin de sa bouche rose pâle.

— L’élu est de retour. Je vois ses mains, son épée, tachées du sang d’une jeune fille. Puis la guerre, et cent années oubliées. Je vois le feu, le sang, les monstres ravagent le royaume. Le héros est éveillé. Il parcourt Hyrule. Le Fléau est vaincu, mais une menace bien plus terrible jaillit du fond des âges.

De la lumière liquide dégoulinait sur le visage de Nabooru. Kohga ne pouvait pas s’arracher à cet étrange spectacle.

— Je le vois, marchant au milieu des miasmes. Je vois le héros cheminant dans les profondeurs. Un masque couvre son visage. Je vois une explosion, des îles perdues, et un dragon rouge comme le sang. Le bien et le mal, le corps et l’esprit n’existent plus. Le futur est sombre.

Nabooru sembla reprendre ses esprits. Elle se releva, essuya de ses gants la lumière mêlée de sang qui coulait du coin de sa bouche et se tourna vers l’assemblée.

— Il mérite sa pierre. Il mérite d’être Sage. Suivons la volonté des déesses. Si Din le veut, la face d’Hyrule s’en verra changée.

Puis elle se tourna vers Kohga.

— Va, fils de Marika. La vérité que tu portes en toi triomphera. Si Din le veut, tu feras de grandes choses.

Sur ce, Kohga s’éveilla, en nage. Son front le brûlait à l’endroit où Mineru l’avait autrefois griffé. Dans la pénombre, il lui sembla discerner les yeux verts rieurs de Marika.

"""Oui, j'ai mélangé OoT et TotK. Pourquoi ? Je ne sais pas. À ce moment, j'écrivais plus de manière thérapeutique que pour pondre un vrai roman. Facilité scénaristique."""

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