Chapitre 2 : Premier contact

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  Blanc. Dans ce monde, dépourvu d’aspérité, d’horizon, tout était teinté de cette même couleur. C’était un songe d’une pureté remarquable, un moment de paix bienvenue pour quiconque était dépositaire d’un lourd fardeau. Ici, il n’y avait rien d’autre que lui-même, ainsi que d’intangibles silhouettes, dont l’identité demeurait mystérieuse. Pareil à des spectres, une myriade d’anonymes déambulaient dans cet espace infini, sans but précis. Pourtant, il ne trouvait rien à redire. Après tout, ce n’était pas la première fois qu’il arpentait ces terres oniriques. Même s’il était incapable de déterminer quand avait eu lieu le premier voyage, car chaque réveil le privait de tout souvenir. Tout juste, en ouvrant les yeux, ressentait-il encore l’ardent feu brûlant dans son essence…

Émergeant du royaume de Morphée, Marcus cligna lentement des paupières. Progressivement, les images floues de son environnement se précisèrent à son regard embué, et la réalité le rattrapa.

— Quel ennui… bâilla-t-il.

Il s’étira, tout en s’interrogeant sur le temps qui s’était écoulé depuis son somme. Les maigres rayons du soleil, éclairant timidement l’intérieur opaque du carrosse le transportant, apportaient une vague réponse. Quand il s’était engouffré au sein de la bête, délaissant la charmante bourgade tenant lieu de point de départ à son périple, l’aube n’en était qu’à ses prémices.

Toujours pas arrivé, pesta-t-il.

Les éternités en espace clos, qui plus est en compagnie de parfaits inconnus, lui étaient tout à fait insupportables. Le silence, prédominant depuis le début de leurs péripéties, continuait de régner en maître, malgré les vaines tentatives de discussions initiées aux premiers instants du voyage. Las, Marcus passa à nouveau en revue la joyeuse troupe occupant le reste des places.

Assis à côté de lui, un jeune homme, dont le raffinement des atours trahissait une ascendance privilégiée, semblait partager son ennui. Leur style vestimentaire similaire, propre à l’élite bourgeoise de leur temps, mettait en réalité d’autant plus en évidence les différences entre eux — Marcus n’ayant que des frusques de qualité douteuse. L’opposition ne s’arrêtait en effet pas à des bouts de tissus : élancé, avec un profil élégant, des pommettes hautes, un nez fin et droit, et un regard bleu profond, celui qui s’était présenté sous le nom d’Elias était un paragon de beauté. Son charisme naturel s’en trouvait rehaussé par l’apparence passable de Marcus, petit, fatigué, aux yeux renfoncés, et avec pour caractéristique notable une grossière moustache mal entretenue. Assurément, les deux hommes étaient aussi différents que l’étaient le jour et la nuit. Mais ils restaient des individus ancrés dans leur siècle, contrairement au troisième passager.

Un géant filiforme contemplait, à l’instar de Marcus, le paysage défilant. Néanmoins, il était difficile de deviner ce qui se cachait véritablement derrière le long manteau noir, ainsi que le large chapeau à bord plat et les petites lunettes rondes opaques. Le peu de peau visible provenait de la partie inférieure de son visage, figé dans une expression de neutralité dont il ne s’était pas départi depuis leur départ. Si Elias avait amicalement échangé quelques mots avec un enthousiasme certain, cette grande silhouette voûtée s’était contentée d’une présentation tout à fait sommaire : Goran Atski. Ce patronyme, typique de régions périphériques de l’Europe, n’avait pas manqué de faire réagir le sympathique jeune homme, qui l’avait accueilli avec un sifflement, suivi d’un surnom ; To Treker. Insensible à sa célébrité, le fameux Traqueur l’avait promptement ignoré, s’immergeant dans un profond silence.

Mais cet étrange énergumène n’était clairement pas le plus mystérieux aux yeux de Marcus. Une quatrième et dernière personne s’était glissée à l’intérieur de la calèche, juste avant leur départ. Celle-ci n’avait pas prononcé la moindre syllabe, et ce, malgré l’insistance de Elias pour discuter. Cette posture solitaire, résultante de son mutisme, était accentuée par la longue tunique à capuche qui soustrayait son corps à la vue des autres. Spontanément, Marcus s’en était agacé. Ce comportement individualiste était indirectement responsable du silence pesant qui régnait dans l’habitacle. Une telle attitude provoquait une défiance commune qui neutralisait toute tentative de conversation au bout de quelques phrases. Aussi, malgré la réelle sympathie d’Elias, qui avait vainement lutté pour entretenir les braises d’une discussion, le moustachu avait cessé de communiquer, s’abandonnant à des réflexions personnelles.

Dehors, les branches nues des arbres s’agitaient sous l’effet d’un vent glacial. C’était le début d’une nouvelle année froide, austère, comme toutes les précédentes. Néanmoins, dans le cœur fatigué de Marcus, des cendres brûlaient encore. Pour conserver un peu de chaleur, il croisa les bras et glissa ses mains dans la doublure de son manteau, effleurant du bout des doigts la lettre qu’il y avait cachée. Avec délicatesse, il caressa la surface de l’enveloppe, remontant le papier jusqu’à sentir le relief d’un sceau en cire séché. Les yeux clos, il déglutit. Marcus n’était pas un homme sujet à l’anxiété. Qu’importe la tâche qu’on lui confiait, il s’en acquittait avant de passer à la suivante. Mais cette fois, la missive portait la marque des Immortels. Malgré le contenu sommaire, exempt d’instruction précise sur la nature de la mission à venir, personne ne pouvait décemment ignorer une convocation des dirigeants de la toute puissante Association des Mages.

S’il y a bien des personnes sur cette terre capable d’exaucer n’importe quel souhait, c’est bien eux, songea-t-il.

Alors que grandissait en lui l’espoir porté par cette conviction, le paysage à l’extérieur se transformait. L’urbain prit le pas sur le rural, la boue devint pavée, et le vert se changea en gris.

Paris, ville lumière, capitale chargée d’histoire, les engloutissait.

Un frisson parcourut l’échine du moustachu. Huit années d’obscurité, huit années de souffrance. Son interminable calvaire allait bientôt prendre fin. Le véhicule ralenti en s’approchant des remparts, ajustant sa vitesse à cet environnement nouveau. À la vue de ces rues pleines d’activités, une inexplicable nostalgie remonta des tréfonds de son être. Les étals des nombreux petits marchés urbains, les ateliers ouverts où s’alignaient les travailleurs, l’odeur du charbon et des égouts, autant de sensation inconnue et pourtant familière. Néanmoins, le soleil de dix heures ne révélait pas qu’un simple aperçu du quotidien des Parisiens. Cette relative quiétude était troublée par des événements qui ne pouvait que sauter au regard, même pour celui qui n’avait jamais foulé les pavés de la glorieuse capitale française. Partout, à l’ombre des plus imposantes rues, des rixes éclataient, entre partisan de l’ordre et défenseur des libertés. Des heurts entre une population en colère, et une police au service d’un pouvoir à bout de souffle. À un croisement, les restes d’une barricade, encore fumante, témoignaient du conflit qui avait eu lieu, et que les soldats royaux tentaient vainement de dissimuler. Mais leurs tentatives demeuraient vaines, car nul ne pouvait faire disparaître les sentiments des regards des plus démunis. Une rage silencieuse s’y terrait, alimentée par le désespoir d’avoir été spoilé, à juste titre, d’un régime plus libre.

Les traces de ces tumultes s’estompaient à mesure de leur progression. Plus le carrosse s’enfonçait au cœur de la ville, plus la population s’embourgeoisait, avec, en point d’orgue, les quartiers les plus intérieurs. Les façades délavée et fissurée des périphéries disparaissaient progressivement au profit de larges et imposants immeubles haussmanniens, porte-étendard d’un urbanisme encore nouveau, et qui serait à terme une norme. Pareil anachronisme pourrait surprendre, mais il n’en était rien. En faite, à mesure qu’ils s’approchaient du centre de Paris, les passants adoptaient eux-mêmes des comportements anormaux. Tel un banc de poissons repoussé par un courant trop intense, la foule faisait brusquement demi-tour en plein milieu de la rue, et seuls quelques rares individus continuaient leur route tranquillement, sans provoquer le moindre trouble. La raison n’était connue que des initiés.

Nous y voilà, soupira Marcus.

En plein cœur de Paris se trouvait un lieu réservé aux mages, coupé du monde. Le 3e arrondissement était celui de la magie, un secret minutieusement préservé depuis des millénaires. En franchissant la frontière les séparant du reste de l’humanité, Marcus ressentit l’espace d’un instant l’invisible barrière qui chassait les étrangers à cet univers. Outre cette troublante sensation, d’intrigants phénomènes s’offrirent à son regard : ici, un oiseau en papier allait se poser sur l’épaule de la jeune fille ; là, une affiche intangible flottante dans les airs vantait les mérites d’une nouvelle boisson. Dans cet arrondissement, l’impossible devenait réel, la magie compensant les lacunes d’une science, certes galopante, mais encore sommaire. L’architecture globale était bien différente du reste de la ville. Les rues étaient plus spacieuses et bien ordonnées, le pavé plus propre. C’était un aperçu de la cité idéale, où les dimensions de chaque pierre avaient été calculées avec le plus grand des soins. Mais tout cela avait un prix. Dans ce jardin d’Éden, pas de prolétaires, seulement une élite fortunée qui habitait de resplendissants appartements, dont les façades chargées d’histoire témoignaient d’une opulence presque sans limites. D’apparence, ce bout de Paris était absolument magnifique. Mais un tel faste n’était qu’un symptôme supplémentaire d’une société malade, et dont les fondations fragiles finiraient un jour par s’effondrer sous le poids de ses propres contradictions.

— Voilà pourquoi je ne supporte pas les nobliaux, grinça Marcus. Dans leur toute-puissance, ils pensent pouvoir tout contrôler. Mais même les plus belles illusions ne peuvent supplanter la réalité.

Seul Elias lui adressa un énigmatique sourire. Quelques instants plus tard, le véhicule s’immobilisa. Dans l’embrasure, le visage du conducteur apparut, et annonça sans préambule :

— Nous y sommes. Vous pouvez descendre.

Refoulant le florilège d’émotions contradictoires qui s’éveillait en lui — nostalgie, nervosité, colère — Marcus emboîta le pas à ses compagnons d’infortune, qui ne l’avait pas attendu pour entrer dans un grand bâtiment à la suite d’un domestique. Le bruit des talons sur les dalles en marbre du sol résonna d’autant plus dans le vaste vestibule où régnait un silence de cathédrale. Sur les murs richement décorés de moulures en fil d’or trônaient des toiles de maître. La prestance de la pièce était sublimée par un mobilier fait de canapé, table et tapis, tous plus coûteux les uns que les autres. Tout ici respirait le luxe, mais dans un style étrangement modéré. Pendant que Marcus songeait à nouveau qu’il ne s’habituerait jamais à autant d’apparat, le bruit d’une démarche assuré le tira de ses observations. Un homme d’âge mûr, aux cheveux grisonnants et soigneusement coiffés, s’est approché du groupe de mercenaires avec un visage sérieux.

— Vous voilà enfin, j’ai bien cru ne jamais vous voir arriver. Ne perdons pas plus de temps, suivez-moi. Ne vous occupez pas de vos effets personnels, ils seront directement amenés dans vos chambres.

Bien qu’il se soit exprimé dans un excellent français, il subsistait chez lui un accent britannique qui trahissait ses véritables origines.

Un Anglais…

Le moustachu ne put approfondir ses réflexions plus longuement que l’élégant cinquantenaire tournait déjà les talons. Malgré ses manières, ce n’était visiblement pas la politesse qui l’étouffait. Empruntant un escalier, il guida ses invités dans une nouvelle pièce, un salon plus intimiste. Sans hésiter, il prit place dans un fauteuil de cuir dont la valeur était probablement inestimable, et désigna d’un simple geste de la main un canapé vert où s’asseoir.

— Nous voilà enfin au calme, soupira-t-il. Je suppose que vous avez une multitude de questions, mais avant d’y venir, je voudrais confirmer vos identités.

Tout en prononçant ses mots, il sortit de son veston chic une paire de lunettes ainsi qu’un document qu’il déplia soigneusement.

— Messieurs Goran Atski, Elias Antroplov, Marcus Géricault, et madame Varis Nailo ?

Tout le monde acquiesça, même la fameuse Varis qui n’avait pas daigné se présenter jusqu’à présent. Celle-ci repoussa d’ailleurs sa capuche, révélant finalement son visage. En le découvrant, Marcus manqua de recracher la gorgée de thé qui venait de lui être servie.

Ce n’était pas ce profil dur, éloigné des stéréotypes féminins, qui l’avait choqué : c’était les oreilles pointues, symbole d’une ascendance mythique. Les elfes étaient une race qui ne foulait plus la terre des hommes depuis leur départ pour l’Autre Côté à la fin de l’âge des Dieux. Il existait bien d’extravagantes rumeurs d’une île perdue qui hébergeraient une dernière colonie de ce peuple, mais jamais n’avait-il prêté attention à de tels quolibets. Tout du moins, jusqu’à cet instant précis. Mais ni lui ni un Elias tout autant interloqué n’eurent le temps de commenter, puisque leur hôte reprit la parole.

— Excellent, se réjouit-il en rangeant à nouveau son document dans une poche intérieure. Entrons sans attendre dans le vif du sujet. Tout d’abord, concernant votre client. Pour des raisons évidentes de confidentialité, lié à la nature particulière de votre mission, il ne peut assurer sa présence. Aussi, c’est à travers moi que s’exprimeront ses consignes.

— Pourquoi ne se présente-t-il pas au moins une fois devant nous ? Vu le flou dans lequel vous nous avez laissés pendants si longtemps, cela aurait été la moindre des choses.

L’intervention cinglante de l’elfe, pleine de mépris, n’atténua pas le sentiment antipathique qu’elle inspirait chez Marcus. Pourtant, il partageait la même opinion : après tant de secrets, leur employeur aurait pu avoir la décence de les saluer.

— Monsieur est une personne très occupée, mais je ne m’attends pas à ce que des chiens de votre espèce puissent comprendre ça, répliqua sèchement son serviteur.

Cette soudaine violence verbale tranchait avec le ton ennuyé précédemment employé. La pique avait fait perdre toute contenance à l’élégant Britannique, dont les traits du visage s’étaient tendus. Pour autant, Marcus n’était pas réellement surpris. Les aristocrates de l’Horloge — siège de l’Association — dont leur hôte semblait être un parfait représentant, étaient réputés leurs mépris à l’égard des gens n’appartenant pas à leur caste. Le moustachu réprima un soupir de dédain. L’idée de collaborer avec l’un d’eux le refroidissait grandement.

Dans ce cas, autant entrer directement dans le vif du sujet.

Abandonnant sa posture droite, Marcus se relâcha dans le canapé, et posa ses pieds sur la table basse en prenant soin de ne pas renverser la théière.

— D’accord, d’accord, je connais le refrain. Inutile de faire cette tête My Looord. Vous et moi ne sommes effectivement pas du même monde. Donc, abrégeons cet ennuyeux entretien. Qui donc est ce fameux patron ?

Il accueillit avec plaisir le regard luisant de mépris qui le foudroya, et n’hésita pas à le soutenir en signe de défi.

— J’allais y venir, siffla l’anglais. Je me prénomme James Dowle, exécutant personnel de votre employeur, qui n’est autre que Lord Thomas Godwinson, vingt-troisième du nom, Lord du département d’Archéologie et membre du conseil des Immortels. Si monsieur Godwinson ne peut être présent, c’est à cause des impératifs dû à ses différentes fonctions, poursuivit-il. Mais c’est également dû à la mission qu’il souhaite vous confier. Vous allez devoir enquêter pour trouver des preuves concrètes qu’un rituel du Séraphin est bien préparation ici, à Paris.

— Pardon ?! s’exclama Varis.

Elle s’était redressée, les yeux écarquillés pendant qu’Elias s’étouffait avec le contenu de sa tasse. Partageant la même surprise que ses collègues, Marcus avait finalement retiré ses pieds de la table sous le regard satisfait de Dowle. Même parmi tous les scénarios possibles et imaginables, aucun des quatre invités n’aurait pu anticiper celui-ci.

— Excusez mon intervention, mais on parle bien DU Rituel du Séraphin là ? s’emporta Elias. Celle interdite par l’Association ?

— Exact.

— Mais alors, pourquoi engager des mercenaires ? L’Association dispose pourtant des Justes !

Chacun approuva silencieusement la remarque pertinente d’Elias. La garde des Justes représentait le bras de l’Association. Ce corps d’élite, composé d’un petit millier de mages, spécialisé dans les affrontements, était respecté et admiré pour ses nombreux exploits. Aussi, Dowle s’était naturellement préparé à une telle question. Il retira ses lunettes et commença à les nettoyer avec un bout de tissus, tout en s’expliquant.

— Il y a, disons, un léger souci qui nous empêche de faire appel à eux.

— Qui est ? intervint Varis.

— Une expédition de leur part a déjà eu lieu, sans les résultats escomptés.

Marcus plissa les yeux devant cette réponse, cherchant à comprendre ce que l’exécutant suggérait.

— Mais dans ce cas là, quel est l’intérêt de relancer une enquête, si la meilleure unité d’élite au monde n’a rien trouvé ? demanda-t-il.

Dowle ne s’exprima pas immédiatement : il prit le temps de savourer une lampée de son thé, les paupières mi-closes, avant de reposer sa tasse.

— Laissez-moi vous résumer toute cette affaire. Vous comprendrez mieux la raison de votre présence et la nature de votre mission après ça.

Il marqua une pause, histoire d’accentuer la pression naissante.

— Tout à commencer il y a plusieurs mois de ça, au début de l’automne précédent. Un haut gradé de la garde des Justes a informé le Conseil des Immortels d’une préoccupante situation à Paris : selon un témoignage anonyme, dont il garantissait la fiabilité, un rituel du Séraphin serait en préparation. Le problème, c’est que ce témoignage n’était au mieux qu’une mise en garde, et qu’il n’offrait pas grand-chose pour y remédier.

— Voilà qui n’est pas très convaincant, commenta Varis.

— Je ne peux que vous rejoindre dessus, admit Dowle. D’ailleurs, le Conseil partageait de prime abord cette opinion, et ce sujet aurait pu en rester là si l’un des Immortels n’était pas intervenu.

— Pouvons-nous connaître son identité ? demanda-t-elle en sortant un petit carnet.

Dowle secoua la tête, douchant les espoirs de l’elfe.

— Je peux seulement vous révéler sa grande préoccupation à propos de l’affaire. À tel point qu’il a obtenu de ses pairs l’envoi d’un capitaine et de sa division.

— Pas de nom également, je suppose ? Puis-je savoir au moins si le capitaine dépêché fut celui ayant averti le Conseil ?

À nouveau, Dowle réfuta placidement de la tête.

— Non, c’en était un autre, sélectionné par l’Immortel ayant appuyé cette demande.

— D’accord, acquiesça Varis.

Pendant qu’elle griffonnait rapidement, Dowle reprit une énième gorgée de son thé.

— Plus tard, la division a été finalement expédiée dans la capitale et est restée un peu moins d’un mois. La conclusion fut sans appel : nulle trace d’un quelconque rituel.

— Très bien, intervint Marcus. Toute cette histoire est fort intéressante, mais cela n’explique toujours pas pourquoi vous faites appel à nous pour traquer des chimères !

Mécontent d’avoir été interrompu, l’exécutant foudroya du regard l’impudent sarcastique avant de reprendre le fil de son récit.

— Si vous êtes là, c’est parce que mon maître a de très bonnes raisons de penser que l’enquête a été sabotée. Pour être honnête, il avait déjà rencontré en amont le lanceur d’alerte.

Les pupilles émeraude de Varis s’illuminèrent.

— D’accord… murmura-t-elle.

— Évidemment ! acquiesça Elias

Marcus se tourna vers eux, surpris. Il ne lui fallut cependant que quelques secondes supplémentaires pour qu’il comprenne à son tour.

— Vous faites appel à nous, car quelqu’un bloque l’affaire ! s’exclama-t-il.

— En effet, approuva son Dowle. Le verdict de l’enquête préliminaire étant sans appel, nous ne pouvons le contester. De fait, Lord Godwinson a pris la décision de poursuivre en secret l’investigation.

— Vous pensez que le coupable ou un complice se trouve dans les hautes sphères de l’Association, spécula Varis.

— Exactement, à nos yeux, tout le monde est suspect. C’est pour cela que nous confions cette mission à des mercenaires et non aux exécutants de la maison Godwison. D’ailleurs, il est presque certain que les autres lords complotent également.

Bien sûr, songea Marcus. Même lorsque le continent est en péril, ils ne peuvent s’empêcher de chercher à gagner toujours plus de pouvoir et de prestige.

Dowle se saisit d’une petite cloche qu’il fit sonner. Quelques secondes plus tard, un domestique poussait les portes du salon, avec dans les bras une pile de documents.

— Pour l’heure, familiarisez-vous avec ceci, ordonna Dowle. Quand pointera l’aube, votre mission débutera.

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