IV.
Après un temps à marcher loin de la mousse verte et humide
loin de papa
loin de maman
loin des tartines de miel
et du bruit des oiseaux des matins partagés,
l’esprit alourdi et rendu fou par la fièvre des semences,
quand on a l’impression d’avoir suffisamment fait germer la terre
et jeté dans le monde tout le torrent de nos vouloirs,
Après tout ce temps à errer comme un docte animal,
on dit :
« De quel sommeil absurde je me suis réveillé ?
« Je pensais la sieste courte mais elle a pris la journée !
« Me rendra-t-on pièce pour pièce le temps dispensé,
« et serais-je récompensé de mes efforts au coucher ?
« Il me vient des songes comme si j’avais mille ans,
« mais quand je vois les autres, il me semble que c’est mon premier Printemps…
« Où sont leurs larmes ?
« Où sont leurs rires effrayés ?
« Moi, j’ai erré si longtemps
« dans l’espoir de trouver là-bas un foyer plus tactile
« et que je pourrais à bon droit appeler “le mien”
« mais sur la route je n’ai senti que des épines
« et il me semble que le soleil chauffait mieux hier…
« Moi, j’ai erré si longtemps
« et pourtant je retrouve des gens qui n’ont pas bougé du tout. »
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