La mauvaise étoile

Une minute de lecture

J'ai braqué mon doigt sur un ministre.


Plein la mire, entre les deux yeux, j'ai l'image, pas le son, gros plan, grosse tête, son contenu, je vois déjà la cervelle couler sur son joli costume noir comme du pooding liquéfié, toujours l'image, le son du silence, les limaces qui se ruent sur sa posture, traits tragiques, fermes, déterminé, terrain miné, la moitié du crane en moins, sur sa cravate, langue de serpent, les lèvres bougent encore, toujours, les jolis mots, les discours soignés, dans l'ère du temps, d'un autre temps, tout le temps, depuis la nuit des temps.


j'ai le temps.


Je ne tremble pas, je souris, il est vulnérable, confiant, mais tellement vulnérable, je pense au tsunami rouge inondant ma chambre, ma boite crânienne, mes globes oculaires, tout a l'air si pur, douce haine dans ma peau, si fluide, si exquise. je vois le vide. Et je souris.


J'étais sur le point d'appuyer sur la gâchette.


Ils ont changer de plan…


T'as d'la chance ministre.


A une prochaine fois…






J'ai reposé mon doigt.


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