• Magnifique spectacle comme toujours ! Je suis épaté par votre coordination, lança Jeff.
• On commence à avoir l’habitude maintenant, c’est un spectacle et on s’entraine pour qu’il soit toujours le plus parfait possible, sans erreurs, lui répondit Yaccine.
• Et surtout pour que nos chers spectateurs se souviennent de nous, dit Nolween en ricanant.
• Oh, je doute qu’ils vous oublient un jour les enfants, après tout vous êtes ce qu’ils veulent le plus au monde, répondit Jeff avec un regard amusé.

Jeff était accoudé le long de la rambarde surplombant la salle d’entrainement. Sa canne à tête d’aigle était posée le long de rambarde. Mince et très grand, il dégageait une élégance sans pareil malgré les quelques rides qui commençaient à le marquer. Je lui donnais la trentaine bien passée, il avait une apparence parfaite d’un humain comme sa mère. Il n’était pas un Haut-mage comme sa mère Rosa, mais il était tout même doué dans le domaine de la recherche et il avait accompagné sa mère dans son expédition. Il m’avait expliqué un jour que sa magie n’était pas très forte, il pouvait à peine guérir une plaie. Il préférait donc ne pas trop s’en servir et utiliser ses méninges. Il a donc appris la chirurgie, et soigne notre équipe lorsqu’il y a des blessés. Il adorait faire des autopsies d’anciens soldats mort-vivant et passait la moitié de ses journées dans l’infirmerie à en apprendre d’avantage sur le corps humain. Nous étions tous très proche de lui, il était notre capitaine, on savait avec certitude qu’il n’hésiterait pas à mettre sa vie en danger pour nous. Et nous de même.

Le docteur McKellen se tenait juste à coté de lui, et nous applaudissait tout doucement. S’était un vieux monsieur approchant les soixante dix ans, son crâne était dégarni mais quelques cheveux blancs persistaient. Rosa nous l’avait présenté un jour et il a commencé à nous aider à la rééducation après la cryogénisaiton. Il nous fait souvent des tests, des analyses sanguines et confectionne des vaccins contre les maladies développées par les Colonie de l’Ouest pour nous éradiquer. Je le voyais souvent lire les journaux dans la cuisine avec une pipe au bec. Ses grosses lunettes lui grossissaient les yeux, ce qui le rendait inoffensif. Lorsqu’il s’était présenté devant nous, il nous avait avoué qu’il était l’ancien collègue du Docteur Zürcht.

Le docteur Zürcht était folle alliée, elle avait immigré de la Colonie Hera vers le Loxus au début de la guerre. Elle avait pour projet de découvrir la vie après la mort. Les Gouverneurs du Silas et du Loxus l’avaient alors convié et elle n’était jamais revenue dans le laboratoire du Docteur McKellen. Elle s’est alors lancée dans la confection de soldats morts-vivants. Ses équipes enlevaient les soldats blessés sur le champ de bataille, ennemis ou alliés. Un des soldats que nous avions secouru de justesse durant une mission nous avait alors raconté l’horreur de ses expériences.

Le équipes du docteur Zürcht tuaient les soldats non blessés par gaz afin de conserver leurs chairs, puis ils leurs administraient une substance. Il s’agissait d’une cellule modificatrice des gènes selon le Docteur McKellen, qui dévorait les globules et les transformaient en cellules cancérigènes. Elles dévorèrent ainsi le cadavre et les organes du cobaye. Après quelques semaines, un micro-organisme était réinjecté, il se nourrissait des cellules cancérigènes et redéveloppait les tissus organiques des cadavres. Au bout d’un certain temps, la cervelle et le cœur fraichement reconstitués étaient alors stimulés par les scientifiques. Les soldats se réveillaient, dépourvu de paroles, de sentiments, de conscience… Se relevant, inconscient, morts et vivant à la fois, ils faisaient de parfait soldats, dociles et dévoués à leurs créateurs.

Le Docteur Zürcht pourchassait sans relâche notre escouade dans l’ultime but de pouvoir mettre au point des individus pourvus de pouvoirs semblables aux nôtres. Elle voulait sans doute nous disséquer comme des rats de laboratoire, nous apprendre et donner vie à de nouveaux monstres. Cependant, Jeff, Rosa et le Docteur McKellen nous protégeait, et nous ne nous laissions pas faire aussi facilement. Le Docteur Zürcht avait beau être une femme intelligente, ses connaissances nous concernant étaient très limitées, ce qui nous permettait d’avoir le dessus sur elle et ses sbires.