Mission # 3
Il y avait près de 25 caissons mais seuls quatre d'entre eux étaient occupés. Pour l'un d'eux, il s'agissait de simple courtoisie. L'occupant était un androïde sérieusement endommagé dont les circuits ne requerraient aucunement le sommeil cryogénique pour passer le temps. Ses processeurs s'étaient ralentis d'eux-mêmes. De temps en temps, un éclat synaptique fausait dans le cerveau mécanique et le faisait douter de la logique de la continuité de son existence. Il coûtait bien moins cher de construire un nouvel être artificiel que de tenter de réparer de tels dégâts.
Près de lui reposait un autre blessé pour qui, contraitement à lui, tout serait tenté afin de le réparer. C'était un humain et bien que la cryogénisation ralentisse sa guérison, elle était déjà entamée. Il aurait toutefois besoin d'opération et, probablement, d'une prothèse visuelle. C'était un soldat et il avait récolté sa part de plaies durant sa carrière, mais l'ennemi qu'il avait combattu possédait tant d'avantage qu'il pouvait se compter chanceux d'être en vie et hors de leur portée.
Les deux caissons suivants hébergeaient deux miraculées. La première était une fillette blonde qui avait réussi l'impensable survie durant des semaines au sein d'une colonie entièrement envahie par des monstres et qui avait été sauvée de la fécondation in extremis. La seconde était la seule à avoir survécu à deux contacts avec l'espèce monstrueuse qu'on connaissait désormais comme des Aliens. Revenir volontairement pour les confronter malgré sa terreur faisait de Ellen Ripley une personne hors du commun.
Ils retournaient sur Terre, le berceau de l'humanité.
Le berceau également de la compagnie Weyand-Yutani qui connaissaient l'existence des Aliens depuis des décennies et qui avait organisé cette nouvelle expédition, dans des circonstances telles qu'elle était vouée à l'échec.
La trajectoire de retour était un simple paramètre de la mission et seul Bishop - l'endroïde endommagé - aurait pu modifier la programmation, encore eut-il fallu qu'il en ait l'idée et la capacité, ce qui n'était pas le cas. Ripley savait piloter, mais elle était simplement ravie de s'éloigner des Aliens et ne s'était pas posé de questions. Elle avait flotté durant près de 50 ans toute seule dans l'espace et espérait retrouver le ciel et le reste de l'humanité. Restait le caporal qui, avec un peu d'aide, aurait pu altérer la trajectoire, mais il avait perdu connaissance avant même que la navette soit à bord du Sulaco. La petite Newt n'y connaissait rien.
Le Sulaco revenait donc vers la Terre et aucun de ses passagers n'avait la moindre idée de ce qui les attendait.
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Sur Terre, les administrateurs de la Weyland-Yutani n'avaient pas besoin d'attendre le retour de l'expédition pour prendre connaissance des rapports. Les images, les communications et les données jusqu'au moindre parasite audio avaient été transmis aux ordinateurs. Ceux-ci n'avaient pas éveillé d'intérêt jusqu'à ce que la mort d'un des cadres de la compagnie ait été confirmée. Par principe, un comité s'était réuni et avait étudié les événements. Le potentiel alien, dont seul Carter Burke avait été au fait jusque-là, fut communiqué à d'autres. On déballa les archives, on révisa l'ancienne opération qui datait d'un demi-siècle, on réévalua la situation.
Une partie du conseil suggéra de ne pas essayer de s'approcher à nouveau des aliens, mais une autre partie - plus zélée et à la voix plus forte - préférait obtenir un spécimen pour l'étudier. Il n'y aurait pas de contact direct et personne ne poserait le pied sur la planète. D'une part, il était impossible de garantir la sécurité du personnel et, d'autre part, une quarantaine sévère était de mise. Les sondes rapporteraient des échantillons dans un laboratoire en orbite, à l'écart des vaisseaux. Aucun être vivant n'aurait accès au laboratoire qui serait envoyé dans le soleil à la fin de la mission. Les examens et les tests seraient effectués à distance par le biais de simulation virtuelle et de bras télécommandés.
Ces mesures firent taire les plus craintifs et les vaisseaux se mirent en route peu de temps après que le Sulaco ait pris le chemin du retour. Comme l'expédition scientifique avait accès à un transport plus moderne, il était plus rapide et, quand RIpley et les autres survivants parvinrent à destination, la mission scientifique était en cours depuis plusieurs jours.
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