Chapitre XI : Veritas
Le lendemain matin, Charlotte attendait anxieusement la visite du Dr Ocelot dans sa chambre. Elle avait passé la nuit à échafauder des plans sur la manière de confronter le médecin sur ce qu'elle avait découvert. La tension montait à chaque minute qui passait et, finalement, la porte s'ouvrit.
Le Dr Marina Ocelot entra dans la chambre de Charlotte, ferma la porte derrière elle, afficha une expression froide sur son visage. Charlotte pouvait sentir une aura de colère autour d'elle, ce qui la rendait encore plus nerveuse. Avant même qu'elle puisse dire un mot, le Dr Ocelot sortit une seringue de sa poche et, sans prévenir, l'administra à Charlotte. Le liquide contenu dans la seringue agit presque instantanément, paralysant Charlotte, la laissant raide et sans expression.
Avec un sourire malsain, le Dr Ocelot commença à se dévoiler à Charlotte.
— Tu sais, Charlotte, je t'ai toujours trouvée très intéressante, dit-elle d'une voix douce et venimeuse. Mais ce n'était pas seulement ton état mental qui m'intéressait. C'était aussi l'opportunité de me venger.
Charlotte était terrifiée, incapable de bouger ou de répondre. Elle ne pouvait que regarder le Dr Ocelot, les yeux écarquillés par la peur.
— Voici la vérité Charlotte, continua le Dr Ocelot. C'est moi qui ai tué tes parents. Et je vais te dire pourquoi. Ton père a tué mon mari, Federich, dans cet accident de voiture. Et je n'ai jamais pu lui pardonner. Alors, j'ai décidé de le faire payer. Et quoi de mieux que de les tuer sous ses yeux de leur fille unique ?
Les larmes commençaient à couler sur le visage de Charlotte. Elle était complètement impuissante et à la merci du Dr Ocelot.
— Je sais que tu te demandes pourquoi je te raconte tout ça, dit le Dr Ocelot en se rapprochant de Charlotte. Eh bien, c'est simple. Je veux que tu saches à quel point tu es impuissante. Je veux que tu saches que c'est moi qui tire les ficelles ici. Et, surtout, je veux que tu saches que rien de tout cela ne serait arrivé si ton père n'avait pas tué l'homme que j'aimais le plus au monde. C'est de sa faute si tu es là et c'est aussi de la sienne si tu vas mourir ce soir.
Charlotte ressentait une douleur profonde dans son cœur. Elle ne pouvait pas croire que la personne en qui elle avait placé sa confiance l'avait trahie de cette manière. Elle se sentait complètement désemparée, ne savait pas quoi faire.
Le Dr Ocelot sortit un autre médicament de sa poche et le montra à Charlotte.
— Ceci Charlotte est un poison très puissant, expliqua-t-elle. Il te tuera lentement et douloureusement. Et le meilleur dans tout ça, c'est que personne ne saura jamais ce qui t'est vraiment arrivé. Tout le monde pensera que tu as succombé à tes démons intérieurs.
Charlotte pouvait sentir la peur qui lui nouait l'estomac. Elle ne voulait pas mourir, surtout pas de cette manière. Elle essaya de bouger, mais son corps ne répondait pas. Elle était complètement paralysée.
— Je vais te laisser ici pour réfléchir à tout ça, dit le Dr Ocelot en se dirigeant vers la porte. Je reviendrai dans quelques heures pour t'administrer le poison. Je veux que tu aies le temps de réaliser que tu ne seras plus de monde dans quelques heures.
Avec ces mots, le Dr Ocelot quitta la chambre, laissant Charlotte seule avec ses pensées tourbillonnantes. Elle ne savait pas comment elle allait s'en sortir, mais elle savait qu'elle devait essayer. Elle devait trouver un moyen de stopper le Dr Ocelot avant qu'il ne soit trop tard.
Le temps semblait s'écouler extrêmement lentement pour Charlotte, qui était toujours incapable de bouger un seul muscle de son corps. Elle était complètement désemparée et terrorisée à l'idée de ce qui allait lui arriver. Le Dr Ocelot avait révélé sa véritable nature et ses intentions meurtrières, et Charlotte se sentait complètement impuissante face à cette menace imminente.
Tout en étant paralysée, son esprit tournait à toute vitesse, cherchant désespérément un moyen de se sortir de cette situation. Le temps lui était compté. Le Dr Ocelot reviendrait bientôt pour lui administrer le poison mortel. Elle ne pouvait pas compter sur l'aide de quelqu'un d'autre, car personne ne connaissait les intentions réelles du Dr Ocelot. Elle était seule face à ce danger.
Charlotte se mit à réfléchir sur tout ce qu'elle avait vécu depuis son arrivée à l'hôpital. Elle se rappela des nombreux épisodes psychotiques qu'elle avait vécus, des hallucinations terrifiantes qui la hantaient, et de la manière dont le Dr Ocelot l'avait manipulée tout au long de son traitement. Elle réalisa qu'elle était tombée dans un piège soigneusement orchestré par le Dr Ocelot, qui avait prévu chaque étape de son plan diabolique.
Tout en réfléchissant à sa situation désespérée, Charlotte commença à ressentir une vague de détermination monter en elle. Elle ne pouvait pas abandonner, Charlotte devait se battre pour sa survie. Elle se rappela de ses parents, et de la manière dont ils l'avaient toujours encouragée à être forte et à ne jamais abandonner, même dans les situations les plus difficiles. Elle savait qu'elle leur devait de se battre jusqu'au bout.
Alors que les heures défilaient à une allure folle, Charlotte ressentit un léger picotement dans ses extrémités. Elle réalisa que l'effet du paralysant commençait à s'estomper. Elle concentra toute son énergie sur le mouvement de ses doigts, essayant désespérément de retrouver le contrôle de son corps. Peu à peu, elle commença à sentir ses muscles répondre, bien que très faiblement.
Consciente que le temps était compté, Charlotte élabora un plan rapide dans son esprit. La jeune femme devait agir dès que le Dr Ocelot reviendrait dans sa chambre. Elle devait surprendre le médecin, l'empêcher de lui administrer le poison, trouver un moyen de s'échapper de l'hôpital. Ce ne serait pas facile, mais c'était sa seule chance de survie.
Charlotte passa les heures suivantes à se préparer mentalement et physiquement pour ce qui allait suivre, prête à agir dès que l'occasion se présenterait. Finalement, elle entendit des bruits de pas dans le couloir. Le Dr Ocelot était déjà retour.
Charlotte, toujours paralysée, sentait son cœur battre à tout rompre alors qu'elle se préparait mentalement à mourir. Le Dr Marina Ocelot, portant un sourire sadique, entra finalement dans la chambre.
— Il est temps pour toi de dire au revoir à ce monde Charlotte , dit-elle en secouant la tête d'un air faussement désolé. C'est dommage, tu avais tellement de potentiel. Puis, sans un autre mot, elle administra le poison dans le bras de Charlotte.
La jeune femme sentit une brûlure intense au point d'injection, puis une froideur glaciale se propager dans tout son corps. Elle essaya de lutter contre l'obscurité qui envahissait sa vision, mais c'était inutile. Quelques minutes plus tard, sa respiration devint laborieuse, puis s'arrêta complètement.
Satisfaite, le Dr Ocelot se mit à rire de façon psychotique. Son rire résonna dans la chambre vide, révélant la véritable nature de sa folie.
— Alors, dans votre hallucination, j'étais votre patiente et vous avez réussie à me tuer avec un poison très puissant ? Oh, c'est une très vilaine pensée, mademoiselle Ocelot. Pourtant, il me semble que je suis toujours en vie. La preuve, je me tiens face à vous, Marina.
— Quoi ?! Mais... je vous ai tuée !
— Vous avez rêvée me tuer. Ce n'est pas comme ça que vous allez guérir, Marina.
Et c'est à ce moment-là que la révélation choquante se fit : Marina Ocelot était en réalité la véritable patiente, et Charlotte Winger, la vraie psychiatre. Marina Ocelot était une psychopathe qui avait bel et bien tué les parents de Charlotte. Pour se venger, Charlotte avait interné Marina à l'hôpital psychiatrique de St-Lucy, dans l'intention de la tourmenter jusqu'à la fin de ses jours.
— J'en ai pas fini avec vous, Madame Winger !
Le rire hystérique de Marina résonnait toujours dans la pièce, elle cligna des yeux et la scène changea complètement. Charlotte était là, assise sur le bord du lit, bien vivante, la regardant avec un mélange de pitié, d'incrédibilité.
— Ça ne va pas être aussi facile, Marina, dit-elle doucement.
Marina cligna des yeux, déconcertée. Était-ce une autre hallucination? Ou était-ce réel? Elle ne pouvait pas faire la différence. La ligne entre la réalité et l'illusion était devenue si floue qu'elle ne savait plus ce qui était vrai.
Charlotte, voyant la confusion sur le visage de Marina, sourit tristement.
— Je ne vais pas te laisser me tuer si facilement, pas comme quand tu as tué mes parents. Je vais continuer à te détruire lentement, pour tout le mal que tu as causées, sale monstre.
Marina grogna de frustration, se rendant compte qu'elle était à nouveau sous le contrôle de Charlotte. Elle était impuissante, prise au piège dans son propre esprit, incapable d'échapper à la tourmente que Charlotte lui infligeait. Mais d'une certaine manière, elle le méritait. Après tout, elle avait tué les parents de Charlotte et avait réussi à la manipuler jusqu'à la faire douter de sa propre santé mentale.
***
Au fil des jours, Charlotte continua de tourmenter Marina, lui faisant vivre des hallucinations de plus en plus terrifiantes. Parfois, elle croyait qu'elle était sur le point de mourir, seulement pour réaliser que ce n'était qu'une autre hallucination créée par son esprit. D'autres fois, elle se voyait commettre des actes horribles, seulement pour se réveiller en sueur et réaliser que c'était encore un autre cauchemar.
Marina, épuisée mentalement et émotionnellement, finit par perdre toute notion de ce qui était réel et ce qui ne l'était pas. Elle passait ses journées à errer dans l'hôpital, parlant à des personnes qui n'étaient pas vraiment là et réagissant à des situations qui n'existaient que dans sa tête.
Charlotte, bien que consciente que son plan de vengeance avait réussi, ne pouvait s'empêcher de ressentir une pointe de regret. Elle savait que Marina était une meurtrière et qu'elle méritait d'être punie, mais la voir dans un état si pitoyable était difficile, même pour elle. Elle se demandait si, en fin de compte, elle était vraiment différente de Marina. Après tout, elle avait manipulé et torturé quelqu'un d'une manière qui était tout aussi cruelle et impitoyable.
Finalement, Charlotte prit une décision difficile. Elle choisit de mettre fin à la tourmente de Marina, non par pitié pour elle, mais pour se libérer de la haine et de la colère qui la consumaient. Elle savait qu'elle ne pourrait jamais vraiment avancer tant qu'elle continuerait à se venger de Marina.
Un jour, alors que Marina était assise dans sa chambre, regardant fixement le mur d'un air absent, Charlotte apparut devant elle. "C'est fini, Marina," dit-elle doucement. "Je te libère de ton cauchemar."
Marina leva les yeux, incrédule.
— Vraiment ?
Charlotte hocha la tête.
— Oui. Mais ne pense pas que cela signifie que je te pardonne. Je le fais pour moi, pas pour toi.
Marina hocha la tête, comprenant.
— Je... je suis désolée, Charlotte. Pour tout.
Charlotte soupira.
— Je sais que tu l'es. Mais cela ne change rien à ce que tu as fait. J'espère que, d'une manière ou d'une autre, tu trouveras la paix que tu cherches.
Et avec cela, Charlotte tourna le dos à Marina et quitta la chambre, laissant derrière elle une femme brisée, mais également libérée de l'emprise tortueuse de ses propres démons.
Mais Marina cligna des yeux et, en un instant, la scène changea de nouveau. Elle se trouva toujours assise sur son lit d'hôpital, mais cette fois, elle était seule. Il n'y avait aucune trace de Charlotte. Elle regarda autour d'elle, perplexe, se demandant si ce qu'elle venait de vivre était réel ou juste un autre produit de son imagination débridée.
— Pourquoi... suis-je encore ici ?
La confusion se transforma rapidement en frustration, et Marina sentit une démangeaison intense sur tout son corps. Elle commença à se gratter frénétiquement, incapable de s'arrêter malgré la douleur croissante. Bientôt, ses ongles enfoncèrent sa peau, provoquant des égratignures et des entailles qui commencèrent à saigner.
Au fur et à mesure que le sang coulait, Marina se rendit compte qu'elle n'était plus en contrôle de son propre corps. Elle voulait s'arrêter, mais elle ne le pouvait pas. C'était comme si une force extérieure la poussait à se faire du mal.
Soudain, la porte de sa chambre s'ouvrit et Charlotte entra, un sourire amusé sur son visage.
— Tu te rends enfin compte que tu ne peux pas m'échapper, Marina ? demanda-t-elle d'un ton moqueur.
Marina, les yeux remplis de larmes de douleur et de frustration, hocha la tête faiblement.
— S'il te plaît, arrêtez ça, Dr Winger, implora-t-elle. Je sais que j'ai fait des choses horribles, mais je ne peux pas continuer comme ça.
Charlotte s'approcha de Marina, son sourire s'élargissant.
— Tu pensais vraiment que je te laisserais partir aussi facilement ? Elle rit doucement. Je t'ai dit que c'était fini, mais je ne parlais pas de ta punition. Je parlais de ta liberté, de ta paix d'esprit. Celles-ci sont terminées, Marina. Et elles ne reviendront jamais. Tu n'auras plus jamais la paix.
Marina sentit une vague de désespoir l'envahir. Elle avait espéré, même si ce n'était qu'un instant, que Charlotte lui avait pardonné, qu'elle pourrait enfin être libérée de cette tourmente constante. Mais elle réalisa maintenant que ce n'était qu'un autre tour cruel joué par son esprit torturé.
Alors que Charlotte se tenait là, regardant Marina se déchirer littéralement sous le poids de sa propre culpabilité, elle ne put s'empêcher de ressentir un sentiment de satisfaction. C'était ce que Marina méritait, après tout. C'était le seul moyen pour Charlotte de retrouver un semblant de contrôle sur sa propre vie.
Et pourtant, au fond d'elle, Charlotte savait que ce n'était pas la fin. Elle ne pourrait jamais vraiment être libre tant qu'elle serait hantée par le spectre de Marina, par les horreurs qu'elle avait commises. D'une manière ou d'une autre, elle devrait affronter ses propres démons si elle voulait un jour, elle aussi, trouver la véritable paix.
Mais pour l'instant, tout ce qu'elle pouvait faire était de regarder, de savourer chaque instant de la douleur de Marina. En espérant pour elle que cela suffirait à apaiser la tempête qui faisait rage en elle.
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