Chapitre XII : Seule

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Désespérée, en quête de réconfort, Marina décida de quitter sa chambre pour chercher de l'aide parmi les autres internés de l'hôpital. En parlant à quelqu'un d'autre, en partageant sa douleur et son tourment, elle pourrait peut-être trouver un semblant de paix, ou au moins une pause momentanée de son supplice intérieur.

Elle erra dans les couloirs, ses plaies saignantes recouvertes tant bien que mal de bandages de fortune. Ses yeux étaient rougis, gonflés à force de pleurer, elle avait du mal à marcher tant elle était faible et épuisée. Cependant, elle voulait trouver quelqu'un qui pourrait l'aider, quelqu'un qui comprendrait ce qu'elle traversait.

La première personne qu'elle rencontra fut un homme d'âge moyen, aux cheveux grisonnants et au visage émacié. Il était assis seul dans un coin de la salle commune, fixant le vide devant lui. Marina s'approcha timidement.

— Si on parlait vous et moi ? Vous voulez bien ?

L'homme leva les yeux vers elle, ses yeux vitreux ne montrant aucune émotion.

— Je n'ai rien à dire, dit-il simplement avant de retourner à sa contemplation silencieuse.

Marina, bien que découragée, décida d'essayer à nouveau. Elle se dirigea vers une femme plus jeune, assise sur un canapé et feuilletant distraitement un magazine.

— Excusez-moi, dit Marina d'une voix tremblante. "Pouvez-vous m'aider? J'ai vraiment besoin de parler à quelqu'un.

La femme leva les yeux de son magazine, examina Marina de haut en bas. Après un moment, elle soupira et secoua la tête.

— Moi... aider ? Je ne suis pas en état de venir en aide à qui que ce soit, dit-elle d'une voix fatiguée. Je suis désolée...

Marina sentit un nœud se former dans sa gorge. Elle savait qu'il ne serait pas facile de trouver de l'aide, mais elle ne s'attendait pas à être rejetée aussi catégoriquement. Elle décida d'essayer une dernière fois et se dirigea vers un groupe d'internés assis autour d'une table, jouant à un jeu de société.

— Puis-je jouer avec vous ? demanda-t-elle timidement.

Le groupe échangea des regards, puis l'un d'eux, un homme d'une trentaine d'années avec une barbe naissante, secoua la tête.

— Dégage, meurtrière, dit-il d'un ton menaçant.

Elle se fit pousser violemment par les autres patients. Marina sentit les larmes monter à nouveau dans ses yeux. Elle était vraiment seule dans sa lutte. Elle remercia néanmoins le groupe d'un signe de tête et retourna dans sa chambre, le cœur lourd.

Elle se rendit compte que chercher du réconfort auprès des autres était futile. Ils avaient tous leurs propres problèmes, leurs propres démons à affronter. Ils n'avaient ni le temps ni l'énergie de s'occuper des siens. Marina se sentit désemparée, perdue, abandonée, seule. Elle ne savait pas comment elle allait s'en sortir, ni même si elle le pouvait. Elle se sentait complètement impuissante face à la tourmente qui la submergeait...

***

De retour chez elle après une longue journée à l'hôpital, Charlotte se sentait épuisée mais satisfaite. En entrant dans sa maison chaleureuse et accueillante, elle fut accueillie par les rires joyeux de ses deux enfants, qui couraient dans le salon en jouant à un jeu qu'ils avaient inventé. Son mari, un homme aimant, soutenant, lui sourit et lui donna un baiser tendre sur les lèvres.

— Comment s'est passée ta journée, mon amour ? demanda-t-il avec intérêt.

Charlotte soupira et secoua la tête.

— C'était dur, dit-elle. Mais je pense que j'ai fait de mon mieux.

Elle ne voulait pas inquiéter sa famille avec les détails de sa journée, alors elle se contenta de leur dire qu'elle était contente d'être à la maison.

Après avoir dîné ensemble en famille, Charlotte aida ses enfants à se préparer pour le coucher, puis se retira dans sa chambre avec son mari. Alors qu'ils se blottissaient l'un contre l'autre dans leur confortable lit, Charlotte ne put s'empêcher de penser à Marina, seule et désespérée dans sa chambre d'hôpital.

Le contraste entre sa vie et celle de Marina était frappant. Alors que Charlotte avait une famille aimante et un soutien solide, Marina était complètement seule, enfermée dans sa propre tête et sans espoir de guérison. Charlotte avait de la chance d'avoir une vie aussi épanouissante, et elle était déterminée à ne jamais la prendre pour acquise.

***

Pendant ce temps, Marina était allongée dans son lit d'hôpital, les yeux fixés sur le plafond blanc et terne. Les murs de sa chambre rétrécissait autour d'elle, l'oppressant de tous côtés. Elle se sentait complètement coincée, sans aucun moyen de s'échapper de sa propre tête. Charlotte avait réussi à la tourmenter encore plus profondément. Elle ressentait de l'impuissance.

Marina n'avait aucun espoir de guérison. La jeune femme était condamnée à passer le reste de ses jours dans cet hôpital, tourmentée par ses propres pensées et les manipulations cruelles de Charlotte. Elle se sentait abandonnée, oubliée par le monde extérieur, Marina ne savait pas comment elle allait survivre un autre jour dans cette solitude dévorante.

Alors que la nuit tombait, que le silence enveloppait l'hôpital, Marina se blottit sous ses couvertures et ferma les yeux, afin que le sommeil lui apporta un répit momentané. Mais même dans ses rêves, elle était hantée par les fantômes de son passé. Elle se réveilla en sueur et en larmes plusieurs fois au cours de la nuit.

***

Charlotte dormait paisiblement dans les bras de son mari, reconnaissante pour la vie qu'elle avait et déterminée à en faire le meilleur usage possible. Elle savait qu'elle avait un long chemin à parcourir pour aider Marina à trouver la paix, mais elle était prête à faire tout ce qu'il fallait pour y parvenir.

Charlotte était profondément endormie, bercée par la respiration régulière de son mari et la douceur de leur lit. Cependant, dans le sommeil, une image perturbante s'infiltra dans son esprit : celle de Marina, debout à côté de son lit, la fixant avec des yeux vides, un visage sans expression. L'image était si nette, si réelle, que Charlotte se réveilla en sursaut, persuadée que Marina était vraiment là, dans sa chambre.

Elle jeta un regard anxieux autour de la pièce, mais il n'y avait aucune trace de Marina - juste l'obscurité paisible de sa chambre à coucher, le doux souffle de son mari, endormi à côté d'elle. Elle secoua la tête, essayait de chasser l'image de son esprit.

— Ce n'était qu'un rêve, se dit-elle. Rien de plus.

Elle se remit au lit, mais il lui fallut un certain temps pour retrouver le sommeil.

Même si elle savait que c'était probablement dû au stress de sa journée et aux défis auxquels elle était confrontée avec Marina, l'expérience la laissa perplexe. Elle n'avait jamais eu d'hallucinations auparavant, même dans des situations stressantes. Elle décida qu'elle devait en parler à un collègue pour s'assurer qu'il n'y avait rien de plus sérieux à craindre.

Le lendemain matin, Charlotte se leva et se prépara pour une autre journée à l'hôpital. Elle embrassa ses enfants et son mari, leur promettant de rentrer à temps pour le dîner.

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