La mine humaine
Le Shadrag, une sorte de véhicule prêtée par Nébulos, avance relativement vite. Mais les heures passent et le retour du Phalanglade se rapproche. Astrakalimélofragida est loin derrière et les montagnes sont de plus en plus proches. Soudain, les quatre compères sursautent. G’d’ni arrête le Shadrag. Chacun ressent quelque chose qu’il n’a jamais ressenti jusqu’ici, comme si le Shaan leur parlait. Ils descendent du véhicule et s’avancent. Ils se sentent guidés et dans une dépression découvre un Trihn d’âme. L’orbe flotte à un mètre du sol et luit d’une belle couleur bleutée. Les itinérants ne peuvent en détacher leurs yeux. Passion d’Ecorce et Mapoo s’avancent les premiers, désireux de communier avec le Trihn. Trop empressés, ils ignorent les mises en garde du Trihn. Soudain, le Trihn lance une puissance onde d’un bleu nuit très foncé qui file vers Passion et Mapoo. Leur âme s’assombrit et une infime partie s’ouvre à la nécrose. Tous deux reculent… Mapoo meurtrit d’avoir été touché par de la nécrose, Passion déçue et honteuse d’avoir laissé son cœur de Shaan regarder les ténèbres. Les deux Ygwans, forts de l’expérience de leurs compagnons, décident de s’y prendre différemment. Mak’Eshka Rey propose d’apporter son soutien Shaan pour que G’d’nissing puisse interagir avec le Trihn.
- « Entre lézards, on s’entraide. » Conclue Mak d’un ton malicieux.
Ensemble, ils s’avancent, Mak deux pas en arrière. Le Trihn luit et G’d’ni sait s’arrêter à la bonne distance. Il arrive à entrer en communion avec le Trihn et son âme s’emplit du pouvoir du Shaan. Le Trihn disparait et les quatre compagnons regagnent le Shadrag. Le reste de la route se passe sans difficulté. L’usine minière apparait à flanc de montagne. L’industrie est construite d’acier et de béton. Il y règne une ambiance froide, coupée de tous les éléments naturels, sans âme… Aucun doute, cette construction est un pur produit humain.
- « Il n’y a pas un seul bruit… » remarque Mapoo.
- « C’est étrange… Les usines humaines sont habituellement de vraies fourmilières. » commente Mak.
- « Le calme avant la tempête. » ricane G’d’nissing.
L’Ygwan gare le Shadrag et tous descendent. Ils s’approchent de l’entrée principale de l’usine. De hauts poteaux soutiennent une arche portant l’insigne de la famille Albamans. Une fois l’arche dépassée, ils distinguent les portes de la mine. Celles-ci sont fermées et gardées par trois gardes armés. Ils attendent patiemment, semblant s’ennuyer fermement. Mak s’avance :
- « Nobles gardes, je peux vous offrir une meilleure vie, laissez-nous passer. » il utilise un ton mielleux et bombe le torse pour se donner de la prestance.
- « Halte ! Que faites-vous là, Héossiens ? » demande l’un des gardes en s’avançant vers nous.
G’d’ni décide de jouer la carte de la franchise et explique aux gardes la menace qui plane sur le village Mélodien.
- « Ce n’est pas notre problème, ça. Notre mission est de ne laisser entrer personne. »
- « Allons, mon ami. Je suis sûr qu’une petite rallonge de votre solde sous le tapis pourrait tout arranger. » murmure G’d’ni en se penchant vers le garde.
- « Faut voir… » répond le garde après une hésitation.
Mak s’avance alors et tend discrètement cinquante credos au garde.
- « Tu es un homme bon. Laisse-nous passer maintenant. » sourit-il.
- « Mes camarades aussi ont des fins de mois difficiles… » dit le garde en se tournant vers ses amis.
- « De beaux soldats comme vous… doit-on nécessairement en passer par l’argent ? » demande la Felin en dépassant Mak en louvoyant et en venant se coller au garde.
- « Bah oui. » répond le garde.
- « Les Ygwans vous payez 50 chacun de ces deux mecs là. Mapoo, on partage en deux pour le troisième. » dit la Felin outrée que ces charmes soient restés sans effet.
- « Hey ! Pourquoi se serait à nous de payer ? » demande G’d’ni.
- « Parce que vous n’arrêtez pas de détruire les affaires des autres et de vouloir les frapper. » répond Passion en glissant les 25 credos dans la main du troisième garde et en s’avançant vers la porte.
Mapoo hausse les épaules et suit la Felin après avoir payé le garde. Les Ygwans obtempèrent en promettant de se rattraper sur le butin de la fin de la mission. Les gardes ouvrent les portes et les laissent passer non sans leur dire avant de refermer derrière eux :
- « Vous savez, ce n’est pas pour rien qu’elle est fermée cette mine. Ça pue la menace nécrosienne là-dedans. »
La porte d’entrée de la mine se referme derrière eux. Les quatre itinérants se retrouvent dans un hall. A leur droite, il y a deux portes, à leur gauche une grande double porte et au fond une porte et une issue de secours.
- « On prend celle-là ! à plus ! » s’écrit Mak en entrainant G’d’ni à sa suite.
- « Est-ce qu’on ne devrait pas rester groupé ? » demande Mapoo. ^
Mais les Ygwans se sont déjà engouffrés dans la première pièce à droite, qui s’ouvre sur un vestiaire remplit de cahier fermé par des codes. Ils font ensuite le tour et entrent dans un dortoir. Visiblement, les lieux ont été occupés récemment. Pendant ce temps, Passion d’Ecorce et Mapoo explorent de leurs côtés :
- « Vient Mapoo. On a qu’à essayer de ce côté. » propose Passion.
Le Woon et la Felin trouvent la pièce de Stockage du matériel. Il n’y a pas de trace de pierres mais de multiples engins de forage et d’analyse des pierres. Les outils sont plutôt de factures simples et dénotent un investissement financier modéré de la structure. Passion d’Ecorce découvre une foreuse laser portable de bonne qualité. Elle semble moins lourde et plus efficace que celle que le Kelwin leur a vendu. La Felin la prend et en continuant dans la pièce qui est derrière, ils trouvent l’atelier de taille de pierres. Pas de Pierres d’âme à l’horizon et rien qui ne puisse leur être utile. Alors qu’ils retournent dans le hall pour retrouver les Ygwans, ils découvrent Mak et G’d’ni qui sortent de la pièce avec la double porte. Ils referment derrière eux en disant :
- « C’est bon les copains ! On s’est occupé de cette pièce. C’est juste un vieux débarras. »
En réalité, Mak et G’d’ni ont découvert la salle de tri des roches. S’ils n’y ont trouvé aucune Pierres d’âme, ils ne se sont pas privés de prendre quelques pierres de bonne taille pour pouvoir les revendre à l’occasion. Il reste une porte au fond du hall à ouvrir. Mapoo et Passion y entrent en premier alors que les Ygwans se dirigent déjà vers les escaliers qui même au premier sous-sol. Le Woon et la Felin découvre une salle de vidéosurveillance. Ne sachant que comment la faire démarrer, le Woon appelle G’d’ni dont les connaissances technologiques sont les plus avancées. L’Ygwan revient, jette en œil, essaye deux, trois manipulations mais le système ne semble pas en état de fonctionner. Le groupe descend donc l’escalier. Ils se retrouvent face à un long couloir. G’d’ni ouvre la première porte sur sa droite mais ne découvre rien d’intéressant. La porte d’à côté correspond au réfectoire et à la réserve. G’d’ni trouve 100 credos au sol et n’effectue un partage discret qu’avec Mak. Mapoo et Passion ont poursuivi leur chemin et ouvert une porte un peu plus loin. Ils ont découvert l’administration, des rangées de bureaux munis d’ordinateur s’alignent les uns derrière les autres. Impossible de les démarrer. En fouillant les bureaux, Passion découvre un post-it portant des identifiants et un mot de passe. Elle l’essaye sur les différents postes mais aucun n’y répond. Dans les archives, Mapoo trouve une carte détaillée de la mine. Mapoo et Passion pénètrent ensuite dans le bureau du directeur. Ce dernier est un peu plus luxueux que le reste du complexe. Il a un beau bureau en acajou et quelques armoires. Sur le bureau, une photo de la famille du directeur est exposée. La famille a l’air heureuse mais l’un des visages a été arraché de la photo. En fouillant, Passion trouve un code à quatre chiffres et une lettre manuscrite de la main du directeur. On y lit son désespère, il affirme avoir été trop loin, que les Pierres d’âme l’auront corrompu jusqu’à la fin, qu’il les sent s’emparer de lui… Passion d’Ecorce repose la lettre la main tremblante. Elle se détourne.
- « Je remonte. Le code ouvre surement l’un des vestiaires. » dit-elle à Mapoo.
Les Ygwans se trouvent face à une porte fermée par un système de carte électronique. D’après le plan de Mapoo, il s’agit de l’accès à la mine. Passion d’Ecorce remonte les escaliers et se rend dans les vestiaires. Elle essaye le code sur les casiers les uns après les autres. L’un d’eux s’ouvre et parmi les papiers, gants et boots, elle trouve un pass-magnétique. Passion rejoint ses compagnons au sous-sol, elle dispose le pass-magnétique sur le lecteur. La porte blindée s’ouvre sur un escalier qui descend vers les profondeurs de la mine.
Après avoir descendu les escaliers, le groupe d’itinérants se retrouvent dans la mine en tant que t’elle. Des galeries s’étendent de part et d’autre s’organisant de façon concentrique autour d’un immense gouffre central. La cavité s’ouvre au-dessus d’eux par un puit donnant sur l’extérieur tandis qu’en-dessous, il est impossible d’en distinguer le fond. Lorsqu’ils se penchent pour regarder, les quatre compagnons ressentent tous une sensation de malaise. Des grognements résonnent depuis les profondeurs. Ils semblent lointains, mais il est certain que quelque chose rode. Mapoo et G’d’ni semblent ne prendre conscience que maintenant qu’ils n’ont pas d’armes pour se défendre. Ils regardent autour d’eux mais ne trouvent rien qui pourraient leur servir. En désespoir de cause G’d’ni ramasse une pierre qu’il garde en main. Il se rapproche ensuite de Mak et utilise son pouvoir « Survie de Groupe » se protégeant un peu et englobant Mak dans son sort.
- « Entre Lézards… » dit-il en adressant un sourire complice à Mak.
- « Il y a 6 étages. Nous, on fouille en partant du bas et vous en partant du haut. » dit Mak en se désignant avec G’d’ni.
Mapoo et Passion reste donc à l’étage le plus en surface tandis que les Ygwans reprennent les escaliers pour s’enfoncer dans les sous-sols. Alors qu’ils commencent à explorer un couloir, Mapoo shoote dans un caillou qui roule jusqu’à l’abime central. Le caillou tombe et ricoche sur les parois en faisant un boucan d’enfer. Mapoo et Passion s’immobilisent et tendent l’oreille. Des grognements retentissent et semblent s’approcher.
- « Il faut qu’on retrouve Mak et G’d’ni ! » s’exclame Passion d’Ecorce.
Le Woon et la Felin courent vers les escaliers et entament la descente pour retrouver les deux Ygwans. En entendant le vacarme provoqué par Passion et Mapoo, Mak et G’d’ni se dissimulent derrière un mur.
- « Quelle bande de boulets, ils vont nous faire repérer. » chuchotent G’d’ni.
Le Woon et le Felin passent devant eux sans les voir et continuent leur descente. Les deux Ygwans arrivent au 5e sous-sol et cherchent un filon de roches intéressant. Ils trouvent quelques fragments de thrinites mais aucune n’est assez grosse pour constituer une pierre d’âme. Ils poursuivent leur descente. Presque arrivé au 6e sous-sol, de grognements puissants se font entendre, ils semblent venir des étages supérieurs. Mapoo et Passion sont arrivés au 6e palier mais une buée noirâtre de mauvais augure obstrue le passage.
- « Pas bon ça… » commente Mapoo.
- « Tu as raison, ça pue la nécrose à plein nez. Remontons un peu. » conseille Passion.
Alors qu’ils se retournent, il tombe nez à nez avec les Ygwans. Ceux-ci n’ont pas le temps de se dissimuler.
- « Tient, les copains… Quelle bonne surprise. » sourit Mak d’un air mielleux.
Après une rapide concertation, le groupe se met d’accord pour explorer ensemble le 5e étage. Assez rapidement, ils découvrent un filon non exploité. La roche se creuse en une cavité assez large en son centre. Une magnifique Pierre d’âme est logée dans la roche. L’entaille ne leur permet pas de glisser un bras pour atteindre la Pierre. Il va falloir utiliser une des foreuses malgré le bruit que l’extraction va provoquer. Passion d’Ecorce positionne la foreuse laser qu’elle a trouvé dans l’atelier de taille. Cette dernière a une fonction permettant l’automatisation de l’extraction sans abimer la pierre. La Felin met la machine en marche et se recule, la laissant faire son œuvre. Immédiatement, les grognements redoublent et se rapprochent. Mak et Passion se mettent en position, prêts à se défendre. G’d’ni grimace, serrant son caillou dans sa paume. Mapoo se place très légèrement en retrait, le visage sérieux, bandant ses muscles. Quatre créatures humanoïdes aux regards torves, la gueule pendante et la démarche ébrieuse s’avancent dans le couloir vers le groupe. G’d’ni lance son caillou sur les mineurs nécrosiens. La pierre heurte l’une des créatures, ricoche et tombe au sol. Le mineur n’en semble pas affecté mais se tourne vers G’d’ni et aspire profondément en sa direction. Le visage de G’d’ni se contorsionne.
- « Ils s’attaquent à l’âme ! » dit-il en grimaçant.
- « Recule ! » crie Mak en sortant l’une de ces grenades.
Il arme son bras et lance la grenade. Celle-ci explose juste au-dessus du groupe de nécrosiens, les éclats de roche de la paroi leur tombent dessus. Les nécrosiens se secouent, ils sont encore vifs. Passion se concentre et essaye d’envoyer d’attaquer leurs esprits mais ceux-ci restent insondables. Mapoo sort son tam-tam. Passion en voyant le mouvement de son compagnon, détourne son attention des créatures et concentre son shaan pour soutenir son ami. Mapoo commence à jouer de sa musique tribale avec le soutien Féline de Passion. Les nécrosiens portent les mains à leurs oreilles. Les sons de musique pûrs semblent leurs être particulièrement néfastes. Trois des nécrosiens s’avancent vers Mapoo qui pare les coups sans difficulté. G’d’ni relâché de l’emprise du mineur en profite pour soigner son âme. Mak sort son épée féling et se jette sur l’un des mineurs. Il réussit à entailler le ventre de l’un d’entre eux qui s’effondre au sol. Les autres ont un mouvement de recul surpris par la férosité de l’Ygwan. Passion d’Ecorce prend exemple sur son compagnon et sort son couteau boréal, elle attaque l’un des mineurs mais celui-ci réussit à parer ses coups. Mapoo continue de jouer et les créatures sont toujours sous l’effet de sa musique. Un deuxième nécrosien s’effondre, inerte. G’d’ni s’est reculé contre la paroi, à l’écart de la bataille. Il utilise ses pouvoirs de soins pour soutenir Mak. Alors que les deux créatures restantes se jettent sur Mapoo en même temps, Mak et Passion viennent s’interposer et chacun porte un coup fatal aux nécrosiens. Mak se retourne vers la paroi rocheuse où la foreuse semble avoir fini l’extraction.
- « Prenez la Pierre, il faut remonter ! » crie-t-il.
Passion fait basculer la foreuse et se glisse à travers la paroi élargie pour saisir la Pierre d’âme. Elle la prend avec précaution dans ses bras et s’enfuit avec ses compagnons. Alors qu’ils remontent les escaliers, un spectre leur barre la route. Mapoo se place à l’avant du groupe et joue de son tam-tam de toutes ses forces. Le spectre vibre et se disperse comme emporté par les notes de Mapoo. Le groupe ne perd pas de temps et court. Ils passent la porte blindée du 2e sous-sol. Passion passe la carte à puce et verrouille la porte derrière eux. Après avoir repris leurs souffles quelques secondes, le groupe quitte la mine. Ils croisent les gardes en sortant qui les regardent passer d’un air absent. Chacun reprend sa place dans le Shadrag.
- « Allez en voiture, on rentre. » dit G’d’ni très satisfait de quitter la mine.
Annotations
Versions