Chapitre 4 - 1

3 minutes de lecture

100 ans plus tôt.




Une vive lueur s’émana de sa main tendue et se réfléchit sur les cristaux parsemant la totalité de la grotte. La luminosité devint si intense que Serymar avait l’impression qu’elle filtrait au travers de ses paupières fermées. Après de longues secondes, une surface dure et lisse se forma sous sa paume. La lumière se dissipa en même temps qu’il cessa d’utiliser ses pouvoirs. Vidé de ses forces, ses jambes se dérobèrent et il se retrouva à genoux devant ce grand mur de cristal, sa paume toujours dessus.

— Adieu, Syriana… Les Dragons auraient au moins pu m’accorder des larmes pour te pleurer, prononça-t-il dans un faible murmure.

Il resta de longues minutes ainsi et se laissa envahir par le silence des lieux. Cela avait un effet apaisant pour son esprit tourmenté. Plus de bruit. Plus de mouvement. Le silence lui était devenu salvateur, surtout après avoir saccagé le salon qu’il avait improvisé avec Syriana. Son corps recouvert de sang empestait, il s’en moquait.

Il était convaincu que rien ne pourrait réparer son cœur brisé. La solitude ne l’avait jamais dérangé, mais Syriana avait comblé sa vie à un point tel que le retour de ce grand vide lui était douloureux à retrouver.

Il se releva avec lenteur et fit face au mur de cristal : à l’intérieur, Syriana, comme endormie. Serymar avait fait en sorte de retirer toutes les traces de sang, dans l’espoir de retrouver la beauté de Syriana, désormais pâle. Il avait refermé la blessure sur son ventre déformé pour plus de décence.

Il demeurait incapable de retirer sa paume du cristal. Comme s’il pouvait encore sentir Syriana vivante.

— Savais-tu que les pierres précieuses sont d’excellents catalyseurs de magie ? énonça-t-il, éteint. Le cristal est le plus puissant. J’espère que cet héritage, laissé par les Apokeraos qui vivaient ici autrefois, parviendront à remplir le rôle que je leur ai donné. Qu’ils sauront contrer ces inventions maudites et ne te trouveront pas.

Les craintes de Syriana juste avant sa mort, étaient justifiées. Serymar supportait à peine sa perte, il ne pourrait pas encaisser que sa sépulture soit profanée. Il refusait qu’ils utilisent Syriana pour leurs sombres expériences. Son cœur se comprima en repensant à Aëlys. Volatilisée. Il n’avait pas retrouvé sa trace en sondant une dernière fois le ventre de Syriana. Comme si elle n’avait été qu’une illusion. Pourtant, la chair déformée de Syriana prouvait le contraire. Serymar soupira et se téléporta hors des lieux.

Il reparut face à la porte souterraine menant aux anciens cachots. La haine le submergea. Sa colère neutralisait toute son objectivité. Tout ce qu’il avait refoulé, tout ce qu’il s’était efforcé d’oublier ressurgirent des tréfonds de sa mémoire. Il avait la désagréable impression de redevenir cet être misérable sans intérêt : un être uniquement composé de colère et de souffrance, complètement inadapté au monde dans lequel il évoluait. C’était comme si la compagnie de Syriana avait renforcé ce barrage que Serymar s’était lui-même construit pour évoluer, et que son départ aussi brutal que soudain avait tout détruit. Tous ces efforts, pour voler aussitôt en éclat. Il n’en avait plus la force. Il en avait perdu la motivation. Il ne voulait plus. Il avait tout perdu. On lui avait anéanti son avenir, ses efforts et ses espoirs.

— Ils ont raison. Je ne suis qu’un monstre. Une créature créée de toute pièce, murmura-t-il.

Il cessa de lutter et laissa la souffrance l’étouffer. Cette fois, il acceptait sa destinée. Il serait cet être cruel que le monde le poussait à devenir. Il leur apporterait satisfaction.

Contre toute attente, une sensation de libération s’empara de lui. Plus de limites. Plus de barrières. Une expression mauvaise s’afficha sur ses traits, ses yeux brillèrent d’une lueur cruelle.

— Ils ignorent encore quelle monstruosité ils ont créé…

Suite ===>

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire Eylun ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0