Chapitre 23 - 2

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Karel suivit les indications de Sinbad. Durant son chemin, il s’émerveilla encore du cadre onirique : tout était si calme et paisible !

Les bâtiments semblaient sorties tout droit d’un rêve avec leurs pierres blanches qui contrastaient avec l’herbe émeraude qui recouvrait tout l’île. Des piliers sculptés blancs entouraient chaque maison. Une brume légère flottait entre elles, ajoutant une ambiance mystérieuse. À mesure que Karel marchait sur les sentiers de galets blancs, le doux son de ce que Wil avait nommé « fontaine » se faisaient entendre, apaisant aussitôt les humeurs. Comme le marin l’avait mentionné, il s’agissait de sculptures magnifiques.

Un grand bâtiment en bois se dressa face à lui. Un vacarme provenait de l’intérieur. Karel poussa les grandes portes et entra. Il fut impressionné.

Il eut le sentiment d’être entré dans un pays de géants : le toit du bâtiment était particulièrement haut et de nombreux navires flottaient sur l’eau salée, majestueux. De grandes machines mécaniques étaient installées, proportionnelles à la taille des différents navires. L’odeur d’iode le saisit aussitôt.

Il y avait du monde. Lorsque que Karel entra, personne ne fit attention à lui : chacun affichait une expression concentrée, les gens allaient et venaient, les bras chargés de lourds matériaux qu’ils portaient souvent à plusieurs. Des ordres se criaient, des mouvements précis s’exécutaient en une danse parfaitement maîtrisée.

« Impressionnant… »

Ne souhaitant pas gêner, Karel se plaqua dos contre un mur et étudia le plus de personnes possibles, à la recherche d’Athéna : Sinbad n’avait pas été vraiment précis. Il y avait autant de femmes que d’hommes en ces lieux. D’après sa description, Athéna devait avoir le même âge que lui. Karel concentra ses efforts sur cette caractéristique.

La tâche se révélant quelque peu ardue, il chercha le navire de Wil. Sauf que tous les navires se ressemblaient. Karel soupira.

« Rien qu’une seule fois dans ma vie, je voudrais goûter au luxe de demander mon chemin sans difficulté… »

Il chercha des indices autour de lui : les lieux étaient grands et devaient certainement demander une bonne organisation, au vu des gestes parfaitement maîtrisés des occupants. Ainsi, il trouva quelques pancartes, indiquant des sections bien précises.

Karel s’en approcha et chercha quelque chose qui pourrait lui indiquer une zone de réparations : entre la malédiction du Dragon et l’attaque des elfes noirs, le navire de Wil avait subi beaucoup de dégâts. Wil n’avait pu réparer que ce qu’il avait pu, sur Pershkin.

Sa destination trouvée, Karel suivit le chemin indiqué par le panneau. Lorsqu’il arriva, Karel examina la zone : il ne voyait Whélos nulle part.

« Où es-tu passé ? »

Karel descendit une autre volée d’escaliers et, une fois en bas, il essaya de retrouver le bateau de Wil : rien à faire, tous les bâtiments se ressemblaient traits pour traits. Karel se permit d’intercepter un homme qui passa proche de lui au même moment et tenta sa chance : il forma le prénom de Wil avec ses doigts en essayant de réprimer une grimace gênée.

— Désolé, l’ami, je ne comprends pas ce que tu cherches à dire.

Karel alla aussitôt s’excuser, mais l’homme le regardait dans les yeux.

— Tu es un de ces étrangers ramenés par Wil, n’est-ce pas ?

Le jeune homme vit là un petit espoir. Il répondit donc par l’affirmative par un léger hochement de tête.

— Il n’est pas là, mais son bateau est là-bas, lui indiqua le marin en désignant une direction. C’est Athéna qui s’en occupe.

Karel le remercia chaleureusement.

— Avec plaisir. Bonne journée !

L’homme s’éloigna. Karel prit la direction indiquée par le marin et aperçut un navire qui lui sembla un peu plus familier que les autres. Toujours aucune trace de Whélos, en revanche.

Karel releva la tête vers une source bruyante à même le navire de son ami. Il attendit quelques instants et aperçut une jeune femme monter en équilibre sur les garde-fous du bateau, rangeant habilement des outils dans une ceinture qui pendait sur ses hanches. Lorsque leurs regards se croisèrent, elle sauta du haut de son perchoir avec l’agilité d’un chat à quelques mètres devant lui.

Comme tous les membres de la Tribu, elle possédait des branchies bleues à la place des oreilles et des yeux de la même couleur. Ses cheveux sombres tressés en deux longues tresses lui arrivaient jusqu’au-dessus de ses genoux. Une mèche sombre semi-longue lui servait de frange sur le côté. Elle portait les mêmes spartiates mécaniques que Wil, et sa tenue était majoritairement dans les tons bleus, comportant un haut et un simple short pour mieux se mouvoir, sans aucune entrave.

Elle entreprit de retirer ses gants de travail et offrit un sourire chaleureux à son visiteur.

— Salut, beau brun ! Laisse-moi deviner, tu es Karel, c’est ça ?

Le concerné acquiesça. Athéna sourit de plus belle.

— Génial ! J’avais hâte de vous rencontrer ! Mais bon, le travail, le travail… Désolée, j’espère que vous me pardonnerez cette impolitesse ! Heureusement, Papa est incapable de me remettre à ma place ! Je crois que j’ai trop de charmes ! ajouta-t-elle avec un clin d’œil malicieux.

Karel ne put s’empêcher de répondre par une moue amusée : Athéna ressemblait bel et bien à son cousin sur ce point-là. Il trouvait cette façon d’être admirable, avec tous les drames familiaux qu’ils avaient endurés. Il ne faisait aucun doute qu’Athéna devait aussi avoir refoulé sa peine au plus profond de son cœur pour avancer dans la vie, avec le sourire aux lèvres au lieu de larmes sur le visage.

— Ah, mais, pardon, je ne me suis même pas présentée !

Karel voulut lui signifier gentiment qu’il connaissait déjà son nom, mais la jeune femme lui tendit joyeusement une main gantée d’une mitaine en cuir noir.

— Je m’appelle Athéna ! Bienvenue dans notre Tribu, Karel ! J’espère que tu t’y plais !

Karel lui répondit par l’affirmative. Athéna le fixa et posa ses mains sur ses hanches.

— Eh bien, j’avoue que je n’y croyais pas, mais c’est vrai, tu ne peux vraiment pas prononcer un seul mot ? Comment ça ne doit pas être pratique ! Tant pis ! Nous ferons avec !

Comme son père, elle semblait aussi apprécier parler. Karel trouvait cette ressemblance amusante. Athéna toqua contre le bateau.

— J’ai presque terminé. Il y en avait, des dégâts ! Le cœur devrait être réparé demain, ça, c’est hors de mes compétences. Nous avons une équipe bien spécifique pour ça. J’ai fait tout le reste, et ai remplacé la voile que vous aviez rafistolé. C’était du boulot !

Karel aurait bien souhaité lui demander comment elle avait appris à réparer ces navires, mais sentant la chose très périlleuse, il préféra s’abstenir : il pourrait toujours le demander à Wil plus tard.

Le jeune homme tourna la tête pour fixer l’eau, ce qui attira aussitôt le regard d’Athéna. Lentement, Karel posa une main sur son épée et pointa l’autre vers l’eau : celle-ci frémit et des lettres se formèrent une par une. Athéna plissa les yeux.

— Whélos ? Celui qui a l’âge de Papa ?

Karel hocha la tête.

— Il est passé ce matin. Mais il avait l’air un peu absent. Il est dans la zone où nous prenons nos pauses. Tu verras, c’est agréable, on voit le ciel et la mer !

Karel lui répondit par un petit sourire en la remerciant pour ses indications. Athéna lui en offrit un encore plus large.

— Pas de problème, avec plaisir ! Allez, ce soir, je devrais enfin pouvoir manger avec vous ! Ça nous permettra de faire plus connaissance ! Je n’ai pas encore fait payer à Wil de m’avoir donnée autant de travail, et de nous avoir autant inquiété !

Karel ne souhaitait pas imaginer ce qu’elle réservait à son cousin, en se remémorant les paroles de Sinbad. Il se contenta de la remercier et de prendre congé.

Une lueur espiègle passa dans les yeux bleus de son interlocutrice. Elle réduisit instantanément la distance qui les séparait. Karel se figea et Athéna, un sourire malicieux sur le visage, lui posa un index sur ses lèvres.

— Tu n’as pas intérêt à le prévenir, d’accord ? Ça ne sera pas amusant… Je compte sur toi, d’accord ? Sinon, je te passerais moi aussi un savon ! Depuis le temps, ça me manquait !

Karel ne put que lui répondre par l’affirmative, à nouveau. Athéna sourit de plus belle, recula de quelques pas en roulant des hanches.

— À plus tard, charmant étranger venu d’ailleurs !

Avant que le jeune homme ait pu réagir, Athéna lui offrit un clin d’œil pendant qu’un halo bleuté enveloppa ses chevilles : un instant plus tard, ses spartiates se rétractèrent, des palmes bleues apparurent entre ses doigts, tandis qu’un voile transparent apparut sur ses yeux bleus. Athéna bondit et plongea dans l’eau pour disparaître sous le navire, certainement pour procéder à d’autres réparations.

Karel ne perdit pas plus de temps et prit la direction qu’Athéna venait de lui indiquer.

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