Jeudi 26 décembre – Partie 2

4 minutes de lecture

Le type n’a pas bougé, si je continue, je lui roule dessus. Son visage ne m’est pas inconnu. Je demande à mes passagères cachées de ne pas bouger. Coralie reçoit la consigne de verrouiller le pick-up quand je serai sorti, et de s’installer au volant. Je vais discuter avec le gars. Si ça tourne mal, elle doit filer vers au plus vite et se cacher, de nouveau, dans la nature, avec les petites.

— Salut ! Alors, on prend l’air ?

C’est la seule question idiote que j’ai trouvée pour engager le dialogue. Le gars me répond avec un fort accent alsacien.

— Qu’est-ce que vous faites avec ces mômes ?

Merde, je connais cette voix… Et ce visage, que je vois de plus près.

— Je vous connais ! Alban, c’est ça ? Le voisin d’Hélène ? La Mini, c’est vous ?

— Les mômes, ils vont bien ?

C’est bien Alban. Je l’ai jamais aimé, ce mec ! Un emmerdeur fini. Toujours à me casser les pieds, chaque fois que j’allais passer le week-end chez Hélène. Et là, l’apocalypse n’a pas changé ses habitudes. Il a décidé de me faire chier en répondant à mes questions par d’autres questions. J’ai horreur de ça…

— Vous êtes drôlement loin de chez vous, non ? Vous cherchez quelque chose de particulier, ici ?

— Les fanfreluches rose bonbon, un peu partout, c’est vous ?

C’est clair, il a décidé de m’emmerder, une fois de plus. Je vais jouer à son jeu, ça ne fera rien avancer, mais, s’il craque, on saura à quoi s’en tenir…

— C’est quoi, cette tenue de camouflage ? Vous avez peur qu’on vous voie ?

— Vous en avez trouvé d’autres que ces trois-là, des gosses ?

Pourquoi il s’intéresse tant aux gosses, ce con ?

— Vous avez trouvé du monde ici ou là ? Vous avez rassemblé des gens ? Ou bien vous jouez juste à vous faire peur, avec vos potes ?

— Vous avez entendu parlé de l’Eden ?

Qu’est-ce que c’est que ce délire ? Comment j’aurais entendu parlé de quoi que ce soit ? Et qu’est-ce que c’est que cet Eden ? Une sorte d’Oasis de vie au milieu de ce merdier ?

— Eden ? Comme le Paradis, Adam et Eve, toutes ces conneries ?

— Vous allez faire quoi de ces mômes ?

Il m’emmerde vraiment avec ses questions. Ça lui boucherait le trou du cul de me répondre ?

— Vous avez l’air mieux renseigné que moi ? Vous pourriez me donner quelques explications, peut-être ?

— Il y a un endroit. On l’a aménagé pour y rassembler les gens qu’on retrouve, pour les soigner, les nourrir. Pour qu’ils ne soient pas seuls.

Alleluja, putain !

— Et vous en avez retrouvé beaucoup ? Je veux dire, avec votre tenue, à mon avis, au mieux, on ne vous voit pas, au pire, vous faites peur aux gens, ils ne vont pas se montrer…

— On en a quelques-uns. Pas beaucoup.

— Et c’est où, votre Eden ?

— Au nord-est. On est assez bien installés, niveau hygiène, c’est pas mal.

Ça, c’est drôlement précis. Ça ne doit pas être un commercial de formation, ce mec. Parce que là, moi, ses salades, je ne suis pas client. J’ai l’impression qu’il essaie de m’embobiner. Qu’est-ce qu’il veut à mes gosses ?

— Vous faites une reconnaissance dans le coin ? Je veux dire, pour trouver d’autres gens ?

— On va repartir, il se fait tard, on ne veut pas tomber sur eux, la nuit.

Sur qui tu ne veux pas tomber, la nuit, connard ? Il n’y a personne, il n’y a rien. J’en ai passé des nuits dehors, depuis deux mois. Il n’y a rien… D’ailleurs, son Eden, au nord-est, avec tout ce que j’ai cartographié, je n’ai rien trouvé non plus qui ressemble à ce qu’il dit.

— De qui vous parlez ? De qui vous avez peur ?

— Des créatures de la nuit, qui attaquent du couchant au point du jour. Il vaut mieux se mettre à l’abri.

— Quel genre de créatures ?

— Elles attaquent par le ciel, on ne les entend pas, je crois qu’elles sont à l’origine de ce foutoir.

Il se fout de moi, ce con ? Il n’y a pas de créature de l’enfer, ici. Il a vu trop de films apocalyptiques…

— Bon, ben, on va aller se planquer, dans ce cas-là. Bonne chance, les mecs.

— Attendez ! Vous allez où ? Suivez-nous, on a un abri, pas loin d’ici. Ne prenez pas de risque avec les enfants…

— Ça va aller, je pense, on va tenter notre chance de notre côté, essayer de trouver d’autres personnes à sauver de ces monstres. Salut.

Je remonte dans le pick-up, du côté du volant. Coralie semble soulagée, j’autorise les petites à sortir de leur cachette, de toute façon, elles ont été repérées par ces guignols. Je résume la situation. Petite-Julie m’explique ce qu’elle sait, de la bouche d’Hadrien, lui-même. Des gens mal intentionnés vadrouillent un peu partout pour enlever des enfants et les emmener dans un endroit inconnu et en faire des esclaves.

J’ordonne à tout le monde de se calmer. D’abord, pour trouver des enfants à enlever, il faut se lever de bonne heure, vu qu’en deux mois de recherche, à part ma petite bande de protégés, j’ai plutôt fait choux blanc en permanence. En plus, les trois zigotos déguisés en miliciens, ils ont plutôt l’air de se débrouiller comme des manches pour trouver et attirer des gens dans leur piège…

Nous nous mettons en route, je fais jouer un CD, les petites finissent par s’endormir, Coralie aussi, elle pose sa tête sur mon épaule.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire FredH ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0