Jeudi 26 décembre – Partie 3

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Ça fait deux heures que je roule, en écoutant de la musique. Les filles dorment à point fermé. Je roule aussi tranquillement que possible, pour ne pas les réveiller. Bien entendu, il n’est aucunement question de monstres nocturnes, d’attaque impitoyable.

Quand j’y repense, cet Alban, quel con ! Même pas foutu d’inventer un mensonge crédible. Hélène m’a toujours dit qu’il était sympa. J’ai quand même du mal à y croire... Ou alors c’est moi... Il en a après moi, il me fait chier dès qu’il le peut. Après tout, c’est vrai que ce serait dommage de laisser passer la plus petite occasion de m’emmerder...

Tout à coup, un sifflement dans l’autoradio me sort de mes pensées. Délivrance ? Le sifflement est de plus en plus intense. Coralie ouvre les yeux, se redresse sur son siège. Elle passe sa main dans ses longs cheveux blonds, comme pour finir de se réveiller. Elle est assez jolie, même au réveil.

Sur la banquette arrière, un petit gémissement. Coralie se retourne, elle pose sa main sur le genou de Petite-Julie de façon à la rassurer. J’ai arrêté la musique et, du même coup, ce bruit parasite. Mais les petites sont réveillées, maintenant. Camille se demande ce qui se passe. Nous ne savons pas. M’est avis que ça ne va pas tarder à s’éclaircir...

Le sifflement revient, il est dans l’air, il n’est plus dans la radio. De plus en plus fort, de plus en plus inquiétant. J’arrête la voiture, je me retourne, la frayeur paralyse Camille et Julie. Un choc sur le toit, les petites sursautent et laissent échapper un jappement de peur, simultanément, tandis que Coralie s’agrippe à mon bras.

Les chocs s’enchainent maintenant sur le toit de la voiture, les fillettes hurlent de terreur, Coralie tente de masquer sa peur, difficilement. Dehors, des hurlements sauvages accompagnent les coups sur la carosserie, couvrant presque les cris des enfants.

Afin de rassurer tout le monde, je me surprends à attraper Camille, que je dépose sur les genoux de Coralie, puis Julie, que je prends dans mes bras. De surprise en surprise, je colle mon front sur celui de Coralie, de sorte que nous sommes tous les quatre en contact, dans une espèce de calin collectif.

La petite voix de Camille évoque les monstres de la nuit qui nous attaquent. Mince, ils ont donc entendu ma conversation avec l’autre con d’Alban... Je lance un regard interrogateur à Coralie, qui prend un air désolé.

Depuis le début de ce bordel, j’ai dû passer soixante-dix ou quatre-vingts pour cent de mes nuits dehors, et c’est bien la première fois que j’essuie une attaque. Précisément le jour où ce sale con m’a parlé de ces créatures. Tu parles d’une coïncidence... Il va falloir tirer ça au clair et désamorce la crise au plus vite. Et si je revois ces enfoirés de paramilitaires, ils vont voir de quel bois je me chauffe. On n’a pas idée de foutre la trouille à des mômes de cette façon-là...

J’essaie d’apaiser tout le monde comme je peux, dans la cabine du pick-up. Et puis je récupère une lampe électrique dans la boîte à gants. Il faut que j’aille voir dehors. Petite-Julie s’accroche à mon cou. Je me libère tant bien que mal de son étreinte, je lui murmure des paroles réconfortantes, elle se calme un peu, je sors.

Des formes d’oiseaux, à plumes, tournent au-dessus de nous, descendent en piqué, heurtent le toit de la voiture et repartent, tout ça dans un vacarme assourdissant. Pourtant quelque chose ne colle pas. Pourquoi ces bestioles ne s’en prennent qu’à la voiture ? Et ces hurlements, ils sonnent bizarrement.

Je rejoins la benne, à l’arrière. Il y a un pied de biche, que j’ai trouvé là, quand j’ai « emprunté » le véhicule. Je l’y ai laissé, ça peut toujours servir. Ce soir, ça va servir. J’empoigne le machin, je retire mon bras juste avant qu’un de ces trucs ne tombe dessus, et je me prépare. Le prochain qui s’approche va manger de l’acier. Le prochain qui attaque va goûter de ma colère.

PAF ! J’en ai eu un. Il tombe à quelques mètres de la voiture. Lumière. Pendant que les autres, curieusement, s’acharnent sur le toit, je m’approche de la bête blessée. Je me baisse, j’attrape la chose. Mais qu’ils sont cons, ces fumiers !

Je me débarrasse des autres saloperies et on rentre. PAF ! PAF ! PAF ! PAF ! Plus un bruit... On est tranquille. On dirait qu’il n’y en a plus. Dans la voiture au toit tout cabossé, le calme revient petit à petit. Je charge les quatre merdes que je viens d’abattre, je bâche le tout, c’est parti.

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