Lui

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Il ne la voyait pas.

Il avait beau déployer tous ses sens, toute sa volonté, il ne la voyait pas.

Il poussa un grognement guttural, qui n’avait rien d’humain – et c’était bien normal, malgré l’apparence qu’il avait choisi d’adopter, il ne l’était pas. Il l’avait bien été, il y a quelques centaines d’années, mais cette époque était bien loin derrière lui. Maintenant, il était tout-puissant, rien ne pouvait pas l’arrêter, et surtout pas cette gamine qu’il n’arrivait toujours pas à trouver.

Il se retourna brusquement, ayant senti une présence derrière lui. Il s’approcha à lents pas d’elle, jusqu’à ce que leurs nez se frôlent. Elle restait droite, immobile, la tête haute. Il posa délicatement ses mains sur sa gorge, son cou, sa nuque, les caressèrent. Oh, comme il avait envie de refermer ses doigts autour de cette gorge albâtre si nue, si fragile ! Comme ce serait simple, si simple, de briser cette vie à laquelle il tenait, tant, cette vie qu’il détestait !

Mais, comme depuis des centenaires, il se retint. Pas encore. Elle pouvait encore lui être utile – pour le moment.

« Tu ne sais toujours pas où elle se trouve ? »

Sa voix claire tinta à ses oreilles, réveillant la bête qui sommeillait au fond de son être.

« Non », et cette réponse fut plus une impression qu’une parole.

Ses mains descendirent et effleurèrent ses épaules, sa taille, son dos.

Elle ferma les yeux, mais il ne sut si c’était de plaisir ou de frustration. Son âme était telle une rose, belle et délicate, mais entrelacée d’épines, la rendant inatteignable.

Ses narines frémirent lorsque ses mains remontèrent pour encercler son visage. De ses pouces, il traça le contour de ses yeux, de son nez, s’attardant sur ses lèvres, puis ils s’arrêtèrent sur son menton. Il la contempla un instant, puis se pencha vers elle avec la ferme intention de l’embrasser, mais ses lèvres rencontrèrent du vide, et il la sentit lui glisser des doigts. Il baissa les yeux et vit un petit chat tigré le regarder, le jaune perçant de ses pupilles lui lançant des éclairs réprobateurs.

Il éclata de rire et le chat fila jusqu’à ce qu’il ne puisse plus le voir.

Il resta ainsi, tout seul, à rire dans le noir.

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