Fenrir

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Elle sourit. Le soleil brillait fort dans le ciel nu de l’hiver, qui touchait à sa fin. Cette journée s’annonçait bien.

Elle jeta un dernier coup d’œil par la fenêtre, puis sifflota en se dirigeant vers son nouveau fauteuil de prédilection. Elle s’affala dedans et caressa les accoudoirs, recouverts de motifs alambiqués. Que c’était beau… Cela lui donnait envie de partager l’art de son créateur avec le monde. Hélas, il n’avait pas voulu se montrer.

La femme soupira et frotta, presque inconsciemment, son annulaire, où une alliance en or avait bien failli se trouver, de nombreuses années auparavant… Cela faisait à présent douze ans qu’il était parti, emportant le fruit de son ventre avec lui. Douze ans qu’elle avait passé à se languir de leur présence, mais à faire semblant d’être forte. Douze ans qu’elle savait que seule sa mort à elle pourrait les ramener.

La femme mit finalement son menton dans sa main, pour ne plus regarder cette dernière, et éviter de raviver de trop douloureux souvenirs. Elle posa son regard sur le feu qui ronflait dans l’âtre en forme de gueule de loup, en face d’elle. Cet animal, nommé Fenrir dans sa langue natale, était le symbole de sa famille depuis de nombreuses années.

Force, Bravoure, Loyauté telles étaient les valeurs éternelles des Merkdül, érigées dans des piliers sculptés dans le roc le plus solide depuis des centenaires, si ce n’était des millénaires. Et elle avait échoué à respecter la dernière. D’ailleurs, c’était à peine si elle s’était conformée aux deux autres. En apparence, sûrement, mais au fond…

Elle tourna sa tête en tous sens, tentant de détendre son cou crispé par les soucis – et l’âge. Car elle vieillissait, cela était indubitable. Elle devrait bientôt trouver quelque jeune qui pourrait perpétuer la devise de sa grande famille. Le choix n’était pas évident. Son seul héritier était mort. La plupart des membres de sa famille avaient décidé de se couper d’elle, ou bien étaient entre quatre planches de bois. Il lui restait bien le fils de son cousin, mais… Elle devrait y réfléchir.

Pour le moment, elle n’y arrivait pas. Ses pensées revenaient toujours vers ceux qu’elle avait abandonnés. Ils s’immisçaient dans son esprit à ses dépens, et cela la blessait plus qu’elle ne les aurait cru capables.

La femme se leva, et se dirigea vers la prodigieuse commode qui couvrait tout une partie de la pièce. Elle effleura un des tiroirs de ses doigts, n’osant l’ouvrir. Il renfermait tout ce qu’elle avait caché à l’intérieur d’elle-même, tout les sentiments qu’elle avait refoulé depuis si longtemps, recouverts d’une nappe noire… Elle ouvrit le tiroir d’une poigne ferme, et attrapa le médaillon. Elle l’ouvrit, déterminée à faire ressurgir une bonne fois pour toute ses émotions et de, peut-être, le lancer dans quelque cours d’eau, pour ne plus jamais y penser.

La vue de l’enfant, et de son père, la fit flancher. Geak… Cela faisait si longtemps… Il était mort de nombreuses années auparavant, mais c’était elle, à présent, qui brûlait à petit feu.

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