A défaut d'être idiot soyons bons

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Eluna, d'une voix teintée d'agacement, interrogeait Pandoro sur l'achat du pain à la boulangerie ce matin : "Pandoro, as-tu vraiment pris la peine d'aller à la boulangerie ce matin pour acheter du pain?"

D'un geste résolu, elle brandit son poing en direction de Pandoro, et d'un ton résigné, celui-ci répondit : "Non, ma chérie, je compte m'y rendre au coin de la rue d'ici peu."

Eluna, toujours irritée, répliqua : "Bien, mais fais vite. On dirait que tu es une marmotte réticente à quitter son douillet nid. Ne pense pas qu’à toi et remue toi un peu si tu a l’intention de trouver des mets succulents à ton retour"

Pandoro, jeune homme d'une vingtaine d'années au tempérament jovial, s'éloigna avec détermination, et bravait le temps maussade de Sélukar, la cité métropole dont l’étendue d'habitations fuyait le regard à perte de vue.

Arrivé devant la porte renfoncée du magasin, il pénétra dans cet établissement au charme rustique, dont l'architecture rénovée par un menuisier des années auparavant laissait transparaître son caractère.

"Bonjour, madame. Un pain suédois, s'il vous plaît," demanda Pandoro d'une voix simple.

La boulangère lui répondit avec une simplicité chaleureuse : "Bien sûr, Pandoro. Et tiens, j'ajoute quelques biscuits fourrés au chocolat. Ça fera 30 Ani."

"Parfait, voilà. Merci beaucoup. Au revoir," s'exclama Pandoro, et quittait le magasin avec fierté, le panier rempli de délices pour sa famille.

De retour chez lui, il annonça à sa femme le coût de sa dépense et expliquait le supplément pour les biscuits.

Cependant, la réaction d'Eluna ne fut pas celle escomptée.

"Quoi!" s'écria-t-elle en colère. "À qui sont destinés ces biscuits? Personne ne les mange ici. Tu pensais me faire plaisir, mais cela ne sert à rien, car je ne les mangerai pas. Et tu as dépensé plus que nécessaire. C'est toujours pareil avec toi. Tu ne sais jamais dire non!"

Pandoro, déconcerté, tenta de calmer le jeu : "Bon, je vais faire un tour. Il semble impossible de discuter en ce moment."

Il claqua la porte derrière lui, et laissait les oiseaux chanter au loin alors qu'il se dirigeait vers le chemin en direction de l'abattage de la volaille, avec l'espoir que la nature apaiserait les tensions.

En chemin, il se trouvait toujours englué dans les méandres de son esprit. Il s’agissait de commenter les propos de sa femme. La virulence avec laquelle elle l'avait pris de court résonnait encore dans son mental si particulier. Il réfléchissait et se disait : « Elle ne peut pas comprendre la noblesse de rendre service ? Nos priorités sont certainement divergentes. Elle semble être enveloppée de matérialisme, alors que moi, je m'efforce d'entretenir des relations harmonieuses avec tout le monde. »

Ses préoccupations semblaient s'évaporer à mesure qu'il atteignait sa destination. Il s'agissait de l'abattoir singulier de Sélukar, un édifice imposant, austère, construit en béton, où les animaux étaient transportés dans d'innombrables camions en vue de leur destin funeste. Cependant, Pandoro n'était pas là pour la désolation du spectacle, mais pour rendre visite à un ami : Eurytide, un vétérinaire d'une quarantaine d'années, dont le ton et la voix percutaient le pauvre et frêle Pandoro.

Pandoro le salua avec chaleur et un peu d’ironie : « Bonjour Eurytide. Comment te portes-tu ? Éprouves-tu toujours autant de satisfaction à exercer ton noble métier ? »

Eurytide répondit de manière professionnelle : « Bonjour Pandoro, je fais simplement mon devoir. C'est gratifiant de savoir que je contribue à nourrir des centaines de milliers de concitoyens. »

Eurytide observa une volaille non conforme aux normes d'abattage et ajouta avec assurance : « Tiens, regarde cette poule. Elle ne répond pas aux critères, mais je préférerais avoir un poulet de qualité plutôt que des maigrichons dont la vie est mise en péril au moindre coup de froid.

Pandoro répondit avec compassion : « Pourquoi ne me la laisserais-tu pas ? »

Eurytide, d'un ton assuré, accepta : « Prends-la si tu veux, je n'en ai pas besoin. »

« Merci, Eurytide », répondit Pandoro, fier de sa nouvelle acquisition. Il s'éloigna ensuite vers un terrain de superficie de 3 ares dont il était propriétaire, décidé à cacher la volaille à sa femme. Il savait qu'elle aurait été capable de le bombarder de mots si acérés que le pauvre Pandoro aurait eu du mal à se relever.

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