Le labeur de Pandoro et sa passion pour Xélopet

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À mesure qu'il repoussait les limites de sa fatigue, son esprit vagabondait dans une autre dimension : celle où il percevait les efforts déployés par Xelopet pour lui offrir des poussins. Bien sûr, il pensait qu'elle aurait besoin d'un coup de main, que Pandoro lui accorderait une fois qu'il aurait fait le vide dans son état psychique.

Il s'agglutinait à son poste tel un maçon devant une tonne de matériel à monter. Il ne savait plus où donner de la tête, et perdait son goût pour faire les choses correctement. Il accélérait de plus en plus, mais la tonne de légumes ne diminuait pas, pire encore, elle augmentait à chaque livraison des fournisseurs, deux à quatre tournées par jour.

Il alla voir son patron pour lui demander de ralentir la cadence : « Chef, nous n'en sortons plus. Il doit y avoir une rotation car l'épluchage de tonnes de légumes est une tâche rébarbative et sujette à une longue routine lassante. Pouvez-vous nous venir en aide ? » Le chef répondit : « Allons bon, nous n'allons pas nous fâcher pour si peu. Vous devez être plus rapide. Nous n'arrêterons pas la cadence. Vous êtes notre meilleur employé du mois. Ne me décevez pas et retournez à votre poste. »

Peu enclin à riposter, car il avait une sainte horreur des discussions longues et improductives, il retourna au poste sans une pointe d'amertume. Mais Pandoro n'était pas un homme à chercher les conflits, et d'ailleurs, il manquait singulièrement de poigne, sa voix ne portait pas assez fort pour se faire entendre. Il était juste bon à accepter les conditions de travail, même s'il les trouvait disproportionnées par rapport à ce qu'il était susceptible de produire.

Après deux heures de travail supplémentaires, il eut fini sa tâche comme il l'avait lui-même projeté.

« Bien, il est temps de partir et de retrouver ma poule chérie avant de retourner chez moi », se dit-il. Il prit le chemin le plus rapide, dont le temps du voyage s'était raccourci par ses pas toujours plus accélérés.

Il ouvrit la barrière de son enclos. Il n'appela pas directement Xelopet, mais il prit un instant pour se reposer et repenser à sa journée de travail. Puis, dans un sursaut, il décida d'appeler sa poule : « Xelopet, viens voir papa, il t'apporte le repas du soir. Ne sois pas timide. »

La petite poule, d'un ton brunâtre et en meilleure santé que les jours précédents, vint trouver son maître par adoption. Grâce à lui, elle avait pu échapper à un destin funeste. Elle caquetait, s'approchait de Pandoro et lui faisait des câlins doux sur le bas de son pantalon en signe d'affection.

« Tiens, Xelopet, c'est pour toi. Je suis désolé pour le retard, mais j'ai été retardé au boulot. J'espère que tu ne m'en veux pas. » Xelopet, d'un ton des plus aimants, vint dans le creux de la main de Pandoro, où il avait déposé quelques graines pour qu'elle vienne picorer.

Cette scène dura une fraction de seconde, car Xelopet avait faim et le faisait savoir à Pandoro et indiquait que la ration n'était plus suffisante. En effet, elle caquetait réclamait de nouvelles graines et venait près de lui comme pour dire : « Apporte-moi d'autres graines, j'ai faim. »

Pandoro comprit que sa poule devenait de plus en plus vorace et promettait de rapporter le lendemain plus de graines. Il réfléchissait également à lui donner une compagnie de l'autre sexe, un coq. C'était compliqué, car il devait outrepasser l'autorité de sa femme et pensait faire tout en cachette, car dans ce terrain situé face au soleil le matin, Eluna ne venait jamais.

Il s'ensuivait une discussion personnelle sur l'avenir de sa poule, car Pandoro lui vouait une affection particulière, presque paternelle, comme s'il s'agissait de l'un de ses propres enfants. Il envisageait d'introduire un coq dans leur vie, non pas immédiatement, mais probablement dans un mois ou deux. Il devait s'assurer que la santé de sa poule resterait stable pendant cette période.

Il se séparait de sa poule sans ressentir de nostalgie, sachant que c'était un au revoir temporaire, car ils se retrouveraient dès le lendemain matin.

Il prit la direction de sa maison, située à quelques encablures de son terrain. Une fois chez lui, il s'enquit de sa femme. Eluna avait préparé le dîner, même s'il était déjà 21 heures. Elle savait où il avait passé les dernières heures.

Elle lui demanda : « Alors, comment s'est passée ta journée de travail ? » Pandoro répondit : « Ce n'était pas facile. J'ai dû faire deux heures supplémentaires aujourd'hui et je suis épuisé. Merci pour ce repas. » Il s'attela à son assiette, composée de féculents, de viande, et de quelques légumes. Cependant, la vue de ces derniers semblait le dégoûter légèrement en raison des nombreuses épluchures qu'il devait gérer chaque jour.

Pandoro rassembla ses affaires et gravit les marches vers la chambre à coucher, prêt à se livrer corps et âme aux bras de Morphée. Sa femme le suivait de près. Une fois sur l'oreiller, une discussion s'engagea sur Xelopet. Malgré la fatigue dans sa voix, elle demanda : « Quand pourrais-je venir la voir ? »

Pandoro, conscient que ce n'était pas le moment idéal d'introduire le coq, répondit : « Viens demain, je te présenterai à Xelopet. Elle sera ravie de voir un visage inconnu. »

Sur ces mots, ils s'endormirent, chacun plongé dans des rêves empreints de leurs aspirations.

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