Sous le signe de Xelopet : rencontre avec l'inattendu
Eluna et Pandoro étaient blottis dans le lit conjugal, prêts à se donner à une danse effrénée, fruit de passions immortelles et d'un amour infrangible. Mais ceci n’est point le sujet, car dans notre longue histoire, nous admettons un point convergent : leur tempérament jugé temporairement trop peu tourné vers le besoin de l’autre.
Par contre, Pandoro, dans son rêve après une nuit mouvementée, était empreint d’images contrastées par le fait de faire plaisir à sa femme et d’un autre côté, de se libérer de son aura dominatrice. Son rêve le montrait dans le triomphe d’un terrible dragon à deux têtes, mais il devait abandonner toute convoitise du trophée parce qu’il s’était fait soudoyer par les murmures incessants de son esprit. En effet, il le poussait à chercher la voie de la transcendance de son âme à la place d’un désir matériel éphémère et peu honorifique pour sa belle vaillance.
Il se réveillait en sursaut, trempé du thorax à la tête et se demandait si l’expérience forgée sur des relations moins tapageuses pourrait façonner son caractère autrement. Puis, il se rendormait sans aucune autre préoccupation majeure et passait le reste de la nuit dans les bras de Morphée. Et, lui, susurrait de mettre un holà à sa quête d'un avenir plus heureux.
Quelques jours plus tard, c’était la venue de Epura, la sœur d’Eluna dans le but, selon Pandoro, de mettre un terme à la dispute née sous le signe de Xelopet. Il n’allait pas travailler car c’était samedi. Son travail d’Eplucheur requérait une permanence 5 jours sur 7, de 8 heures à 17 heures.
Il prenait le chemin de sa terre où il retrouverait avec une certaine palpitation Xelopet, sa douce et tendre volaille
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Eluna ne prenait pas d'un bon pied que son mari s'en aille se promener à l'aube pour un gallinacé qu'elle aurait, sourire à l'appui, tôt fait de faire cuire, ou qu'elle aurait vu d'un bon œil qu'elle parte vers d'autres propriétaires. Quand bien même leur désaccord fut ainsi profond, une discussion devait se produire pour pousser Pandoro à la donner.
Au dedans de la basse-cour, Pandoro attendait patiemment aux côtés de Xelopet l'heure où Epura se lèverait pour l'amener vers son improbable rêve : terrasser la vanité d'Eluna et adoucir ses moments de tensions en une symphonie orchestrale menant à un oui pour Xelopet. Il prit patience et l' appela aussitôt qu'il avait vu sur sa montre indiquer 9h30.
Après avoir entendu le son d'Epura au bout du réceptacle, il disait ces mots : « Allo, Epura, c'est Pandoro ? » et ne laissait guère le temps à Epura de lancer une réplique. Il se mettait à blablater ces propos : « As-tu pensé à moi ces derniers jours ? Quand peux-tu venir me voir ? J'espère que cela ne te pose pas de soucis. »
Pandoro pressait Epura de toute son expérience relationnelle , mais Epura, fan de Pandoro et son côté parfait gentilhomme, reprenait la conversation laissée en suspens par Pandoro : « Je ne t'ai pas oublié. Je ferai les quelques kilomètres de mon domicile jusqu'à ta terre. Je viendrai vers 15h, est-ce que cela te convient ainsi ? » Pandoro, un peu sur le ton de douceur, répondait: « Oui, Epura, c'est sensationnel que tu puisses venir, et aussi n'oublie pas de parler à Eluna par la suite. » « D'accord, mais tu devrais m'expliquer pourquoi tous ces messes basses ? S'agit-il d'une affaire d'une si grande importance ? entonnait une Epura enthousiaste de jouer un tour à sa soeur
"Viens cet après-midi, je te dévoilerai tout ce que tu dois savoir," reprenait Pandoro et raccrochait tout de suite le téléphone. Epura n'en revenait pas de la façon dont Pandoro avait interrompu la conversation. Elle ne savait pas à quoi s'attendre vu que Pandoro laissait place aux mystères.
Elle rumina dans son salon spacieux, fait de bois de chêne, hésitait, mais finalement, elle se projetait sans crier gare aux recommandations de Pandoro. Après avoir pris son petit déjeuner, elle était d'une humeur coquette. Elle se revêtit de ses plus beaux habits pour l'occasion, peignait ses longs cheveux bruns et se pouponnait telle une marquise. En effet, elle pensait que Pandoro allait lui présenter un jeune homme, et que sa gêne à en discuter reflétait avant tout son tempérament assez introverti, pensait-elle.
Elle suggérait qu'elle devait jouer la comédie auprès d'Eluna pour lui faire comprendre qu'elle était sur le point de se marier avec ce bellâtre inconnu, ou autre chose dont la nouvelle aurait mis la femme de Pandoro dans l'embarras. Car, dans le ton de voix de cet amoureux de la vie des poules, il y avait une marque infrangible et suscitait une curiosité et une stupéfaction de la part d’Epura.
Pour tuer le temps, Pandoro sortait des livres d’histoires pour donner à Xelopet l’émotion de faire attention aux lectures de son interlocuteur. Ainsi, quand Pandoro se mettait à lire les histoires, dont la sélection se faisait en commun accord avec Xelopet par un caquètement pour dire oui, la poule de Pandoro se blottissait dans son coussin de paille, qu’elle avait elle-même aménagé une fois qu’elle pondrait des œufs. Elle était toute ouïe aux paroles de Pandoro.
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Il commençait à prononcer les mots, les phrases, le sens, posément assis sur une chaise en hêtre. Émerveillée, sa poule adoptait sa plus belle posture et clignait des yeux dans un endormissement sur son amas d’herbe sèche : une scène poignante. C'était un témoignage de la manière dont la connexion agrandissait le pouvoir de la musique délicate, les deux visages imprégnés d’émotions profondes. Pandoro observait sa volaille succomber à la fatigue, mais quelques instants avaient suffi pour qu'elle s'endorme, vaincue par la douce sonorité de sa voix.
Il continuait, preuve du prolongement de son amour et d’affection au-delà de ce qu’il pouvait ressentir pour sa femme. Elle pouvait s’endormir dans un monde où Pandoro façonnait ses rêves, ses songes, pour un être non classifié parmi les créatures pensantes.
Alors qu’il s'interrompait dans un tourbillon de pensées positives, il se rendait compte qu'il était temps d’accueillir sa belle-sœur Epura. Il prenait les outils de jardinage restés dans une remise aménagée par Pandoro au moment où son dynamisme l’avait amené à concevoir cet habitat des plus rudimentaires pour la nécessité de l’entretien de son potager, de sa végétation, des plantes, des arbres fruitiers, mais également des tomates et de la verdure.
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C'était comme si un homme était né sous le signe de la nature. Bien que son métier le conduisît vers une industrialisation de sa vie sur terre, il demeurait profondément enraciné dans une nature à la fois profonde et délicieuse, à explorer, malléable et difficile à dompter.
Il parcourait le chemin où se tiendraient les débats avec Epura. S'avançant vers ce passage de fortune, son tempérament prévoyant lui dictait d'étendre ce chambranle pour en bâtir un moins précaire, facilitant ainsi les allées et venues jusqu'à la basse-cour sans gêne pour les jambes et les chevilles. Il possédait une manie de ces ustensiles et savait pertinemment quel impact aurait l'utilisation de la binette sur sa végétation.
Après une demi-heure de savoureux aménagements à sa terre, il en fut particulièrement satisfait. Il avait l'opportunité d'accueillir la ravissante belle-sœur dont les relations ont toujours porté leurs fruits.
« Eh oh, Pandoro », s'écriait une voix au bord du trottoir. « Bonjour Epura, comment vas-tu ? Rentre, c’est ouvert », manifestait Pandoro d’un cri assourdissant pour les passants.
Epura rentrait à l’intérieur par la grille restée entrouverte. Elle s’aventurait sur le passage ameubli et se rapprochait de Pandoro d'un pas hésitant. Elle avait mis des chaussures avec des talons et avançait périlleusement sur ses terres rendues arides et sèches par le froid.
Quand Epura faisait face à Pandoro, elle lui disait : « Alors, quelle nouvelle as-tu à m’annoncer ? Je suis enthousiasmée par ta volonté de me voir. » Pandoro répondait d’une voix imbriquée : « Viens, je dois te présenter quelqu’un. » Tous deux se dirigeaient vers la basse-cour.
« Ah, d’accord, c’était donc cela que tu devais me faire voir », exprimait Epura avec nuance de déception, car elle s'était fait un film de paillettes et de feux d'artifice autour d'un homme qu'elle aurait pu aimer. Mais ce fut loin d’être le cas. Elle voyait une volaille dodue et endormie sur sa paillasse de foin.
Pandoro renchérissait : « Tu vois, Eluna ne veut pas que je la garde, et pourtant elle a des atouts que nulle autre espèce ne peut offrir à un être humain. Il y a une véritable séquence d’amitié entre Xelopet et moi. Je voudrais que tu convainques ma femme de l’adopter. C’est l’unique demande que je te prie de m’accorder, vu que je serais profondément affecté si elle venait à me manquer. »
Epura disait : « Je vois, je suis touchée par ton message, mais si elle pondait des œufs, elle aurait une utilité, ne crois-tu pas comme moi ?
Pandoro répondait d’un ton imprégné d’émotions : « Je te crois. Pour le moment, elle est incapable de faire ce que tu demandes, mais avec un coq ? Et puis, l’importance réside dans ces mimiques uniques. Je ne te sens pas particulièrement emballé, mais pour moi, elle demeure une précieuse aide et réconfort. Elle m’apporte énormément d’amour. Quand l’amour est présent, les choses se mettent à leur juste équilibre. Fais-moi confiance. »
Epura répondait avec un ton de compassion : « Je vais essayer. Je ressens énormément d’attachements, et je ne voudrais pas te priver d’une telle bénédiction. Tu sais combien l’attachement est important, et moi aussi, quand je m’attache aux choses, j’en suis difficilement séparable. Tu m’as convaincu. Je vais parler à ma sœur. »
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