le dialogue passionné entre Epura, Eluna et Pandoro : entre voltes - face et compréhensions

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Le lendemain se profilait à l'horizon et apportait son cortège de surprises, des plus agréables aux moins plaisantes. En cette journée, Eluna allait être mise à l'épreuve par sa sœur Epura en présence de Pandoro, une épreuve qui allait sonder les profondeurs de sa patience.

L'écho du premier échange retentissait lorsque Eluna interpellait une nouvelle fois Pandoro. Elle teintait sa voix d'une pointe de frustration. "Où te diriges-tu par ce froid glacial ?" demandait-elle. D'un ton nonchalant, Pandoro répliquait, "Tu sais, ma chérie, je vais travailler à ma terre. Je ne serai pas loin. Si tu veux venir, tu es la bienvenue." Insatisfaite de cette réponse, Eluna ripostait, "Fais comme tu l'entends. Ça m'exaspère que tu ne prêtes jamais attention. Libère-toi de ce gallinacé ! Si tu ne le fais pas, je serai contrainte d'appeler la Société de Refuges pour Animaux, la SRA. Ne me pousse pas à bout."

Face au changement de teinte de sa femme sans signe de calme, Pandoro tentait de désamorcer la situation. "Oui, tout à fait, je m'en occupe encore un peu. Laisse-moi ce petit brin de bonheur, s'il te plaît." Alors qu’Eluna ignorait la tentative de médiation, elle se retirait pour étendre les linges fraîchement lavés.

Pandoro partait, conscient qu'il devait être de retour à 11h30 pour le diner à trois :Pandoro, Eluna et Epura Malgré le froid piquant et le vent impétueux, il était bien emmitouflé dans un jean en velours, une chemise en cachemire bleu foncé, des collants, et une chemisette à même le corps comme sous-vêtement. La journée promettait d'être tumultueuse, et Pandoro, arrivé sur place, sifflotait un air de comptines d’histoires qu’il avait enseignées à sa cocotte bien-aimée Xelopet.

Xelopet surgissait tel une tendre épouse dont la rugosité de la voix de Pandoro et la sonorité des comptines mélodieuses jetées dans l’air givré incitait la Galline à caqueter une symphonie délicate en guise d’élancer des débats plus profonds avec son propriétaire.

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Ce dernier avait l’idée de lui apprendre à élargir sa palette de compétences par des aptitudes fort peu communes mais, selon lui, indispensables : le vol aérien de son animal ailé.

Pandoro s'investissait corps et âme dans l'éveil de cet objectif. Il ne souhaitait pas la voir utiliser ses ailes pour sauter la clôture ou se défiler dans les rues de Sélukar, mais juste des petits bonds aériens pour lui donner toute l’étendue de son potentiel et migrer vers des horizons émotionnels encore plus épanouis.

Il rêvait de la voir évoluer avec une grâce renouvelée, plus libre et aisée dans ses mouvements. Il se disait qu’elle pouvait user de ces ailes pour créer de nouvelles chorégraphies, de nouvelles manières de se déplacer. C’était un défi dont l’issue n’était pas gagnée. Il se devait d’essayer et pourquoi pas réussir. Il la prenait par le dos et lui caressait les plumes pour la rassurer. Elle se laissait faire comme un animal apprivoisé. Il la déposait sur le dos d’une chaise et lui montrait ce qu’il attendait d’elle.

Il lui parlait et mimait une nouvelle façon de bouger, plus spectaculaire, plus en phase avec sa nature. Il essayait de la faire basculer, elle, adossée sur le dos de la chaise avec laquelle il lui contait des histoires. Et vlan ! Elle devait déployer ses ailes pour retourner sur le sol rigide et sec. Elle s’exécuta, mais c’était plus un réflexe qu’un signe d’un quelconque apprentissage. Il réessayait et lui demandait de refaire le geste. Mais bien sûr, elle en était incapable. Alors, il prit un de ses livres d’histoire et lui narra le récit d’Icare : un jeune homme dont la particularité était son apprentissage du vol par des ailes fabriquées par son ingénieux père Dédale. Les ailes pouvaient être plus qu'un simple ornement.

Elle semblait acquiescer et comprendre que ses ailes pouvaient lui être utiles en cas d’attaque d’un prédateur pour se percher sur des hauteurs inatteignables pour les créatures sans scrupule. Pandoro installa des perchoirs et lui racontait comment les animaux se devaient de se protéger s'ils utilisaient leurs pouvoirs que Mère Nature leur avait conférés.

C’est ainsi que petit à petit la poule devenait plus mobile. Elle commençait à déployer ses ailes et trouvait à son aise dans son nouvel apparat. Xelopet voyait un moyen de se débattre et aussi d’utiliser ses ailes pour faire fuir les intrus. Ce que Pandoro désirait, c’était de la voir user ses ailes confortablement et comme des réflexes. Il essayait de lui apprendre, de lui raconter les bienfaits d’un oiseau ailé. Comme par magie, Xelopet se mettait à comprendre et commençait à déployer ses ailes dans le but de plaire à Pandoro. Elle avait intégré dans sa tête minuscule les préceptes d’un Pandoro toujours plus attentif et affectueux au bien-être de sa poule.

Après avoir passé deux heures en compagnie de Xelopet dans les méandres de sa faible consistance de mémoire, il ne pouvait partir sans lui parler de son futur. Il disait : « Aujourd’hui, Eluna décidera si elle souhaite te garder ou non. J’espère au fond qu’elle accepte de te garder ». En signe d’acquiescement, Xelopet caquetait deux fois et semblait être conscient du ton sérieux de son maître par des traits pliés pour montrer sa conception de ce qu’il pouvait lui arriver. Après avoir échangé quelques bribes de conversations, Pandoro décida de rejoindre sa femme dans la résidence familiale. C’est à ce moment qu’il vit Xelopet déployer ses ailes et se percher sur le toit de la basse-cour dans un signe d’encouragement et d’espoir.

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Homme impatient, joyeux et actif, Pandoro, d’une allure rapide, se précipitait chez lui avec la conviction de faire plaisir à Eluna et de bien se présenter pour la venue d’Epura. Il décidait donc de préparer le diner alors qu’Eluna se préparait. Chacun tel un orchestre bien huilé faisait les tâches sans demander l’avis de l’autre. Pandoro se mettait au fourneau.

Sa liste d'ingrédients comprenait des patates, des légumes, du riz, du poisson et même du chocolat. Il enfournait les légumes et les patates pour créer une symphonie de saveurs. Il découpait ensuite le poisson en petit cube et le faisait bouillir jusqu’à ce qu’il obtînt une sauce de poisson agrémenté d’épice tel que le Safran, le curry et des fines herbes. Il cuisait le riz jusqu’à ébullition et il obtenait un risotto à la sauce de poisson.

Pour lui, il était temps de se préparer et laissait sa cuisson dans sa cuisine meublée d’un four, d’un frigo et d’appareils électroménagers utiles en toute circonstance. Il prenait ses habits qu’Eluna avait mis à l’écart dans la penderie. Il y avait un blazer marron, un pull en laine à col roulé gris ainsi qu’un pantalon côtelé de couleur bleu marine.

Il attendait sagement qu’Eluna lui laissait la salle de bain pour enfiler ses habits d’un jour de repas de famille. La salle de bain, munie d’un lavabo, de WC et de différents meubles pour assurer l’hygiène et les soins du visage et du corps, était situé au 2ème étage et était assez grand pour accueillir différentes personnes mais Eluna a toujours préféré garder son intimidité par rapport à son mari.

Quelques instants aveint suffi pour qu’elle fît son apparition devant les yeux stupéfaits de son mari. Elle avait opté pour un tailleur sombre, un collier gravé des initiales de son amour ainsi qu’une montre finement ornée de matériaux rares. De plus, elle portait des lunettes dont la monture était faite en acier inoxydable et les verres ophtalmiques lui permettaient de voir sur une courte et une longue distance. Pandoro la complimentait et lui disait : « Tu es vraiment superbe, mon amour. J’espère être à la hauteur de ta splendeur» Elle descendait les escaliers après avoir ajouté : « Pour ma sœur, rien n’est trop beau. Je me dois de montrer ce que je vaux extérieurement. Elle a tellement été focalisé sur l’aspect extérieur. »

Pandoro investissait, à son tour, la salle de bain et se changeait. Il veillait à se raser de près, à se nettoyer et laver ses cheveux d’un pelage brun foncé telle la fourrure d’un ours brun.

Alors qu’il finissait d’enfiler ses vêtements, on venait sonner à la porte. Tous deux se doutaient de l’identité de qui cela pouvait être. Eluna allait ouvrir et voyait Epura au bas de sa porte avec un bouquet de fleurs et une bouteille de cidre. Epura avait l’habitude de célébrer n’importe quel jour de l’année du moment qu’il y avait un bon festin derrière. Elle entamait la conversation : « Tiens, ceci est pour vous. Je me devais de ne pas venir les mains vides. » Eluna, pas surpris par ce geste ajoutait : « Viens, rentre, fais comme chez toi. On va bientôt passer à table » Ils marchaient tous deux vers la cuisine et s’asseyaient sur les chaises confortables et résistantes de la maison faites en bois de chêne et accommodé d’un cousin pour poser son popotin.

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Eluna servait de l'eau dans un verre de taille moyenne et le donnait à Epura. Elle connaissait son régime alimentaire dont l'eau et un peu d'alcool en des circonstances bien précises étaient son créneau. Epura remerciait sa sœur et demandait si Pandoro allait bientôt descendre, car il se faisait attendre.

Pendant ce temps, Eluna se mettait aux fourneaux et réalisait que le dîner était prêt à être servi. Malgré sa robe en velours vert foncé toute neuve, Epura aidait Eluna à mettre les assiettes remplies de mets concoctés par Pandoro sans craindre de se salir. Elle déclarait : « Voilà, les assiettes sont servies. Il ne manque plus que ton mari pour compléter le tableau. » Eluna ajoutait sarcastiquement : « Celui-là, il est toujours le dernier à prendre place à table, comme si les odeurs et saveurs ne l'intéressaient pas. »

Au moment où elle prononçait ces mots, une ombre s'approchait de la porte, et Epura reconnaissait la démarche rapide et énergique de Pandoro. « Enfin, tu en as mis du temps », répliquait Eluna d'un ton agacé, car son hôte était déjà attablé et les assiettes étaient posées sur la table. « Désolé, ma chérie, je rêvassais dans la salle de bain, et puis ce nœud de cravate m’a causé bien des soucis », s'excusait Pandoro tout penaud. « Viens, je vais t'arranger cela. Tu as du charme avec tes habits, et toute la bonté de ta personnalité en ressort. Bravo pour cet apparat, tu as fait preuve d'une grande ingéniosité. »

Tandis qu'Epura réajustait le nœud de cravate de Pandoro, celui-ci en profitait pour ajouter : « Je le dois à ma femme. Elle me connaît assez bien pour mettre en valeur ma personne. » « Voilà, c'est fait », répliquait Epura, dont la débrouillardise était son point fort.

Après un dîner fort copieux et de très bonne facture pour les trois protagonistes, ils décidèrent de sabrer le cidre. « Allez, hop, un peu de cidre pour tout le monde », s’exclamait Eluna d’un ton radieux lorsque sa sœur lui faisait l’amabilité de se présenter chez elle. « À Xelopet », extasiait Epura. Un silence de mort s'installa dans la pièce. Pandoro ne savait plus où se mettre, et Eluna s'apprêtait à entamer la conversation avec Epura.
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« Xelopet, ce gallinacé ! Il n'en vaut pas la peine ! Pourquoi faire référence à cet animal alors que le repas s'est passé dans une humeur joviale ? Pourquoi essayer de m'énerver ? » disait Eluna d'un ton exaspéré.

« Voyons, Eluna, Xelopet ne t'a rien fait, et laisse le pauvre Pandoro s'égayer de sa volaille. En plus, elle sait faire pas mal de petites choses, dont les salutations. Cela fait d'elle une poule singulière dont Pandoro a une affection très profonde envers cette créature », essayait d'expliquer Epura avec des propos attentionnés envers Xelopet.

Eluna ne décolérait pas et disait : « Ce n'est pas dans mon intention de la retenir auprès de nous, car elle nous mange toutes nos économies. »

Epura, remplie de bonnes idées, continuait : « C'est difficile de te faire fléchir, mais je vais quand même essayer. Pour le surplus de dépenses au sein du ménage, tu peux compter sur Pandoro, dont l'harmonie au sein du couple n'a d'égal que sa bienveillance. Il ne te fera débourser aucun Ani supplémentaire. Il travaillera plus pour te donner davantage de confort et à Xelopet. D'autre part, sa débrouillardise pour t'assurer un maintien du niveau de vie et à Xelopet se démultipliera. Enfin, tu devrais donner plus de voix au chapitre à ton mari, je pense. »

Eluna, un peu mise à mal, répliquait : « Voyons, ma sœur, tu crois que Pandoro m'accorde le soutien nécessaire au sein du ménage. Moi dont les nuits sont écourtées par la lessive, le repassage ou la vaisselle. »

Epura donnait la réplique instantanément : « Tiens, prends ce cahier et note-y les tâches que tu voudrais faire seule, à deux, ou seulement Pandoro. » Elle rédigeait une feuille complète et décrivait les tâches qu'elle souhaitait que son mari accomplisse.

Epura ajoutait : « Maintenant, à vous de vous y tenir. Que cela soit Pandoro ou toi, vous devez mettre de l'eau dans votre vin pour améliorer ce qui ne va pas. »

Eluna, d'un geste de complaisance, se tournait vers son mari : « D'accord, tu peux garder Xelopet, mais tu dois me promettre que quand tu vas travailler, tu pourras faire ces tâches et de même quand tu reviens. Je vais aménager pour toi une simplification des tâches nocturnes pour te permettre de rendre visite à Xelopet. Je fais cela parce que je t'aime. Mon amour est comme un astre bleuté sur une profonde et continue affection. »

Pandoro répliquait : « D'accord, ma chérie, je vais te permettre de souffler un peu, car je t'aime moi aussi, et même plus fort que toute l'affection que tu me portes. »
Epura voyait d’un bon œil la réconciliation passée sous le fil de ma médiation et pensait : « Voilà, une chose est faite, maintenant à Pandoro d’honorer l’autre partie du contrat. » Elle se tournait vers Pandoro et lui faisait un clin d’œil, lui décidé à faire plaisir à Eluna. Il la prenait dans ses bras en guise de satisfaction personnelle.

Il se faisait tard. Il était temps de dire au revoir à Epura et de la remercier pour sa gestion des conflits, dans une situation où Pandoro n’avait jamais réussi à tenir tête à sa femme.

Alors qu’ils voyaient Epura s’en aller, ils en profitèrent pour s’installer sur le divan en cuir et se câliner comme à leurs premiers jours de mariages, un temps très éloigné des préoccupations actuelles du jeune couple.

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