Paver, le coq qui a échappé à la mort
Arthur, ce jeune homme virtuose, assistant et naturellement empathique envers les patients d'Eurytide, avait été contacté par Pandoro il y a quelques jours. Ensemble, ils se rendaient à l'abattoir, là où de jeunes volailles étaient sur le point de perdre la vie.
"Voilà ! Quelques spécimens de coq ! Ils sont tous destinés à mourir pour différentes raisons, aucun n'a de maladie et sont certifiés par Eurytide. Lequel veux-tu ?" demandait Arthur à Pandoro, avec une lueur d'enthousiasme dans les yeux.
Pandoro, après une pause contemplative, répondait, "Je prendrai... attends que je réfléchisse un peu. Celui-là ! Il me paraît doux et capable de s'occuper de ses affaires."
"Excellent choix," s'exclamait Arthur avec un sourire radieux. "Tu peux t'attendre à une ribambelle de poussins. Il suffit de prononcer la formule magique ! Ah ah ah," ajoutait-il, ajoutant une touche d'humour.
Alors qu’il quittaient l'abattoir, Pandoro se sentait satisfait d'avoir fait une bonne affaire. Impatient de présenter son nouvel achat à Xelopet, sa poule, il ignorait que le coq fraîchement acquis était vorace et exigeait une double portion de grain. Pourtant, il se rassurait et comme il avait choisi un grain enrichi en protéines, il assurait ainsi la prolificité du coq encore sans nom lors de ses premiers rapprochements avec Xelopet.
Au revoir à Arthur, Pandoro envisageait que cet assistant pourrait être un bon parti pour la sœur d'Eluna : ambitieux, serviable et perspicace. Cependant, l'heure n'était pas aux rencontres amoureuses.
Pandoro voulait s'assurer que le coq, baptisé Paver, embellirait la vie qu'il avait créée pour sa poule. Pour ce faire, il décidait d'aller sur sa terre et séparait le terrain en deux avec des clôtures pour enseigner au coq les subtilités émotionnelles apprises par Xelopet.
Alors qu’il saluait Xelopet, Pandoro lui rendait fièrement hommage. Elle était surexcitée à l'idée d'avoir un compagnon. Pandoro la calmait et disait, "Pas tout de suite, Xelopet. Je dois dresser ce coq comme je l'ai fait pour toi."
Il commençait immédiatement son éducation. "Tout d'abord, je te remercie d’avoir accepté de faire partie de ma basse-cour." Le coq, dont le cocorico était mélodieux et sonore, faisait une mimique que Pandoro interprétait comme "Je suis tout ouïe, j’ai les oreilles bien fines." Prenant un livre d’histoire, Pandoro lui narrerait les aventures de Rabba, le coq égoïste pris à une rivalité avec d’autres coqs de la même basse-cour.
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Cela semblait captiver Paver, ses plumes délicatement agencées et offrait une texture voluptueuse au toucher. Il exprimait toute son affection envers Pandoro, avec qui il n'avait partagé que quelques moments. Cependant, la personnalité de Pandoro se reflétait dans l'aura de cet oiseau particulier. Il l'appelait tendrement "mon ami Paver", "Paver si généreux" ou encore "mon petit coq Paver."
L'heure était venue de passer aux choses sérieuses. Avant de partir, Pandoro ramassait les graines éparpillées de sa sacoche et remplissait les deux récipients, Xelopet et Paver.
Alors qu’il reprenait son chemin en direction de sa demeure, Pandoro, dévoué à la prospérité de son foyer, montrait tout son engagement. Une fois chez lui, Eluna le remarquait et disait : "Tu es parti de bonne heure aujourd'hui ? As-tu rendu visite à ta poule, Xelopet ?" Pandoro répondait de manière évasive : "Oui, je suis allé la voir. Elle était ravie de me voir. Malheureusement, le froid glacial ne nous permet pas de prolonger nos échanges. Mais en effet, elle se porte plutôt bien."
Pandoro interrompait la conversation avec Eluna pour s'acquitter de ses tâches quotidiennes. Afin de se rappeler de ses responsabilités, il consignait tout sur un bout de papier, qu'il façonnait à nouveau chaque jour. Eluna était ravie du comportement de Pandoro et ne voyait plus Xelopet comme un obstacle au bonheur du couple. Au contraire, elle percevait son mari comme étant encore plus épanoui de cette manière. Elle avait réalisé bien après le mariage que le caractère de son époux pouvait satisfaire aussi bien les animaux que les êtres humains. L'épisode avec Xelopet lui avait fait prendre conscience que Pandoro accordait autant d'importance à la vie conjugale qu'à ses relations particulières avec les animaux.
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Il exécutait les tâches avec une diligence remarquable, et Eluna était aux anges, enchantée de voir son mari s'investir davantage dans la vie conjugale. Bien sûr, elle avait conscience des limites et ne demandait pas à Pandoro d'accomplir autant de tâches qu'elle, compte tenu de ses obligations professionnelles, de ses heures de travail, et du temps passé aux côtés de Xelopet.
Pour Pandoro, l'arrivée d'Epura avait apporté des bienfaits indéniables et contribuait à accroître son bonheur. Il partageait avec sa femme des activités qu'elle affectionnait, comme la plantation de géraniums, éduquait ses volailles avec l'enthousiasme d'un professeur utilisant diverses méthodes d'enseignement et suscitait l'émotion chez sa poule, Xelopet, et son ami le coq, Paver.
Le dîner approchait, et Eluna s'attelait à la préparation du repas. Pandoro, arrivé à la chaumière entre 10h00 et 10h30, prenait son temps pour se lover dans les couvertures improvisées laissées sur le divan par la charmante Eluna. Il se prélassait parmi les couvertures, et pensait à la possible sensation de froid de sa poule et de son coq par ce temps maussade. Toutefois, il se rassurait rapidement, se rappelait que ses animaux étaient débrouillards et que leur instinct de survie les guidait pour se protéger du froid, que ce soit dans l’utilisation du foin comme couverture, dans la mise en place d’un système de perchoir, ou dans le refuge près du poêle installé depuis l'arrivée du coq.
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Pendant le dîner, Eluna interpella Pandoro : « Mon chéri, es-tu heureux avec moi ? » Le chef de ménage répondit de manière enthousiaste : « Bien sûr, mon amour. J'ai connu des hauts et des bas, mais l'essentiel, c'est que nous soyons ensemble. Tu me donnes la panoplie du parfait petit commandant. Mais, tu as raison, pour me faire avancer, j’ai besoin d’être secoué et que l'on me remette les idées en place. » Tendrement, Eluna dit à son mari : « Tu sais, si tu veux, je peux être moins autoritaire. Si tu es toujours franc avec moi, je serai plus conciliante. Mais je te remercie déjà du travail que tu fais depuis quelque temps à la maison. Cela vient du fond du cœur ».
Alors qu'ils terminaient doucement le repas, ils profitèrent pour s’installer dans les couvertures laissées là par Pandoro un peu avant le repas. Ils s’entrelaçaient et filaient le parfait amour sans accroc.
Cependant, lorsque Pandoro réfléchissait à la nécessité de toujours dire la vérité, il omettait de mentionner l'arrivée d'un nouveau pensionnaire dans la basse-cour. Il ne savait pas s'il devait le lui dire et il pensait que si cela ne venait pas de lui, elle l'apprendrait par quelqu’un d'autre. Alors qu’il n’avait pas l'intention de contrarier sa femme et se sentait incapable de lui tenir tête, il décidait de ne pas lui révéler la vérité. Bien conscient qu'elle ne le prendrait pas bien, il se résolvait à travailler sur lui-même pour rendre cette nouvelle plus acceptable. Il estimait qu'il pouvait être préférable d'éviter d'être trop franc et direct dans certains cas.
Eluna, de son côté, se blottissait dans les bras du robuste Pandoro et ignorat que les tracas de son mari allaient s'accumuler au fur et à mesure que ses mensonges se développaient pour préserver leur confort et la paix dans leur foyer.
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