L'amour miné par son mensonge sur son coq Paver

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Chaque parcelle de mensonge que Pandoro tissait était perçue par Eluna comme une trahison en devenir. Les tromperies étaient monnaie courante chez Pandoro, non pas parce qu'il voulait nuire à sa femme, mais plutôt parce qu'il cherchait à éviter les confrontations, source de tant de troubles dans l’harmonie du couple. Eluna avait toujours su exploiter les circonstances en sa faveur pour réprimander son mari, mais ils n'avaient jamais eu de discussions profondes sur des problèmes cruciaux. Leur amour était indéniable, mais ils avaient tendance à éviter les sujets délicats et compromettait ainsi leur confiance mutuelle.

Afin de parfaire leur amour, ils décidèrent de réaliser une activité ensemble avant d'aller se coucher. Ils optèrent pour le nettoyage des carreaux de la devanture et profitait de la température piquante pour respirer l'air du grand Nord. Pandoro grimpait sur l'échelle et commençait sa tâche. Eluna, au sol, lui proposait : « Pandoro, veux-tu que je te passe de l'eau ? » Pandoro répondait : « Oui, ce ne serait pas de refus, étant perché comme un oiseau au-dessus de notre parterre. »

Eluna s'efforçait de fournir à Pandoro son seau et sa lavette. Elle allumait la radio et entonnait l'air de « La cantinière de Raymode ». Elle était consciente que son mari représentait tout pour elle, et elle ne voulait pas lui laisser croire qu'elle ne l'aimait plus. Dans les couples sans enfant, la routine pouvait s'installer et laissait parfois place à la mélancolie d'une vie célibataire. Eluna désirait un enfant de son mari, et bien qu'il n'ait pas catégoriquement refusé sa demande, elle oscillait telle une sirène entre les vagues de l'incertitude.

Pandoro s'acquittait de sa tâche avec compétence, mais en lui surgissaient les mensonges qu'il n'avait pu avouer à sa femme. Le poids sur sa conscience était palpable, et bien qu'il fasse preuve de dextérité face à l'horloge indiquant les minutes passées à récurer les fenêtres, Pandoro débattait intérieurement entre le bien et le mal. Il ne souhaitait pas se retrouver dans une telle situation, mais son manque d'implication sociale, sa difficulté à exprimer son opinion sans énervement ni fuite, le poussaient sur le chemin solitaire du mensonge auquel il avait goûté.

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Alors qu'il inspectait les vitres fraîchement nettoyées pour s'assurer qu'aucune trace ne subsistait, Pandoro interpellait son épouse : « Ma chérie, est-ce aussi propre que tu le souhaites ? » Eluna répondait avec enthousiasme : « Oui, mon amour, c'est tellement propre que tu pourrais remporter le premier prix du meilleur laveur de vitres ! »

Pandoro était habitué aux tâches manuelles, même s'il n'aidait Eluna que depuis peu, notamment depuis l'arrivée d'Epura. Il pensait, et peut-être avait-il raison, que l'amour se cultivait dans l'accomplissement de tâches à deux.

Une fois le travail terminé, Pandoro se dirigeait vers la salle de bain pour se débarrasser du liquide vaisselle laissé sur ses bras et ses mains. Comme il profitait de l'occasion, il disait à Eluna : « Que penses-tu d'aller se coucher ? » Eluna répondait joyeusement : « Quelle excellente idée ! Demain, dimanche, tu dois te lever tôt pour rendre visite à Xelopet. Viens, mon chéri, allons sous les draps ! »

Les deux se dirigeaient vers la chambre à coucher, et repensaient à cette journée apparemment ordinaire, mais rendue magique par la gaieté des deux protagonistes.

Le lendemain matin, Pandoro se levait et se rendait à la salle de bain pour enfiler ses habits du dimanche qu'il avait pris dans la penderie. Il optait toujours pour des vêtements facilement lavables en machine, car quand il revenait du poulailler, il était souvent souillé par les éléments crasseux de l'endroit, surtout au niveau des chaussures. Il avait choisi de porter des sabots pour mieux éviter la saleté.

Il partait, et Eluna, alors qu’elle le voyait au loin, lui faisait signe. Elle se disait : « Il ne m'a pas vue. Je le vois si heureux en ce moment ! Cela me rend également très joyeuse. »

Arrivé à la basse-cour, il allait d'abord voir son coq et lui demandait : « As-tu passé une bonne nuit ? Je vois que tu as bien fait ton nid et que tu as profité de l'aurore du matin pour chanter ton cocorico. » Le coq semblait lui répondre : « Oui, j'ai bien pris soin de me protéger du froid. Chaque matin, je chante, car c'est ainsi qu'on m'a habitué. »

Pandoro se transformait en un autre homme en présence de ses deux amis à plumes. Il disait : « Tiens, j’ai de quoi te soulager du froid. » Il tendait une poignée de graines de sa sacoche et les plaçait dans la gamelle du coq. Malgré la fierté et l'arrogance affichées dans sa posture de mâle dominant, le coq, nommé Paver, ne voulait pas montrer qu'il avait faim. La confiance entre lui et Pandoro s'amenuisait avec le temps, mais Pandoro pensait qu'il était essentiel de familiariser Paver avec la joie et la douceur associées à sa présence.

Il prenait un livre d’histoire comme à son habitude et narrait à son ami Paver les bienfaits d'une confiance mutuelle et les joies que procure la venue d'un visage connu. Le titre de l'histoire était "Le Coq Patrolis et son avarice". Pandoro espérait que cette histoire révélerait à Paver des sentiments positifs à son égard, malgré son apparente docilité et sa réputation de gallinacé rebelle.

L'histoire racontait les mésaventures de Patrolis, un coq avare dont le refus du partage était sa joie de vivre.

Tout lui était dû, jusqu'à ce qu'il rencontrait une poule nommée Plikur. Elle lui enseignait l'amour et le partage et le libérait de son égoïsme. Paver, alors qu’il écoutait attentivement, commençait à ressentir de l'empathie envers Pandoro. Il chassait ses démons intérieurs et s'approchait de Pandoro avec timidité et dissimulait au fond de ses plumes un cœur autrefois meurtri par des années d'errance sans trouver un foyer stable.

Paver pensait que Pandoro lui voulait du bien et commençait à rêver d'un futur harmonieux avec son bienfaiteur. Il se promenait dans l'enclos, faisait des signes de tête pour montrer qu'il avait compris la leçon et qu'il ferait tout pour satisfaire les besoins de son protecteur.

Pandoro, conscient de la nécessité de ne pas brûler les étapes, pensait que Paver était prêt à rejoindre la basse-cour de sa protégée. Il aspirait à favoriser un esprit de camaraderie entre les animaux et cimentait ainsi l’union des liens.

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Pandoro, alors qu’il portait un tablier brodé du nom de Xelopet, il se dirigeait joyeusement vers l'enclos de sa précieuse poule et portait avec lui une sacoche élégante emplie de graines spéciales. Son visage rayonnait d'anticipation, conscient que cet instant serait une expérience de bonheur inégalé. Les graines, bien que elle demeuraient l'appât de cette félicité, n'étaient qu'une partie du tableau qu'il avait minutieusement préparé pour lui et Xelopet.

Avec un geste doux mais déterminé, Pandoro ouvrait l'enclos et déclenchait une danse aérienne de Xelopet au-dessus de lui. Son regard étincelant révélait sa joie de retrouver le visage familier de Pandoro. Impatiente, elle s'interrogeait sur les leçons morales qu'il lui dévoilerait à travers ses contes du jour.

Pandoro, avant d'instaurer l'ambiance studieuse, prenait la sacoche avec des mains ridées par le froid et versait soigneusement les graines dans le bol de Xelopet. Un échange silencieux entre eux, où le regard de Pandoro exprimait sa gratitude et Xelopet répondait alor qu’elle picorait joyeusement, accompagné du caquetage de satisfaction.

Ensuite, Pandoro retirait un livre soigneusement choisi de l'étagère, intitulé désormais "Les amis d'exception : entre tendresse et amour."

L'histoire, narrée avec une passion renouvelée, mettait en scène une cocotte surnommée "cocotte-minute" en raison de ses amours singulières. Elle se réservait à être fécondée uniquement par un seul coq et repoussait toutes les avances ultérieures. Pandoro, avec une maîtrise narrative, relatait l'évolution d'une amitié entre cette cocotte et un coq bienveillant. Le récit explorait l’union, la tendresse et la passion et les rendait inséparables. La tragédie frappait lorsque la cocotte décédait et plongeait le coq dans un chagrin si profond qu'il renonçait à féconder toute autre poule.

Pandoro, alors qu’il faisait preuve de talent, incarnait la tristesse du coq dans son récit. Xelopet, comme elle ressentait le poids de cette histoire, préférait quitter la basse-cour. Pandoro regrettait d'avoir perturbé sa compagne plumeuse et s'excusait sincèrement et se hâtait de la rejoindre. Il la prenait délicatement sur ses genoux, la rassurait et cherchait à lui enseigner l'importance des liens entre les animaux. Xelopet comme elle comprenait le message, réconfortée par le toucher de Pandoro, semblait prête à accueillir Paver de manière cordiale.

Avant de quitter l'enclos, Pandoro promettait à Xelopet une surprise pour le lendemain. Il la laissait dans une atmosphère de compréhension et de réconciliation et partait ensuite pour retrouver sa femme Eluna à la maison. Inquiète de son absence matinale, elle exprimait ses préoccupations, auxquelles Pandoro répondait avec affection. Il expliquait son engagement envers le bien-être de Xelopet et soulignait qu'elle n'était pas malade, juste un peu seule.

Après cette conversation, Pandoro et Eluna décidaient de partager un repas délicieux avec des plats préparés avec soin et scellait ainsi une journée riche en émotions et en enseignements.

Pandoro, le lundi 15 février, reprenait le chemin du travail avec une certaine résignation. Bien que peu enthousiaste à l'idée de travailler, il comprenait que c'était nécessaire pour assurer son gagne-pain et respecter ses obligations contractuelles. Alors qu’il arrivait en avance au boulot, il débutait sa journée en saluant chaleureusement les opérateurs et le chef, comme à son habitude.

Le patron remarquait l'efficacité de Pandoro et lui demandait une faveur : « Dis Pandoro, tu es l'un de nos meilleurs éplucheurs. Pourrais-tu aider les nouveaux opérateurs que nous avons dû embaucher en raison du manque de personnel causé par des maladies ? » Pandoro, un peu embarrassé mais toujours prêt à rendre service, répondait : « D'accord, je veux bien être un partenaire idéal pour les nouveaux arrivants. Ne serait-il pas préférable d'embaucher de nouvelles personnes pour faire le travail ? » Le chef expliquait la situation financière et disait : « Merci Pandoro. On peut toujours compter sur toi. Embaucher de nouvelles têtes ? Cela ne se fait plus. Cela coûte bien trop cher à l'entreprise. Pour un employé comme toi, nous dépensons environ 50 000 ani par an, sans compter les taxes et autres obligations auxquelles l'entreprise est soumise. »

Pandoro se dirigeait ensuite vers son poste de travail habituel, occupé depuis cinq ans. Empreint d'empathie, il demandait aux opérateurs s'ils avaient besoin d'aide. En chœur, ils répondaient : « Non, ça va. Nous nous occupons de notre travail. Ce n'est peut-être pas aussi précis que ce que tu fais, mais nous nous débrouillons avec les moyens du bord. »

Pendant de longues heures, Pandoro et ses collègues épluchaient les tonnes de légumes livrées ce matin. Soudain, son éplucheur se cassait et créait un embarras. Son outil de travail était hors service et il se dirigeait vers le chef pour demander un remplacement. Le chef, conscient de l'importance d'avoir des équipements en bon état, lui confiait un éplucheur de réserve, encore emballé comme neuf.

De retour à son poste de travail, Pandoro déballait avec fierté son nouvel éplucheur et le contemplait avec admiration avant de se lancer dans la tâche, une attente mené tambours battant. Dans son esprit, il murmurait : « Avec toi, mon amie, nous allons surpasser nos précédents records en quantité d'épluchures en une heure. » Animé par une nouvelle énergie, il s'investissait corps et âme dans sa mission.

Il n'était pas étonnant de voir Pandoro accumuler des quantités impressionnantes d'épluchures. Son nouvel éplucheur agissait comme un catalyseur et créait un effet placebo, un boost de ces performances. Conscient de son nouvel attirail, Pandoro enchaînait les légumes avec une rapidité déconcertante et les épluchait comme s'ils étaient des petits pains que l'on enfourne avec une palette.

Sa productivité faisait des merveilles, et les opérateurs, étonnés par son efficacité renouvelée, ne pouvaient s'empêcher de le regarder avec admiration. Pandoro, dans sa quête de battre des records personnels, devenait une force inarrêtable dans l'usine et épluchait avec une précision et une rapidité sans égales. L'ambiance autour de son poste de travail était empreinte d'une énergie positive, un enthousiasme contagieux pour ses collègues.

Au fil des heures, la montagne d'épluchures grandissait, et témoignait du dévouement de Pandoro à sa tâche. Le chef, alors qu’il observait l'efficacité de son employé modèle, ne pouvait que reconnaître l'impact positif de l'éplucheur de réserve. Pandoro, tout en poursuivant son rythme effréné, se félicitait intérieurement d'avoir accepté de seconder les nouveaux opérateurs. Son attitude exemplaire était une source d'inspiration pour tous et prouvait qu'avec détermination et les bons outils, on peut accomplir des prouesses même dans les tâches les plus ordinaires.

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Tandis que Pandoro s'activait toujours avec diligence dans le va-et-vient des légumes, il se mettait à percevoir un sentiment de répulsion devant le défilé abondant de légumes. L'heure du déjeuner sonnait, et Pandoro essuyait son front, endroit où il paraissait retenir toute son énergie pour rassasier les exigences de l'entreprise.

Il jetait un coup d'œil autour des tables de travail, et constatait qu'elles étaient toutes désertes. Cette solitude était rapidement apaisée lorsqu'il se levait de son poste et se dirigeait vers le réfectoire, où il s'installait en compagnie de ses collègues, Frédulo et Cornélo. L'un d'eux, d'un ton frénétique, l'interpellait : « Cher Pandoro, as-tu bien réfléchi à notre affaire ? » Pandoro répondait avec calme : « J'y ai pensé, mais aujourd'hui, ce ne sera pas possible. J'ai d'autres tâches à accomplir avant. Reviens me voir la semaine prochaine. »

Alors qu'ils discutaient de sujets divers, la sonnerie retentissait pour signaler la fin de la pause. Ils se levaient alors, prêts à retourner à leurs postes respectifs et reprenaient leurs activités avec la même détermination et le même dévouement qu'auparavant. Pour Pandoro, cette brève pause avait été un moment de répit bienvenu et lui permettait de recharger ses batteries avant de se replonger dans le rythme effréné de la journée de travail.

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