La température du couple dû aux révélations de Pandoro à son paroxysme
Après ce récit émouvant, où Pandoro se distinguait par son talent pour le drame et l'humour, les deux compagnons étaient remplis de nouvelles perspectives, à la fois sages et nourris des paroles de Pandoro. Forts de leur relation indéfectible, ils escortaient Pandoro jusqu'à la sortie du poulailler. L'un voltigeait en avant, prenait l'initiative de se percher au-dessus de l’enclos, tandis que l'autre se tenait à sa gauche, marchait d'un pas assuré et lançait son cocorico mélodieux comme pour assurer à Pandoro que désormais, Xelopet avait un protecteur.
Pandoro quittait l'enclos, heureux de voir sa poule trouver une compagnie. Malgré le froid piquant de la saison, il rentrait chez lui avec un sentiment de devoir accompli. Il avait su élever des animaux indépendants et se demandait ce que l'avenir lui réservait. Devait-il envisager un élevage, alors que Xelopet semblait vouloir attendre une famille ?
En chemin, marqué par un scepticisme latent, Pandoro se demandait ce que le futur lui réservait en matière de biologie animale. Secrètement, il espérait un coup de pouce du destin, bien qu'il doutât encore de son existence, ce dernier avait souvent été malmené par les événements, et échappait toujours à son contrôle.
Pandoro était enclin à reproduire sans cesse le même schéma de pensée, obsédé par l'idée de voir son poulailler prospérer. Il profitait de l'air frais du Grand Nord pour laisser émerger de nouvelles idées, sans trop se préoccuper du devenir de Xelopet et Paver, protecteurs mutuels
De retour chez lui, il trouvait sa femme en train d'étendre le linge. Il lui demandait : "Bonjour Eluna, puis-je t'aider en quelque chose ? Malgré ma fatigue, je suis prêt à faire un effort pour toi."
"Prépare le repas, déshabille-toi et lave-toi !" lui répondait-elle et l'autorisait à agir comme un chef en pleine effervescence dans son restaurant.
Alors qu'il profitait de la salle de bain, Pandoro ne pouvait s'empêcher de penser aux mensonges qu'il avait dits à Eluna et décidait de lui en parler. Il savait qu'elle ne le prendrait pas bien, mais il était hors de question de garder un secret aussi lourd. Il s'agissait de vies animales, et bien qu'elle eût donné son accord pour garder Xelopet, elle n'était pas au courant de l'existence de Paver, le coq. Il ne savait pas comment s'y prendre, car lorsqu'il s'agissait de défendre ses intérêts, il avait toujours été maladroit.
Mais cette fois, quelque chose avait changé. Il était animé par une nouvelle émotion : celle de regarder les gens dans les yeux et de faire valoir son point de vue. Parler à Eluna, et à toute personne, pour faire accepter quelque chose ou modifier des habitudes n'était pas facile pour lui. Il devait bien s'y prendre, sinon il risquait une rupture totale, ce qu'il ne voulait pas.
Après son passage à la salle de bain, il décidait de lui préparer son plat préféré et de la remercier pour son dévouement.
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Dans une danse effervescente de saveurs et de sentiments, Pandoro, maître des fourneaux, régnait avec une énergie contagieuse et façonnait des délices comme le risotto aux feuilles de figues, le délice suprême d'Eluna.
Les lèvres de celle-ci se courbaient en un sourire béat alors qu'elle savourait chaque bouchée et exprimait sa gratitude en des mots chargés d'émotion. "Ton talent culinaire est une bénédiction, Pandoro. Encore une fois, tu as illuminé mon âme de joie."
Un éclat d'excitation brillait dans les yeux de Pandoro alors qu'il préparait le terrain pour une annonce spéciale. Alors qu’il guidait Eluna vers le divan, il enveloppait l'instant de romantisme, avant de dévoiler son mensonge.
"Mon amour, j'ai trouvé un compagnon pour Xelopet. Bientôt, notre foyer sera rempli de vie avec des poussins que je chérirai comme il se doit."
Mais l'émerveillement d'Eluna se muait rapidement en une tempête d'émotions alors qu'elle réalisait la portée de cette décision. "Si c'est ainsi que tu envisages la fidélité dans notre couple, je suis profondément blessée, Pandoro. Je..." Désemparée, elle se retirait et laissait Pandoro seul avec ses pensées.
Perdu dans un tourbillon de chagrin, Pandoro se demandait comment réparer les fissures dans leur relation.
Mais le problème résidait dans des différences fondamentales : Eluna, élevée dans la tradition et l'ordre familial, aspirait à une vie conforme aux attentes, tandis que Pandoro, avide de liberté, cherchait l'épanouissement dans la nature et l'imagination.
La nuit s'étirait, Pandoro se retrouvait seul sur le canapé, rêvant d'un monde où le bonheur ne connaissait pas de frontières, où chacun pouvait suivre ses aspirations sans jugement ni répercussions.
Au cœur de ce dilemme, la véritable harmonie semblait être un horizon lointain, où la compréhension et le compromis étaient les clés d'un avenir commun.
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Ce défi prenait des proportions gargantuesques où se tenait Pandoro, dont le désir de cultiver une réputation d'homme bon et généreux était entravé par sa propension à fuir toute confrontation, même lorsque les enjeux semblaient vitaux.
Un dilemme épineux, dont la résolution, ou plutôt l'absence de résolution, impactait inévitablement le bien-être familial. Comment se rattraper alors qu'Eluna se sentait trahie et blessée ?
Pandoro se devait de lui démontrer que ses actions étaient motivées par la bonté et la bienséance, mais il se demandait comment faire comprendre cela. Comment pouvait-il surmonter ses tendances profondément ancrées de fuite dès qu’un conflit éclatait ?
Malgré ses efforts pour changer, ses vieilles habitudes persistaient. C'était comme lutter contre un courant trop puissant pour être vaincu. Pandoro se trouvait face à un défi de taille et cherchait désespérément un moyen de s'en sortir sans compromettre son intégrité ni celle de son foyer.
Endormi sur le canapé, enveloppé par la froideur de la nuit, Pandoro se trouvait prisonnier de pensées sombres et désespérées. Au réveil, le poids de l'injustice pesait lourdement sur ses épaules. Il aimait profondément sa femme, tout autant qu'il chérissait ses précieuses poules.
Le choix entre les deux lui semblait insoutenable, mais il savait qu'il devait trouver une solution.
Guidé par un mélange de routine et d'espoir, Pandoro se dirigeait automatiquement vers l'enclos des gallinacés. Malgré la noirceur de ses pensées, une lueur d'espoir brillait dans l'air : des œufs frais, peut-être porteurs de vie.
Avec précaution, il examinait les œufs à la lumière vacillante de sa lampe de poche et découvrait avec joie les signes de vie dans deux d'entre eux.
« Bravo, Xelopet ! » s'exclamait-il, une lueur de fierté dans les yeux, reconnaissant le dévouement et l'amour inconditionnel de ses compagnons à plumes. Dans ces petits moments de bonheur, Pandoro entrevoyait une lueur d'espoir et un entrain postif en vue de tenter de se réconcilier avec Eluna.
Il espérait que ces gestes simples mais sincères de sa généreuse personne pourraient apaiser le grondement de la tempête dans le cœur blessé de sa bien-aimée.
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