Xelopet et Paver imitaient avec excitation des poules affamées, semblaient impatients de délester Pandoro du contenu de sa sacoche et de recevoir leur ration quotidienne de graines. Avec empressement, ils se muaient en bêtes vorace et se rassemblaient autour de lui, leurs yeux pétillants d'anticipation.

Pandoro souriait lorsqu’il voyait leur entrain, l’enthousiasme et leur attachement indéfectible. Il leur remettait dans leurs gamelles les graines avec affection, conscient de l'importance de ce lien qu'il partageait avec ses fidèles amis à plumes.

« Voilà pour vous, mes chers. Profitez-en bien ! » leur disait-il, satisfait de pouvoir leur offrir de si beaux appâts, synonyme de victuailles réconfortantes dans leur quotidien fait de passion et de dévouement envers leur maître.

Pandoro choisissait de lire un livre inspirant pour accompagner ce moment important pour Xelopet et Paver. Il espérait que les images saisissantes et les histoires captivantes pourraient les aider à comprendre ses propres tourments intérieurs.

Alors qu'il lisait, Xelopet et Paver semblaient captivés par les illustrations et les récits de courage et de détermination. Pandoro espérait que cette immersion dans le monde des livres pourrait les préparer à entendre ses propres mots sur la séparation imminente.

Après avoir terminé la lecture, Pandoro se sentait prêt à aborder le sujet. Il regardait ses amis à plumes avec tendresse et se demandait comment ils réagiraient à ses paroles.

La situation de tous les compagnons, que ce soit Paver, Xelopet ou même Pandoro lui-même, semblait être façonnée par un destin peu enviable. Pandoro se trouvait dans une impasse et ne savait pas quand sa femme allait cesser de bouder et de s’illustrer dans son mental une image trompeuse de lui-même. Malgré tous ses efforts passés pour la convaincre de revenir sur sa décision fort embarrassante pour le pauvre mari, il restait incertain de l'issue de cette situation difficile.

Pour Pandoro, une chose était sûr : prendre la décision de se séparer de ses fidèles compagnons à plume, Xelopet et Paver, demeurait un choix difficile. Il savait que s'il voulait améliorer ses relations avec Eluna, il devait prendre des mesures déplaisantes pour résoudre ce problème. Il avait déjà discuté avec les deux gallinacés de sa décision imminente de ne plus être leur propriétaire, mais il leur assurait qu'ils resteraient toujours liés en tant qu'amis, même s'ils ne pouvaient plus se voir comme maintenant en raison de la distance. Il n’avait pas encore choisi à qui il les donnerait. Mais son penchant restait pour un environnement famillier pour les bêtes : une ferme.

Cette initiative était lourde de sens pour Pandoro. Bien qu'il ressentît de la tristesse à l'idée de se séparer de ses compagnons, il savait que c'était nécessaire pour reconstruire son lien avec Eluna. Il espérait que cette démonstration de sacrifice et de prise de responsabilité montrerait à Eluna à quel point il était prêt à changer pour elle et pour leur relation.

Alors qu’il prenait Xelopet et Paver à ses côtés, Pandoro se sentait lourdement chargé de la responsabilité de leur expliquer sa décision de se séparer. Il leur racontait alors une anecdote poignante, celle de la fumée de l’incendie d'un village tout entier. Dans cette histoire, les habitants étaient si désespérés qu'ils décidèrent de se disperser dans la nature pour échapper au danger. Les familles étaient brisées, les enfants séparés de leurs parents, contraints de vivre avec des étrangers pendant de longs mois. Malgré ce déchirement, les parents n'avaient pas renoncé à leur volonté de vivre et d'avancer, même s'ils devaient mener une vie nomade pour reconstruire leurs habitats, les forces vives des adultes étaient nécessaires.

Cette anecdote était une métaphore pour la décision de Pandoro de prendre ses distances de Xelopet et Paver. Il expliquait que, tout comme les habitants du village incendié, parfois des séparations étaient nécessaires pour assurer la survie et le bien-être de chacun. Bien que c’était un déchirement pour lui, il espérait que Xelopet et Paver comprendraient, accepteraient sa décision et ils savaient que leur maître les aimerait toujours et qu'ils resteraient liés par leur amitié, une belle dose de nostalgie en somme.

Effectivement, Pandoro se rendait compte que la séparation était inévitable, mais il voulait maintenir un lien avec Xelopet et Paver malgré la distance. Il expliquait que bien qu'ils demeureraient toujours attachés à la maison, les visites seraient moins fréquentes et plus courtes.

Cependant, il promettait que chaque visite serait intense, remplie d'amour et d'attention pour ses fidèles compagnons à plume. Pandoro voulait leur assurer que même s'ils étaient séparés physiquement, leur lien d'amitié resterait fort et inaltérable.

Après ces moments dont le cœur de chacun avait été touché, Pandoro prenait la décision de rentrer chez lui.

Comme à son habitude, il se fraya un chemin à travers l'enclos, un moment toujours un peu difficile pour lui. Les pensées tourbillonnaient dans sa tête et il réalisait qu'il serait toujours leur compagnon en toute circonstance.

Alors qu'il partait, Xelopet et Paver reprenaient leur routine et continuait leur propre histoire. Bien que Pandoro savait combien il était attaché à eux, il était également conscient que, pour le bien de la communauté, il devait prendre ses distances de ces deux amis à plumes.

Il arpentait les étroites ruelles, baignées par le crépuscule, jusqu'à ce qu'il atteigne enfin le seuil de sa demeure. Son cœur battait avec une intensité nouvelle, porté par le désir d'offrir à Eluna une surprise mémorable. Lorsqu'il la croisait par hasard, il lui adressait des paroles empreintes de sincérité et d'émotion : "Pour notre amour, j'ai fait le choix de renoncer à mes anciens compagnons. J'ai repoussé toutes les tentations qui auraient pu nous mettre en difficulté. Mais j'ai besoin de toi pour m'aider à progresser en tant qu'homme, à enrichir mon humanité. Car mon amour pour toi est inébranlable, authentique. Reviens à moi comme autrefois, laissons derrière nous les tourments passés. Je souhaite désormais construire une famille à tes côtés, car j'ai réalisé que sans toi, la vie perd toute sa saveur, toute sa raison d'être. Ce sacrifice que je fais, c'est mon gage de réconciliation. Qu'en penses-tu?"

Eluna répondait d'un ton calme et réfléchi : "Je ne te demande pas tant de sacrifices. Mais je suis prête à accepter tes excuses. Tu es le bienvenu à nouveau dans notre lit. Je suis ravie que tu envisages de fonder une famille, c'est quelque chose que nous désirons tous les deux, surtout toi. Tu pourrais transmettre à nos enfants ton amour pour les récits et ta capacité à maintenir des liens indéfectibles. Je suis prête à te donner une seconde chance, sachant combien il est difficile pour toi de refuser quoi que ce soit. »

Sur ces mots, Pandoro retrouvait sa joie de vivre inébranlable, celle qu'il avait connue aux premiers jours de sa relation avec Eluna. Bien que teintée d'un léger soulagement, cette brûlante flamme de nouveau ravivée dans le cœur de Pandoro éclairait tout son être en présence de sa bien-aimée.

Il s'affairait maintenant en cuisine, préparait le dîner avec un sentiment de plénitude et se délectait des paroles apaisantes de sa femme, comme un breuvage réconfortant pour son âme.