Evan
M’habillant avec la lenteur d’une limace, chaque mouvement étant un supplice, je fini par descendre. La journée allait être longue.
Tout ça pour avoir simplement revue une amie d’enfance. Elise.
Nous nous étions croisées devant le bar tabac où j’achetais les cigarettes d’Evan et lorsqu’elle m’avait proposé d’y boire un café, je n’y avais pas vu de mal.
J’aurais dû.
Nous avions évoqués les bons souvenirs, je la connaissais depuis la primaire. Les jeux dans la cour de récréation, les chansons que nous chantions à tue-tête. J’avais souris, j’avais même ris.
Depuis combien de temps n’avais-je pas senti ce sentiment de joie et de légèreté.
Une ombre était revenue dans mes yeux lorsque nous avions évoqué mon mariage et l’absence d’enfants.
Je ne pouvais dire que j’avais déjà perdu deux bébés sous les coups de mon mari.
Evan, ce prénom qui signifiait Bel Ange , avait été ma perte.
Si beau, si grand, si fort. Il avait une cours de filles toujours autour de lui à la fac et c’est moi qu’il avait choisie.
Au début, je ne faisais pas même attention à lui, je voulais être infirmière pour aider et soulager les douleurs. Désormais j’étais ma seule et unique patiente. Ce n’était pas le boulot qui manquait.
Elise mit sur le compte de mon regret maternel ma tristesse et je ne la détrompais pas.
Elle était restée célibataire, trop indépendante, trop papillon pour une relation stable et durable.
Devant son admiration pour ma stabilité et l’amour de notre foyer, je serrais les doigts sur ma tasse de café.
J’avais envie de hurler. Hurler que Evan n’était pas aussi « gentil » que ça, que ce n’était qu’une façade, un jeu que l’on jouait lorsque nous étions en compagnie. Que je n’avais pas la « chance » d’être marié au plus doux et généreux des époux qui travaillait corps et âme pour que sa chère épouse puisse se consacrer entièrement à l’écriture en subvenant aux besoins de la famille.
Que je n’avais plus écris une ligne depuis les deux ans où nous étions passés à la Mairie pour ce oui fatidique et que si je n’avais pas donné que si peu de nouvelles depuis c’était uniquement car je n’avais pas pu. Trop honte de ne pas claquer la porte et partir. Trop peur des représailles et des démarches et conséquences du divorce. Trop lâche pour en finir une bonne fois pour toute.
Elise revenait d’une mission humanitaire en orient. Elle intervenait dans un centre pour femmes battues dans la ville voisine et m’avait proposé de l’aider en souvenir du bon vieux temps. Après tout j’avais moi aussi obtenu le diplôme et deux mains de plus seraient toujours les bienvenues.
J’étais resté un moment interdite devant son offre.
Comment aurait-elle pu savoir que cela résonnait en moi d’une façon si poignante ?
« Tu pourrais te libérer une après-midi ou une matinée par semaine et cela te ferai du bien de voir du monde. Je te trouve un peu pâlotte ma chérie. Même une auteure doit sortir et voir du monde pour puiser la source de son inspiration.»
Elle avait tellement insisté et je ne voulais pas la décevoir.
Encore une fois j’écoutais les désirs des autres et cherchais à les réaliser sans me préoccuper de mon propre bien être.
J’avais donc accepté de venir une première fois et c’est lorsque je l’avais annoncé à Evan, à la fin du repas le soir que cela avait dégénéré.
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