La créature
La sensation d’un lit moelleux, des draps soyeux me confirme de vouloir rester aussi longtemps que possible. Sauf que deux étranges sensations me poussent à la fois de hurler et de l’autre, me souvenir brutalement que je suis…morte ?
La seule chose que mon esprit admet en coopération avec mes rétines, c’est l’apparition diablement magnifique du…diable oui, c’est le cas de le dire. Il est noir de la tête aux pieds. Mais... pas du genre Africain. Non ! Plus... la couleur la plus in-ten-se !
Sa main douce et son sourire bienveillant me paralyse, à tel point que je m’oblige à refermer mes paupières, non pas pour oublier ma vision mais plus, me souvenir de mes derniers instants. Ensuite, je me permettrais de paniquer.
— Ton mari t’a assassiner en te fracassant le crâne. Ma pauvre créature. Comment peut-on tuer pour une question de possession. Avec moi, ça n’arrivera jamais, tu es ici pour l’éternité.
Sa voix me fais sursauter et je file de l’autre côté pour fuir, coller contre le mur. La bête devient plus sombre et fais échos à Amin, mon mari. Il était violent oui et me disait souvent que j’étais rien d’autre pour lui qu’un punching-ball.
On début, c’était le paradis, un premier amour, nos premières nuits sensuelles jusqu’à qu’on ne couche plus, que je n’arrive pas à donner d’enfant, son chômage, son alcoolisme et tout son cliché ambulant.
Et hier ou la dernière image de lui avec une bouteille et sa pire perte de contrôle quand j’ai refusé d’aller chercher dehors, auprès de son dealeur, sa dose de shit en échange d’une fellation. Je ne suis jamais y aller et j’ai refusé…Puis, ce vide jusqu’à ici…
Entre le voile de larme et le volcan mental, je reporte mon attention sur ce monstre. Il est debout, sa chemise grise dévoile des muscles herculéens comme son jean en cuir noir qui semble serrer ses jambes.
Des Richelieu également noir et lustrés aux pieds ainsi qu’une montre luxueusement complexe en or, complète le tableau de ce personnage. Il sent ma peur et s’avance pour me coller dans ce petit espace.
Il reprend sa découverte de mon visage jusqu’à ma robe beige dont je n’avais fait attention, tellement le tissu est aérer.
— Hum…je sens que des interrogations pulse dans ton esprit de jeune trentenaire.
— Oui…j’aimerais comprendre où je suis ! Je…je suis morte et comment vous le savez ?! Je suis en enfer ?! Vous êtes le Diable ? Ou alors vous le ressemblez fortement ! Que voulez-vous de moi ?!
— Chut, je vais tout t’expliquez. Pour commencer, suis-moi, on va prendre le thé.
— Le thé ? Je vous vois pas en prendre.
— Les apparences sont trompeuses.
— Ou pas, vous semblez vouloir du mal. En tout cas, si c’est l’Enfer, le Diable torture et fait subir des viols, j’imagine, des coups de fouets et autres joyeusetés !
— Hahaha ! Le Diable existe oui, il est vermeil, c’est mon frère.
Il rit encore de m’avoir couper la langue. Mais il reste un monstre et moi…enfin, je…
— Je t’ai répondu à une question. Maintenant, pour les autres, c’est plus confortable d’échanger dans le salon, qu’ici.
Pas encore le temps de lui répondre qu’il prend ma main et que bizarrement, sa chaleur me fait du bien. Il me relâche peu de temps après avoir juste passer une grande baie vitrée et m’inviter à m’installer sur un canapé en forme de lèvres féminin, rouge.
En face, une cheminée m’hypnotise pendant plusieurs minutes et je ne refais attention à lui, quand il dépose sur la table basse en vert. Son service en porcelaine blanche et dorée ainsi que le reste de la décoration est étrange. Moi qui pensait que tout était à son image…
— Belle bibliothèque, vous ne trouvez pas ? Vous aimez lire ?
— Beaucoup de livres en effet, j’aime beaucoup le bois en bleu sombre. Sinon, je lisais de temps en temps. Mais, pourquoi je parle de livres avec une créature comme vous ?!
— Ho, parce que c’est plus convenable de discuter avec une belle humaine sur mes intentions, mes projets que de mon frère qui passe à table sans ménagement. Je vous sers ?
— Avec plaisir.
Pendant qu’il s’occupe de service, j’ose me lever pour me concentrer sur un détail qui pourrait m’aider à mieux le cerner. Une photo de lui, enfant avec son frère et j’imagine ses parents qui…sont de la même couleur que son frère.
— Le thé est servi.
— Merci.
— Vous avez pris connaissance avec ma famille.
— Parlez-moi de vous. Je vous cache pas que j’ai peur et j’aimerais que vous me garantissez que je puisse partir, n’importe où, le paradis si possible, si vous me demandez des choses horribles !
— Je vous le promet. Vous pouvez revenir, si vous le souhaitez.
Il tapote doucement sa main à côtés de lui et je reviens en me réchauffant. Je buvais plus des tisanes, faute de trouver des plantes que mon palais puisse apprécier. Cependant, je dois reconnaître que son thé est un délice. En espérant que ça m’endorme pas pour ses mauvaises intentions.
Je ne suis pas née de la dernière pluie et la bête est là pour que passe un bon moment avec lui. Je suppose et il va m’avouer. Chose qu’un vrai monstre ne ferait pas forcément…
— Je m’appelle Taurin, fils mal désiré par mes parents, Hulin et Bertine. Mon frère, Gorgin est le Diable. Disons qu’avant de parler de ma famille et de notre monde, sache que tu as bien compris que j’ai envie de passer du bon temps avec une humaine mais pas que.
Il s’hydrate de quelques gorgés en fixant les flammes qui se reflètent dans ses pupilles. Que faire ? Que dire ? Il ne me plait pas forcément sauf que morte pour morte…et puis, au-delà de sa vrai beauté, je ressens quand même l’envie de tester le sexe. Une expérience unique pour nous deux s’il ne l’a jamais fait…
Il repose la tasse et s’installe mieux pour reprendre ses esprits. Sa main pianote sur sa cuisse posée sur l’autre tandis que je continue à maintenir nos regards. Son sourire est à nouveau un peu inquiétant et il en joue.
— Pas que. Disons que même si la relation entre mon frère est très tendu et juste cordiale, depuis mes vingt ans, je lui impose de me proposer ma précieuse. J’ai souvent observé sans vraiment avoir cette sensation électrique me parcourir.
— Chez nous, on appelle ça un coup de foudre.
— Tu es très drôle tu sais.
— Merci…
— Et comme il dirige l’Enfer, je trouve que j’en suis désoler pour ses pauvre âmes qui…ont mérités d’être punis. Bien que je préfère les courtes peines. Mais là, n’est pas le sujet. J’ai donc chercher du côté du Paradis.
— Dieu ? Il a accepté de me donner ?
— Nuance, déjà il s’appelle Suquin et il n’est que celui qui gère ce lieu. Et de deux, on a tous de très bonnes relations, dieux comme créatures. Tu vas apprendre et découvrir tout ça petit à petit. Enfin, voilà, j’ai donné des rendez-vous à de jolies jeunes femmes ces derniers mois en offrant mon cœur et rien. Et je peux bien le comprendre qu’un jeu de rôle aussi cru et pure, puisse faire peur.
Ok…pas besoin de dessin, j’ai pigé. Mais moi…je suis directement tomber dans son lit ! Il se rapproche et redevient plus sérieux.
— C’est en repartant marcher entre les rochers de la mer houleuse, hier, en me disant que je devais arrêter de vouloir ce que je n’aurais jamais, que je t’ai vu en bas, sur le peu de plage restante. Comment tu t’es échoué ici hors des deux moyens d’accès pour les mortels ? Je suis allé faire une lettre auprès de Suquin, plus amène de me donner une réponse sans me répliquer, qu’il n’a rien à éclaircir et que je me dois, me faire plaisir comme l’aurait fait Gorgin. Pour le moment, aucune nouvelle. Je t’ai donc pris, comme la force du destin. J’ai senti le courant passé. Et oui, si tu veux aller au Paradis, je peux le comprendre.
— C’est quoi ce jeu de rôle ? Du sexe je m’en doute mais….
— Ho…oui. Mais j’ai disons cette légère pointe de jalousie par rapport à Gorgin sans aimer la pure violence. Comme tu vois, déjà je passe du vouvoiement au tutoiement. Parce que je suis sincère et que je t’avoue que tu seras soumise, fouetter, insulter pendant nos ébats. Mais surtout, respecter, aimée, indépendante si tu le désire, le reste du temps. J’aime aussi jouer avec ma voix pour ces possibles moments.
— Et…enfin…je ne pense pas être ce genre de femme.
— Je peux le concevoir surtout à cause de ton mari.
— Comment vous le savez ?
— J’arrive à lire dans les pensées, les derniers instants et suffisamment pour savoir si a personne était marié ou pas.
— Pardonnez-moi mais il y a beaucoup trop d’informations à digérer.
— Prendre le temps, c’est essentiel. On peut se tutoyer ?
— Si…si tu veux.
— Taurin pour rappel et toi ?
— Dorine.
On se sert la main et je finis ma tasse en silence comme lui. Nos tasses déposer en commun, il se lève pour ranger et je l’imite.
— Pas besoin d’aide merci Dorine.
— Je voulais juste visiter et prendre l’air aussi.
— Avec plaisir alors.
— Et je peux poser une question ?
— Oui.
— Vous l’avez déjà…enfin…
— J’ai une passion pour les humaines qui sont plus belles que notre espèce et puis non jamais. Je suis puceau comme on dit chez vous.
En vérité, je me ment. L’univers BDSM m’a toujours attiré sauf que je voulais pas décevoir la petite fille sage. Je pars presque en courant dans les pas de Taurin dans sa cuisine et il tremble presque sans y croire quand je lui annonce :
— Je veux aussi découvrir ce jeu. Sur Terre, je n’ai jamais oser franchir le pas de peur de me percevoir sans doute, sale ou je ne sais pas. Alors oui, c’est étrange de tomber sur toi, la copie du Diable, qui me propose ça alors que je suis morte ! Mais, avant de jouer, je veux que tu acceptes aussi mes propositions, mes refus et…
— Du calme ! Déjà, merci, je m’attendais pas à ça et puis, oui, on va établir nos règles, soit rassurer. Et si besoin, changer on fur et à mesure.
— Je dois aller au toilette, c’est où ?
— En sortant, juste la porte à droite.
— Merci.
Une fois soulagée, il me propose de découvrir sa maison de plein pied avant de marcher dehors.
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