Chapitre 1 - Le plan d'Ambre

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Ambre ne digérait pas l’attitude de Louis, ce désintérêt total pour sa personne l’avait empêché de dormir et ses cogitations nocturnes avaient eu l’effet malsain de poser Rachel en position de « femme à abattre ».

Aux yeux d’Ambre, c’était pleinement et uniquement de sa faute. Elle le lui ferait payer, c’est sûr, mais avant, elle devait tout faire pour comprendre comment cette femme avait réussi à obtenir un tel résultat avec son ex., elle devait le lui faire avouer.

Une fois son plan ébauché, elle réussit enfin à s’endormir.

Après avoir terminé son repas de midi, Rachel quitta Louis et Sophie et prit les escaliers internes de l’hôpital pour rejoindre l’unité où elle travaillait. Elle avait pris l’habitude de se dégourdir les jambes et de faire un peu d’exercice par la même occasion.

Elle était souriante, la grossesse se passait bien et la vie avec Louis la comblait. Perdue dans ses pensées, elle n’avait pas capté qu’une autre personne était présente dans la cage d’escalier.

Comme un diable sorti de sa boite, Ambre apparu devant elle, bloquant toute possibilité de circulation. Bousculée par cette apparition, Rachel souffla,

— Oh, vous m’avez saisie, Ambre, je ne vous ai pas entendu arriver.

En ricanant, Ambre se moqua,

— Vous devenez sourde, ce doit être un effet secondaire de la grossesse…

— Peut-être, bonne journée à vous.

Rachel tenta de dépasser Ambre pour continuer son chemin, mais cette dernière lui barra le passage, la coinçant deux marches plus bas qu’elle.

Son sourire était carnassier et ses yeux brillants lorsqu’elle lui siffla,

— Non, non, non, tu ne passeras pas, pauvre tâche !

— Et pourquoi donc ? Je ne vois pas ce qui vous retient de me laisser passer, tout simplement.

— Mais moi, si !

Énervée par la situation, Rachel tenta de rester calme. Elle caressa son ventre en demandant à Ambre, sur un ton qu’elle voulut le plus neutre possible,

— Pourriez-vous éclairer ma lanterne alors ? Je commence à trouver cette situation un peu lourde.

Ambre éclata de rire et balança,

— Lourde… Comme toi ma pauvre fille !

Agacée, Rachel lui demanda,

— Mais encore, Ambre ?

En hurlant, Ambre lui cracha,

— Explique-moi ce que tu lui fais, connasse !

Choquée Rachel balbutia,

— Euh, à qui ? À quel niveau ?

Elle commença à s’inquiéter ; debout au milieu des escaliers, la situation lui sembla dangereuse, Ambre était hors d’elle et Rachel n’avait aucune prise sur elle. Elle espéra que quelqu’un emprunterait l’escalier pour lui permettre de fausser compagnie à Ambre.

Entre temps, cette dernière continua à la harceler de questions en tous genres.

— Mais ce que tu lui fais au lit espèce de salope ?! Tu sais très bien de quoi je parle, et quoi ? Tu baises encore avec un bide pareil ? C’est quoi cette histoire d’avoir goûté à l’amour ? C’est quoi ta technique ? Allez, accouche… Hahaha… Sans vilain jeu de mot, ma chérie...

Ambre cria tellement fort que cela finit par faire venir des gens dans la cage d’escalier, dont Sophie et Fabrice, les collègues de Louis. Ambre capta qu’elle et Rachel n’étaient plus seules.

— Et quoi ? C’est pas la foire ici… Quoi que, avec un bide pareil, tu ressembles bien à une bête de foire, Rachel, tu ne trouves-pas ?

Ambre attrapa violement Rachel par le col de son uniforme.

Secouée par la tournure que prit la situation, Rachel s’écria,

— Oh, lâchez-moi Ambre, c’est dangereux de que vous faites-là !

En minaudant, Ambre lui répondit,

— Mais non, ma chérie, je ne te lâche pas. Pas tout de suite… Et je sais bien que c’est dangereux, c’est pour cela que c’est gai !

Sophie, qui avait envoyé Fabrice appeler la sécurité, s’adressa à Ambre en criant.

— Lâche-la !

Avec une bonne dose de mépris, elle lui retorqua,

— Toi, ne te mêle pas, t’aurais mieux fait de te laisser sauter par Denis, il n’aurait pas perdu son emploi et je n’aurais pas dû aller aussi loin avec Louis !

Sur le même ton, Sophie lui répondit,

— C’est ça, ce qui arrive là est de ma faute …

En lui faisant une grimace, Ambre lui lança,

— Ouais !

Ne perdant pas le nord, Sophie pointa,

— Mais donc, tu admets que Louis faisait bien partie du pari aussi, non ?

— Mais oui qu’il était mon petit lot pour le pari, t’as tout compris ma petite Sophie… Waouh, je ne savais pas que t’avais gardé des neurones après ton régime !

Rachel se laissa oublier et écouta ce qui se révélait dans cette cage d’escalier.

Elle jeta un coup d’œil vers le bas et capta l’équipe de sécurité dont le chef lui fit signe de ne rien dire en se mettant un doigt sur la bouche puis en expliquant, avec des gestes discrets, où les membres de son équipe devaient aller se placer avant l’intervention.

Pendant ce temps-là, l’échange entre Sophie et Ambre était toujours aussi houleux.

— Denis n’avait aucun tact, mais toi en revanche, tu as su y faire ! Tu lui as même fait croire que tu voulais fonder une famille avec lui.

— Et il y a cru, le gros benêt ! Ça, je n’en reviens toujours pas !

— Rachel n’a rien à voir dans ce pari, je ne comprends pas pourquoi tu t’y attaques, Ambre.

Ambre réorienta son attention sur Rachel et posa son pied sur le ventre de Rachel, en appuyant légèrement,

— Mais, cette petite salope, non seulement accepte de porter ses rejetons, mais en plus elle le rend totalement hermétique à mes charmes et c’est ça qu’elle ne veut pas m’expliquer !

Elle secoua Rachel qui perdit l’équilibre et s’accrocha à Ambre qui la repoussa tout en la retenant par le col de son uniforme,

— Ne me touche pas, connasse !

— Je cherche juste à ne pas tomber…

— Mais je te retiens pauvre tâche, c’est moi qui décide si tu tombes ou si tu ne tombes pas !

— Ok, ok !

Rachel se détacha d’elle et tenta de retrouver un certain équilibre. Elle était anxieuse, Ambre la tenait à sa merci. Rachel se saisit lorsqu’Ambre la réinterpella sur un ton énervé,

— Alors, j’attends toujours, tu lui fais quoi ?

Déconcertée, elle lui répondit simplement,

— Je l’aime.

Ambre souffla bruyamment puis reprit, avec des notes agressives dans la voix,

— Mais qu’est-ce que vous venez tous les deux avec votre amour ! Qu’est-ce que tu lui fais, c’est ça que je t’ai demandé, tu piges ou tu ne piges pas ? Ils te bouffent les neurones ou quoi les jumeaux ?

Après avoir avalé sa salive, Rachel tenta,

— J’entoure tout ce que je lui fais avec mon amour et je ne lui demande rien en retour, c’est comme cela que je l’aime. Je lui fais confiance et je le respecte.

Visiblement agacée, Ambre tonna,

— Mais c’est quoi ce blabla ?!

C’est à ce moment que Louis déboula dans la cage d’escalier et hurla ;

— Lâche-là, espèce de folle !

Arborant un beau sourire, elle lui minauda,

— Oh, mon petit chéri, il parait que ta petite pouliche te fait confiance et te respecte… Mais quelles mièvreries !

Sur le même ton, il lui répéta,

— Lâche-là !

— Quoi, tu veux ton joujou ?

— Je veux que tu lâches Rachel, ma fiancée, la personne que j’aime et qui m’aime sincèrement.

Elle prit un air sceptique et lui avança, sur un ton doucereux,

— Tu sais, Louis, l’amour c’est très surfait …

Défiant, il lui rétorqua, tout en tentant de se rapprocher d’elle.

— Tu n’as aucune notion de ce qu’est l’amour Ambre, tu ne peux pas comprendre.

Elle réagit vivement, en le menaçant.

— Tu ne bouges pas où c’est elle qui en prend plein la tronche !

Elle joignit le geste à la parole en attrapant Rachel par les cheveux. Il s’arrêta net. Sur un ton plus doux, il tenta,

— Ok, je reste ici, mais tu la lâches, Ambre, s’il te plaît !

— Oh, mais demandé si gentiment, je ne peux pas résister !

Ambre réagrippa fermement Rachel, puis s’aida de l’un de ses pieds pour la pousser violement. Elle voulait être sure qu’elle tombe du haut de la rampe d’escalier.

Elle éclata de rire après avoir crié, à l’adresse de Louis,

— Tiens rattrape-là, mon chéri !

Avec difficulté, Rachel réussit à se rattraper à la rampe, cela freina sa chute mais pas complètement. Arrivée sur le palier, elle se retrouva sur le flanc gauche.

Louis se retrouva immédiatement à ses côtés, tentant d’évaluer la situation et de la rassurer.

Rachel entendit les agents de la sécurité passer à côté d’elle et attraper Ambre qui continua à rire. Alors qu’ils la firent descendre, elle passa à coté de Rachel et Louis, à terre, en leur lançant ;

— J’espère que tu vas les perdre, les bébés, ma petite salope, et après ça il sera de nouveau à moi !

Rachel ferma les yeux et demanda à Louis de la serrer très fort dans ses bras, il s’exécuta et s’enquit,

— Est-ce que tu as mal ?

— Non, ça va, je pense que je vais avoir quelques bleus, mais je crois que je n’ai rien de cassé.

Alors qu’elle se redressait, il s’inquiéta,

— Attends, ne bouge pas trop vite, et les bébés, tu les sens encore ?

— Oui, ils sont encore là, je n’ai pas de contractions, ils se remettent à gigoter… Ils avaient arrêté quand elle me tenait, je pense qu’ils ont capté mon stress.

Elle se reposa sur lui qui l’enlaça en la berçant un peu. Il la sentit trembler.

L’un des stewards du service de sécurité les interrompit,

— Dites, nous avons appelé la police concernant la dame, ils vous conseillent de porter plainte… On a tous été témoins, on veut bien déposer si vous le voulez !

Rachel s’écria,

— Oh oui ! Je voudrais ne plus devoir la croiser, celle-là !

Soucieux, Louis ajouta,

— Oui, nous allons porter plainte, mais d’abord, un passage aux urgences pour vérifier que tout va bien pour toi.

Sophie, qui était restée à proximité, renchérit,

— En plus, c’est ton gynéco qui est de garde, il pourra te dire si tout est ok.

Une fois sur pieds, le couple se dirigea vers le service des urgences. Louis fut interpellé par les policiers présents et laissa Rachel aux bons soins du médecin qu’elle connaissait bien.

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