Dans le bureau de l’avocat du couple, le représentant des intérêts d’Ambre fit plusieurs demandes ;

— Mme Decis demande que M. Leblanc assiste aux échographies, elle demande aussi à pouvoir obtenir des visites de sa part.

L’avocat des Leblanc s’enquit,

— Dans quel but ?

— Elle désire que M. Leblanc assume sa paternité. Elle estime donc que le lier à l’enfant dès la grossesse sera profitable à ce dernier.

— Mme Decis compte-elle assumer sa maternité ou compte-t-elle donner tous les droits parentaux à M. Leblanc ?

— Mme Décis compte assumer sa maternité et prévoit de demander des visites régulières de sa fille en prison, accompagnée de son père.

— D’accord… Mais, pensez-vous que Mme Decis soit apte à assumer son rôle maternel ? Il apparait qu’elle prend beaucoup de risque pour le fœtus ; il est fait état de coups auto administrés dans le ventre, de coups demandés à d’autres détenues pour « calmer l’enfant qui bouge ».

— Oui, c’est vrai, mais cela n’indique pas qu’elle n’assumera pas correctement son rôle une fois l’enfant né.

— Je vais soumettre la demande de votre cliente à mes clients.

***

Une fois la demande formulée par l’avocat, Louis s’emporta :

— Et puis quoi encore, elle veut que je lui tienne la main aussi !

L’avocat rétorqua,

— M. Leblanc, c’est à vous de choisir, vous pouvez dire non.

Rachel intervint,

— Louis, n’oublie pas que si nous voulons qu’elle soit déclarée inapte par la justice, il faut rester correct, sinon, Flore n’aura jamais sa garde complète.

Il tenta de se calmer et demanda à sa femme,

— Ok, qu’est-ce que tu proposes ?

— Tu pourrais être présent, mais de l’autre côté de l’écran, si je puis dire ; que tu aies accès à l’échographie en tant que telle mais pas « avec » elle. C’est bien ce qu’elle demande, que tu assistes aux échographies, la demande de visites est une seconde demande, à laquelle tu peux dire non.

Louis eut un sourire en coin :

— Oui, c’est pas mal, ça !

Il se rendit effectivement à l’échographie prévue deux jours plus tard, il resta derrière la vitre de protection de la salle d’auscultation de la prison. Un écran d’ordinateur lui retransmettait les images de l’échographie, le médecin lui avait promis quelques photos du fœtus.

Ambre le vit arriver. Un sourire illumina son visage, puis disparu lorsqu’elle comprit qu’il resterait derrière la vitre, sans venir près d’elle.

Elle fulmina et, lorsque le médecin lui demanda de se relaxer, elle lui répondit,

— Je me relaxe si je le veux, et là, je ne serais relax que si le père de l’enfant vient à côté de moi.

Le médecin, au courant de la situation, lui répondit pragmatiquement,

— Le monsieur à côté restera à côté, si vous voulez cette échographie, calmez-vous, sinon, je remballe le tout et vous ne saurez pas si tout va bien pour l’enfant.

— Oh, ça doit bien aller, elle bouge tout le temps cette crasse !

Le médecin la regarda, interloqué

— Pardon ?

Avec un faux sourire, elle lui répondit vertement,

— Oui, c’est son petit surnom, ok, alors, on y va… ?

Elle se relaxa et l’échographie put avoir lieu. Louis se demanda si le procureur accepterait le témoignage de ce médecin, afin qu’il puisse relater la façon dont Ambre parlait de l’enfant qu’elle portait.

Le fœtus avait une évolution normale, bien qu’avec un poids faible, Ambre ne voulait pas trop grossir, malgré les recommandations du médecin de la prison. À six mois de grossesse, elle n’avait pris que trois kilos.

Louis rentra avec ces infos et quelques clichés de l’échographie.

Ambre pesta, elle avait compté sur cette rencontre pour se rapprocher de Louis, elle avait raté son coup, ce qu’elle ne supporta pas… Elle allait se venger sur l’enfant qu’elle portait.