Mon étoile, là-haut dans le ciel
Ce soir, veille de rentrée des vancances scolaires, j'ouvre ma fenêtre pour fermer mes volets et mes yeux s'attardent dans le ciel. Je la cherche, comme un enfant cherche son doudou et je l'aperçois : mon étoile. Celle qui brille bien plus que les autres. Ma raison m'indique qu'il s'agit de l'étoile du berger, mais mon coeur me dit que c'est ma mémé Marie, qui de la haut veille sur moi. Je reste quelques instants à la contempler, je pose mes coudes sur le rebord de la fenêtre, puis murmure une prière silencieuse :
" Mémé aide-moi à affronter ma journée de demain. Je vais revoir Joana et Pierre et j'ai peur. Peur qu'elle est raconté que je suis amoureuse de lui, qu'il se moque de moi. Peur aussi de ne pas réussir à lui en vouloir. Peur que rien ne change et que je sois destinée à souffrir toute ma vie. Mémé si vraiment c'est toi, aide-moi"
Un peu piteuse comme prière mais à vrai dire je ne sais pas prier. Je ne sais même pas si je crois en Dieu. En tout cas, je crois en l'amour qu'un jour m'a donné ma mémé et il était plus fort que tout. Ma grand-mère s'appelait comme moi ou dois-je dire que c'est moi qui m'appelle comme elle. Et rien que pour ça, même si celui-ci est commun, mon prénom je l'aime plus que tout. Ma mémé est aujourd'hui une étoile, mais avant ça elle était la personne la plus importante de mon monde et moi du tien. Elle était belle ma mémé, même quand elle était malade. C'est elle qui m'a apprit à me maquiller, à me mettre du vernis et à commérer. Avec elle, on rigolait bien et même que l'on se moquait de sa cousine Gaby qui vivait avec elle. À chaque fois que j'allais chez elle, elle m'achetait quelque chose : un livre, des bonbons, un pyjama, des peluches, ... "Rien n'était assez beau pour toi" me dit souvent ma mère en parlant de l'affection qu'avait ma grand-mère pour moi. Je pense qu'elle était un peu jalouse. Peu importe, notre fusion surpassait tout et encore aujourd'hui je le ressens. Alors quand j'ai un petit coup de mou, je fais appel à ma grand-mère, et même que parfois ça marche.
J'avais 7 ans quand elle a décidé qu'elle serait mieux là-haut. Lorsque j'ai appris la nouvelle, de la bouche de ma soeur Nathalie, je me suis forcée à penser à la tête d'un clown et je n'ai pas pleuré. Mes larmes n'ont coulé que des années aprés, dès l'instant où j'ai compris que plus personne ne m'aimerait autant qu'elle ne m'a aimé... Ce fut un choc. Depuis, elle ne m'a jamais vraiment quitté, comme une amulette que je porte autour du cou elle guide mes pas. Avec elle je suis plus forte, courageuse, voir même chanceuse. Alors demain j'espère que mon grigri favori fonctionnera.
Je ferme mes volets et file me coucher avec l'espoir de jours meilleurs.
Le lendemain matin, j'ai presque bien dormi et ma mine semble acceptable. Avec une légère boule au fond de la gorge, j'entre dans la cour de récréation et rejoins mes deux amies Amandine et Virginie.
Ce matin-là, comme tous les autres jours, Amandine porte un jean délavé, un haut noir à manches longues recouvert d'une doudoune blanche sans manches. Même avec -5 degrés au thermostat, elle s'habille toujours pareil. C'est étrange, mais elle ne sent jamais mauvais. Peut-être a-t-elle sept fois la même tenue, une pour chaque jour de la semaine. Ses cheveux roux sont attachés en queue de cheval par un élastique jaune. J'ai récemment appris que moins de 2% de la population mondiale est rousse. C'est super rare ! Je trouve ça fascinant, même si la majorité des gens au collège se moque d'elle. En dehors de cela, Amandine est une rigolote. Toujours en train de faire rire ou de rigoler, et c'est bon pour le moral. Alors ce matin, quand je la vois, je suis soulagée, car je sais qu'elle aura quelque chose de drôle à raconter.
Virginie à côté d'elle, c'est un peu l'inverse de ma copine rouquine. Brune, la peau hâlé comme il faut, petite en taille, des yeux marrons qui vous transpercent, Virginie est de l'autre monde : elle est belle. Pour autant, elle reste avec nous, on doit être intéréssantes. Sérieuse, Virginie travaille bien à l'école et est plutôt du genre perfectionniste. Elle n'apparaît jamais tracassée, ni même stréssée et chose surprenante, elle ne parle jamais en mal des autres et c'est ce que j'apprécie le plus chez elle, je l'admire même.
Sans suprise de ma part, c'est Amandine toute guillerette qui entame la conversation sans ménagement :
- Joana est malade, elle ne viendra pas !
Je réponds :
- Ah ok... Je vous avoue que je ne suis pas au courant, je n'ai pas de nouvelles, enfin je ne veux pas en avoir.
Au loin, je le vois, lui, ses cheveux blonds, sa faussette, ce nouveau pantalon qui lui va si bien, ses dents éclatantes, son petit nez trop chou, ses ... STOP ! Mon coeur bat dangeusement, mes joues s'empourprent, mes yeux clignotent, je déraille complet. Au même moment, je sens ses yeux se braquer sur moi. À la rapidité de l'éclair, je ne réponds même pas aux interoggaations de mes amies et je fais volte-face et rejoins presqu'en courant mon cours d'EPS.
Dans les vestiaires des filles, je suis à côté de Maryline, la fille qui a toujours un pied de travers. Son dernier bobo, une petite égratinure qu'elle a réussit à se faire avec un clou qui dépassé d'un des bancs de l'école. Faut le faire quand même ! Après 10 reprises, je crois que je n'aurais même pas réussis à m'érafler. En regardant, cette griffure très superficielle, j'entends un groupe de filles gloussées. Instanténement et curieusement, je tends l'oreille :
- J'espère qu'ils seront dans mon groupe !
- Ah non ! Ce sera moi !
- Les filles, on ne vas pas se battre pour des garçons quand même, hahaha !
Et les trois bécasses rigolent en choeur. Sauf qu'avec cette discussion des plus perspicace, je réalise que nous allons faire notre cours de sport avec tous les garçons de quatrième et que Pierre en fait partie. Bon sang, Mémé tu ne fonctionnes plus ? J'espère, je prie qu'il ne soit pas avec moi, mais l'ordre alphabétique de nos noms de famille ne va surement pas jouer en ma faveur. Le sien commence par un F et moi un D, je sens que c'est pour ma pomme.
Avec tout le poid du monde que je supporterai sur mes épaules, je retrouve plus de 200 éléves non loin du stade qui attendent respectivement qu'on les appelle pour former divers groupes. Au bout de quelques minutes, j'entends mon nom de la bouche d'un des professeurs d'EPS. Une nouvelle fois, on écorche mon nom et cela amuse grandement les trois bécasses du vestiaire. Ni prêtant aucunement attention, je me retrouve dans le groupe C. Peu de temps après, le coup de massue tombe. Pierre est dans mon groupe et sans avoir le temps d'inspirer le souffle nécessaire pour survivre il me rejoint avec un :
- Salut Marie, tu vas bien ?
Toutes les bécasses s'affolent et me foudroient du regard.
Je bredouille un "oui" presque inaudible.
Dès cet instant, j'imagine tous les scénarios. J'imagine qu'il sait que je suis amoureuse de lui, qu'il va se moquer de moi, qu'il va le scander à qui veut l'entendre, mais non, cela n'arrive pas...
Très rapidement, il me dit que Joana est malade et qu'ils sont désormais officiellement ensemble. J'aurais voulu lui répondre "Inutile de me le dire, la soirée au bowling me l'a fait comprendre". Mais je ne dis rien, je l'écoute. Ensuite, il passe à autre chose en me racontant ses vacances et son premier match de foot après sa vilaine blessure à la jambe. Puis, il finit par m'avouer ses sentiments pour Joana. Pendant ce long monologue, je m'apaise un peu et me dis qu'il ne doit pas savoir, je suis rassurée. Joana ne m'a qu'à moitié trahit. Mais qu'à t'elle pu lui inventer sur le fait que nous nous parlions plus ?
Une fois les groupes constitués et les consignes des professeurs que je n'ai absolument pas écouté, mon groupe et moi rejoignons une petite salle où nous découvrons que nous allons faire du saut en hauteur. Ouf ! Mes années d'expérience en athlétisme vont m'être bénéfiques. Pierre ne me lâche plus. Je trouve cela assez bizarre, mais cela ne me déplaît pas. Nous continuons de discuter le temps d'attendre notre tour et je m'ouvre un peu plus à lui, en lui précisant que j'habite une maison avec mes parents et l'une de mes soeurs, j'indique même l'âge de cette dernière. Le temps passe très vite et c'est déjà à moi de sauter, je mesure mes foulées et hop je m'élance. la professeure médusée m'applaudit, mais elle n'est pas la seule, Pierre aussi et là c'est le drame, je vire au rouge. Sans un mot, je rejoins la file pour un deuxième saut. Mon nouveau fan ne tient plus en place, il n'en revient pas que je saute si haut et surtout pour un premier saut. J'aimerais lui dire que le sport et moi c'est une longue histoire d'amour, mais je suis trop intimidée. Enfin, un second saut encore plus haut sous désormais plusieurs applaudissement et pour finir un troisième saut acclamé par l'ensemble de l'assemblé et même l'une des bécasses. Ce matin-là je suis la seule à voler si haut. Mon petit secret : ma Mémé Marie que j'essaie d'atteindre pour la remercier d'avoir exaucé ma prière.
Après ce début de matinée remarquable, je me sens plus forte que jamais. Dans le même esprit, je participe glorieusement au deux heures de cours de Français. Mes camarades ne me reconnaissent presque plus. À midi, je retrouve ma tante "Mimi" comme je la surnomme et déguste son délicieux hachis parmentier. Nous discutons de choses et d'autres et elle me demande des nouvelles de ma mère. Je me rends soudainement compte que j'ai totalement oublié ma mère. Prise au dépourvu, je lui dit que je ne sais pas. Quel honte ! Je termine mon dessert, me lave soigneusement les dents et je repars à l'école avec optimisme. L'après-midi et tout aussi bonne que la matinée. Je reçois un 16/20 en mathématiques, une des bécasses vient me féliciter pour ma perfomance de ce matin, Pierre passe toute la récréation avec moi et Amandine et Virginie ne m'interrogent même pas sur Joana. je crois qu'elles ont comprit que c'était mieux ainsi.
En rentrant à la maison ce soir, je me sens bien. Cette sensation est de courte durée, j'ouvre la porte, ma mère est là :
- Bonjour ma Finou !
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