Jadis, bien avant de naître sur Terre,

Avant même d'être enveloppé de matière,

Et de découvrir du jour la lumière,

J'étais en un monde psychédélique,

Régi seulement par des lois poétiques,

D'où s'échappaient de fous rejetons,

Qui allaient des artistes visiter l'inspiration .

Simple brouillon d'un inachevé dessin,

Qui flottait sur la grande page du Néant sans fin,

J'avais pour seule et unique consistance,

Des pleins et des déliés qui par leur danse,

Me donnaient un semblant d'humaine silhouette,

Où venaient se perdre des lettres analphabètes :

A, B, C, D, E et les autres jusqu'au Z,

Celles-là même qui à s'exprimer nous aident .

Puis ces volutes muèrent en enveloppe charnelle,

Comme pour m'interdire de rester une illusion éternelle,

Et à l'inverse d'étrangetés que nul n'a vu,

De ce monde de poésie je disparus,

Pour naître sur cette bonne vieille Terre,

C'est pour cela que depuis, l'art ne peut que me plaire.

Car j'ai l'impression de me rappeler naguère,

Quand j'étais parmi toutes ces folles chimères,

Dont certaines se changent ici-bas en humains vrais,

Ou bien avec moins de chance restent sur du papier,

Toutes sorties de cet espèce de non-monde,

Où les futures inventions de l'homme font la ronde .

Aussi je me demande ce qu'il vaut le mieux :

Rester dans un monde de rêve une chimère ?

Ou exister vraiment dans un monde foireux,

Qui de place au rêve ne laisse plus peu à peu ?

DJEDGE - Septembre 2003