L'armoire à secrets - 1ère partie : Elena
Après un bref passage au poste de police, Elena put rentrer chez elle. A peine avait-elle franchi la porte qu'elle ôta ses vêtements un par un. Elle mit le tout dans le panier à linge et se précipita sous une douche très chaude. Quand tout se brouillait dans sa tête, elle procédait systématiquement ainsi.
Sous le jet brûlant, les souvenirs se mirent à tournoyer. Dorian... Ce prénom la renvoyait à son enfance, au jour fatal, à l'époque la plus sombre de sa vie, l'année de ses dix ans. Cela faisait maintenant dix-sept ans et elle n'avait rien oublié même si, depuis très longtemps, elle tentait d'occulter cette période et les mois d'errance qui avaient suivi.
Le message laconique retrouvé dans la poche de Dorian était plutôt explicite. Elena allait devoir affronter son passé et l'insupportable cortège de souvenirs qui allait avec.
Elle sortit de la cabine de douche, enfila un peignoir et s'assit sur le canapé après avoir allumé la télé de façon quasi automatique. Elle s'allongea et se laissa dériver au gré des réminiscences de son enfance et de son adolescence.
Elena se sentait toute petite. Il en allait toujours ainsi quand elle repensait à ses parents. Les dix-sept dernières années n'avaient rien effacé de la douleur ressentie lors de cette noire journée de novembre.
A vingt-sept ans, Elena avait derrière elle de nombreuses séances de thérapie. Celles-ci lui avaient laissé un goût amer. Cela ne lui avait permis ni de se défaire de sa peur panique de l'abandon ni de se débarrasser de son cauchemar récurrent : elle se réveillait, entourée de cadavres, et elle savait intuitivement qu'elle était la seule et unique survivante.
Elle se fit la réflexion que cette crainte obsessionnelle, sienne depuis l'âge de dix ans, était ce qui faisait systématiquement foirer ses histoires d'amour.
C'est à ce moment que retentit la sonnerie de son téléphone. Elle jeta un coup d'oeil à l'écran et décrocha. C'était justement son homme qui appelait. Elle allait devoir se dévoiler plus qu'elle ne l'aurait souhaité. Erwan et elle se fréquentaient depuis deux ans et demi mais il ne savait quasiment rien d'elle.
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