L'été d'Elena - 2ème partie : canicule
Vendredi 26 juillet 2013, aux alentours de 16 heures :
Elena invita les policiers à entrer. Le grand blond, Iceman, semblait toujours aussi peu amène. Quant au brun plutôt trapu, son regard émeraude lançait des éclairs. La fin d'après-midi s'annonçait orageuse.
- Mademoiselle Martin, que nous avez-vous caché ? entama l'inspecteur Kleen
- Rien !
- Ecoutez, cela suffit, répliqua sèchement le géant. Nous avons trouvé, dans les affaires de Dorian O' Maley (voilà qui confirmait les suppositions d'Elena) des photos de lui et d'une fillette. Il semblerait que cette petite fille, ce soit vous. Voyez vous-même ! lança-t-il en lui montrant une photo quelque peu défraîchie qui montrait les deux enfants en train de rire. Leurs prénoms étaient même inscrits au bas du cliché.
- Inspecteur, j'ai bien connu ce Dorian-là. Je ne l'ai pas revu depuis mes dix ans. Et l'homme du train était un étranger pour moi. En dehors des rares fois où je l'ai aperçu sur la ligne, je n'ai jamais eu l'occasion de le rencontrer. Nous avons à peine échangé trois mots lorsqu'il m'a demandé s'il pouvait s'asseoir à côté de moi, au départ de Paris, ce matin.
- Si vous le dites, ironisa Iceman,
- Georges ! Pas la peine d'affoler Mademoiselle Martin, l'interrompit l'officier Riveira.
Elena se dit qu'elle ne s'était pas trompée en voyant le policier brun aux yeux étonnants comme le gentil du tandem. A moins qu'il ne joue un rôle. Elle devait se méfier. Ils devaient former un duo bien rôdé et ils ne semblaient pas du genre à s'en laisser conter.
Elle demanda timidement "Savez-vous de quoi est mort Dorian ?" Cette question la taraudait depuis la découverte, à ses côtés, du corps inanimé.
Aucun des deux policiers ne prit la peine de lui répondre.
- Ecoutez, Elena (c'était Esteban Riveira qui avait pris la parole), l'autopsie est en cours. Veuillez ne pas quitter Sens jusqu'à mardi, comme nous vous l'avons déjà demandé. Nous aurons besoin de vous interroger de façon plus précise lundi. Sur ce, il lui remit une convocation pour ce jour-là, à quinze heures.
- Je ne vous serai d'aucune utilité, mais je n'ai pas le choix je suppose ...
- En effet, grogna Iceman. Vraiment, la jeune femme le trouvait antipathique.
Bien qu'elle ressentit la présence des deux hommes comme envahissante, elle eut pitié d'eux. Ils transpiraient à grosses gouttes. Elle leur proposa des rafraîchissements, qu'ils s'empressèrent d'accepter. Iceman se détendit même un peu et la remercia. Quand il souriait, il semblait charmant. Quel contraste avec le cerbère qu'elle avait vu jusque-là !
Ils s'assirent tous trois autour de la table, leur Perrier menthe à la main. Ils discutèrent de Dorian et de l'enfance commune des deux enfants. Elena leur expliqua, replongeant dans ses lointains souvenirs, comment ils s'étaient rencontrés et à quel point ils étaient liés. Elle leur dit aussi que ses parents étaient décédés suite à un accident de voiture et, qu'après, elle et Dorian ne s'étaient plus revus. Elle omit de leur signaler que le petit garçon était dans le véhicule au moment de l'accident. Elle n'évoqua pas non plus les circonstances de l'accident. D'après la feuille retrouvée dans la poche de Dorian, elle pensait que les événements de l'époque devaient avoir un rapport avec le contenu du message. Cependant, les quelques mots griffonnés étaient bien minces ...
Quand les officiers de police partirent enfin, Elena se demandait encore ce que l'autopsie révèlerait. Est-ce-que ça l'avancerait dans ses suppositions ? Qu'allait-elle devoir dévoiler à Kleen et Riveira ? Pour l'instant, le mystère restait entier. Elle redoutait l'interrogatoire prévu le lundi suivant.
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