Renaissances - 3ème partie : Le soleil de Richard

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Juin 1998
 
Après plusieurs mois à fonctionner comme une machine à faire de l'argent, Richard éprouva le besoin de stopper cette locomotive sans destination. Il s'était abruti de travail après le départ de la dernière personne qui comptait pour lui, sa femme. Il était grand temps qu'il se serve de son don pour rebondir.
 
Il n'avait rien oublié mais la souffrance s'était peu à peu estompée dans la répétition quotidienne des mêmes tâches. Il était sur le point de prendre une nouvelle route, de donner une nouvelle trajectoire à sa vie. Ce qu'il avait envisagé semblait probablement fou à certains, mais ce n'était pas plus incongru que de continuer ainsi.
 
Tout plaquer, voilà ce qu'il allait faire. Ses millions, qui ne lui rendraient pas ce qu'il avait irrémédiablement perdu, lui permettraient au moins de quitter ce monde sans perspective d'avenir à ses yeux.
Il avait fait un choix surprenant après avoir entendu un de ses clients parler de pèlerinages au Tibet. Telle serait sa destination et il avait opté pour le mont Kallash. Après ce voyage initiatique qui ne durerait que quelques jours, il aviserait. Sa fortune personnelle le mettait à l'abri sur le plan matériel.
 
 
Juillet 2000
 
Après son périple au Tibet, qui avait finalement duré plusieurs mois suite au pèlerinage effectué sur le mont Kallash, Richard Boyd avait mis le cap sur la Chine. Il avait entendu parler de missions humanitaires dans ce pays aussi grand qu'un continent et plus rien ne le raccrochait à sa vie antérieure. Son argent lui assurerait l'essentiel et, surtout, lui permettrait d'aider son prochain. Mais il ne comptait pas s'arrêter là. Il donnerait de sa propre personne. Il était temps qu'il "rende" ce qu'il avait pris. Il n'avait pas oublié que, par sa faute, un enfant s'était vu privé de mère. Il avait bien conscience que ce qu'il avait fait était impardonnable, il ne pouvait qu'expier.
 
 
Mars 2001
 
Ce fut le mois de la résurrection de Richard. Il avait rencontré, au sein de la petite mission pour laquelle il oeuvrait, une jeune métisse, fille d'un diplomate chinois et d'un médecin américain. Carolina avait un teint de miel et des cheveux de jais. Elle était magnifique, un rayon de soleil qui allait illuminer son existence au cours des cinq années à venir. Chaque jour passé à ses côtés était un enchantement. Richard n'avait jamais été aussi heureux, à l'exception des onze premières années de son mariage avec Anne et de leurs dix années auprès de Kate et Bella.

Les choses étaient devenues sérieuses entre la jeune femme d'une trentaine d'années et Richard, âgé de quarante-trois ans. Celui-ci avait alors confié à Carolina qu'il ne voulait pas d'enfant. Elle lui avait demandé pourquoi et il lui avait simplement répondu qu'il avait eu deux filles mais que celles-ci étaient décédées. La jeune métisse n'avait pas pu en savoir plus car parler de cette époque douloureuse était insupportable à Richard. Elle avait accepté cette condition à leur vie de couple, espérant secrètement faire changer d'avis son compagnon.

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