Mardi 6 août 2013

La veille, Elena avait été autorisée à quitter Sens. Cependant, elle devait rester joignable par les policiers. Elle en profitait donc pour raccompagner la famille O' Maley à Paris. Elle et Junior avaient décidé de passer quelques jours dans le Morbihan. John et Catherine devaient quant à eux rentrer à Dublin pour obligations professionnelles.

Au cours du week-end précédent, Richard Boyd avait contacté son employée. Il lui avait annoncé que tout se passait bien avec Mademoiselle Chang. Il avait de ce fait proposé à Elena d'avancer ses vacances, initialement prévues en septembre. Pour la convaincre, il avait fait valoir que sa remplaçante, fort compétente, était ravie de ce mois de travail à venir. Elena, soulagée, accepta tout en le remerciant chaleureusement.

Le mardi matin, la jeune femme et les O' Maley étaient arrivés à la gare de Bercy, à Paris, à 8 h 28. Là, ils s'étaient séparés. Elena et Junior avaient pris la ligne 6 du métro parisien, direction la gare Montparnasse où ils prendraient le TGV pour Auray. Quant aux parents du jeune homme, ils avaient décidé de prendre un taxi pour se rendre à l'aéroport. Le vol pour Dublin partait à 12 h 55, ce qui leur laissait largement le temps de s'enregistrer. Ils pourraient même déjeuner avant le voyage.
Les deux jeunes gens arrivèrent sans encombre à la gare Montparnasse. Leur train, qui partait à 10 h 08, n'était pas encore à quai. Le voyage en TGV serait court, l'heure d'arrivée à Auray étant prévue à 13 h 32. Ils avaient décidé de camper quelques jours à Plouharnel. A l'arrivée à Auray, il leur faudrait attendre "Le Tire-Bouchon", train qui reliait Quiberon à Auray pendant la période estivale.

Elena avait proposé ce voyage à Junior car elle s'était aperçue que le jeune homme souhaitait lui parler mais n'osait pas le faire en présence de ses parents. Comme il était en congés, il avait accepté. Elena était certaine qu'il savait quelque chose d'important. De plus, elle était nostalgique de sa Bretagne et des jours heureux qu'elle y avait coulés.

Enfin arrivés au camping des Sables Blancs, qui était bien rempli, ils trouvèrent un petit emplacement pour planter la tente qu'ils avaient achetée la veille de leur départ.
L'après-midi et la soirée se déroulèrent tranquillement. Les deux jeunes gens s'étaient baignés dans l'Atlantique. La plage faisant partie intégrante du camping, inutile d'aller loin. C'était un endroit de rêve bien qu'il y eût foule.

Pour dîner, Elena et Junior avaient acheté quelques victuailles à l'épicerie située à l'entrée de leur lieu de vacances. Le jeune homme confirma qu'il avait des soupçons sur le décès de son frère. Ce dernier lui avait confié, quelques semaines avant le drame, qu'il avait l'impression d'être observé. Un jour, en quittant son travail, en fin d'après-midi, Dorian avait eu la sensation d'être suivi et il avait cru reconnaître un visage. La jeune femme aurait aimé en savoir plus tout de suite mais Junior lui dit qu'ils poursuivraient la conversation le lendemain. Il était fatigué. Le chagrin, le voyage et la chaleur l'avaient épuisé. Il ne parvenait plus à réfléchir. Il souhaitait être en possession de toutes ses facultés pour tenter de débrouiller la situation et explorer différentes pistes, avec l'aide d'Elena.

La jeune femme avait l'esprit plein d'interrogations, comme à l'habitude. Elle se doutait que Dorian avait débuté son voyage en France par une étape à La Trinité-sur-Mer, l'endroit de leurs retrouvailles régulières au cours de leur enfance. C'était aussi pour cela, et pas seulement parce que sa Bretagne lui manquait, qu'elle avait voulu revenir là où tout avait commencé.

L'horizon était dégagé, elle ne négligerait rien et emprunterait chaque voie qui s'ouvrirait devant elle. Elle comptait transmettre à l'inspecteur Kleen et à l'officier Riveira tout ce qu'elle apprendrait car elle souhaitait que l'enquête avance. Elle espérait qu'ils laisseraient en retour filtrer quelques informations qui pourraient lui être utiles mais elle ne se faisait guère d'illusions. "Peu importe !" se dit-elle en son for intérieur. Rien ne la ferait abandonner et, dès le lendemain, elle se mettrait en route pour la ville de sa prime enfance. Junior l'accompagnerait car, là aussi, il devait savoir quelque chose. Il devrait fouiller dans sa mémoire pour se rappeler des lieux où son frère s'était rendu.