La longue route de Dorian - 2ème partie : mi-parcours
Fin décembre 2008
Depuis plus d'une semaine que Dorian vivait à Dijon, où il louait une chambre chez l'habitant, il pensait avoir enfin retrouvé les parents adoptifs d'Elena. Il avait demandé à sa logeuse, avec qui il avait sympathisé au bout de quelques jours, s'il pouvait utiliser son ordinateur pour des recherches. Après avoir compris de quoi il retournait, elle lui avait indiqué comment obtenir les coordonnées de personnes dont on connaissait le nom et la zone géographique d'habitation. Il avait donc surfé sur le site des pages blanches, ciblant Dijon et ses alentours : il repéra une bonne dizaine de Frédéric Martin mais aucune Nina portant le même patronyme (il avait effectué les deux recherches, la ligne pouvant être au nom de l'homme ou de la femme). En procédant ainsi, il n'était toutefois pas certain de parvenir à ses fins. En effet, si les Martin étaient sur liste rouge, cette démarche ne lui serait d'aucune utilité.
Il en était à son huitième appel lorsqu'il crut faire mouche. Une femme lui répondit de façon peu amène qu'il n'y avait pas d'Elena chez elle puis lui raccrocha au nez. Ses précédents appels aux différents Martin sélectionnés s'étaient mieux passés que celui-ci bien qu'il n'ait obtenu que des réponses négatives. Il en déduisit que soit la personne lui ayant répondu était tout simplement désagréable soit elle mentait. C'était sur ce foyer qu'il allait se focaliser, ayant l'intuition que la deuxième option était la bonne.
Malgré tout, il appela les trois Martin qui restaient sur sa liste. Toujours la même réponse : pas d'Elena. Cependant, ces dernières communications furent courtoises. Rien de commun avec la femme qui l'avait sèchement rembarré quelques minutes plus tôt.
Dorian commença à élaborer son plan d'action. Il se rendrait dès le lendemain chez celle qui l'avait éconduit. Il espérait trouver un argument décisif pour qu'elle le reçoive. Peut-être son mari serait-il présent et qu'il aurait plus de chance avec lui. Il ne servait à rien de tirer des plans sur la comète, il fallait agir.
Le jeune homme appela son frère pour prendre des nouvelles de sa famille. Malgré toutes les frictions, celle-ci lui manquait.
Junior répondit avec entrain. Il était toujours heureux d'entendre son frère aîné. Leurs caractères opposés ne faisaient que les rapprocher. Dorian demanda à John si tout allait bien à la maison. Son frère lui répondit que oui, tout était tranquille. Leurs parents se montraient parfois mélancoliques mais, globalement, ça allait. Par contre, Junior avait eu la visite d'un ancien pote de Dorian. Celui-ci cherchait le jeune homme. Il disait qu'il avait des comptes à régler avec lui. Il avait harcelé Junior, allant même jusqu'à le menacer. Toutefois, le plus jeune des deux fils O' Maley n'avait lâché aucune information. Cela inquiéta temporairement Dorian. C'était surtout pour sa famille qu'il se faisait du souci car il estimait que, là où il vivait, il ne craignait rien. Personne, même pas Junior (celui-ci savait simplement son frère en France), n'avait idée de son lieu de résidence.
Comme prévu, il se rendit dès le lendemain chez les Martin qu'il pensait être les parents adoptifs d'Elena. Il trouva porte close. Prêt à rebrousser chemin, il vit un des voisins qui l'observait par la fenêtre. Il eut l'idée de lui poser la question qui lui brûlait les lèvres : "Bonjour Monsieur, sauriez-vous si Elena est présente aujourd'hui ?" Il faisait comme si de rien n'était, cette technique pouvant fonctionner d'après lui.
Le voisin lui répondit que ce n'était pas la peine d'attendre. Elena était partie depuis quatre ans. Personne n'avait plus jamais eu de ses nouvelles, malgré les recherches entreprises.
Cette information laissa Dorian abattu. Si des recherches approfondies n'avaient rien donné après le départ de la jeune femme, comment allait-il faire ?
Il devait réfléchir. Si Elena était partie de son plein gré, sans doute avait-elle une bonne raison. Elle ne voulait sûrement pas qu'on la retrouve. Il songea que le meilleur moyen de se perdre dans la masse était de se rendre à Paris, là où la population était la plus importante.
Bien que dans l'incertitude la plus totale, il choisit de partir pour la capitale dès la fin de semaine. De plus, d'après ce que lui avait dit son frère, quelqu'un de peu recommandable le recherchait. Il se sentirait en sécurité dans cette grande ville. Pour ce qui était des méthodes possibles pour tenter de retrouver Elena, il lui faudrait faire le point. Pour l'instant, il ne voyait pas par où commencer.
Annotations