Janvier 2009
 
Cela faisait maintenant deux semaines que Dorian se trouvait à Paris. Il avait profité des premiers jours pour visiter la capitale, en bus et à pieds. C'était un bon moyen pour découvrir la ville. Il s'était fixé une semaine pour décrocher un emploi et un logement. D'après ce qu'il avait compris, ce dernier risquait de poser plus de problèmes que le premier.
 
Le lendemain de son arrivée, il s'était rendu dans un cybercafé afin de procéder comme il l'avait fait à Dijon. Même s'il n'y croyait pas, cela ne coûtait pas grand chose de consulter l'annuaire. Si elle avait voulu disparaître et ne laisser aucune trace, Elena n'y figurerait sûrement pas. De plus, elle était peut-être mariée et, si tel était le cas, elle ne s'appelait plus Martin. Dorian pressentait que la route pour la retrouver serait semée d'embûches. Il ne trouva que cinq réponses pouvant correspondre à sa recherche, sur les pages blanches : deux E. Martin, une Elena Martin et deux Héléna Martin. Comme il ne savait pas comment s'orthographiait le prénom de la jeune femme, il appela successivement les cinq personnes. Il ne parvint à en joindre que trois. Il s'annonça à chaque fois par un “Allô, Elena ? Ici Dorian” mais toutes les femmes ainsi contactées lui affirmèrent qu'elles ne connaissaient aucun Dorian et qu'il devait faire erreur. Pour les deux qu'il n'avait pas réussi à joindre, il ferait une nouvelle tentative le soir. Il le fit, sans plus de succès.
 
Il ne savait plus comment procéder. Était-il seulement au bon endroit ? Après tout, Elena pouvait se trouver n'importe où. Elle n'était peut-être même plus en France ! C'était à désespérer.
 
Dorian allait devoir faire preuve de détermination et de patience. Il se sentait frustré. De plus, il était à bout de forces. Il avait marché plusieurs heures dans le froid et la grisaille. Une bonne nuit de sommeil lui ferait le plus grand bien. Ses idées seraient probablement plus claires le lendemain matin.
 
 
Eté et automne 2009
 
Dorian n'avait pas avancé dans ses recherches. Sa quête paraissait inutile. Il n'avait aucune piste. Il s'était laissé absorber par la capitale qu'il trouvait pleine d'attrait. Il avait visité les sites les plus célèbres mais il était loin d'avoir fait le tour de tous les lieux intéressants. Son emploi de serveur dans une brasserie le satisfaisait pleinement. Il habitait un studio minuscule mais cela lui suffisait.
 
Un fait ne cessait de l'étonner : les Françaises n'étaient pas insensibles à son charme et certaines, plus dévergondées que les autres, le draguaient ouvertement. Après quelques semaines à repousser chaque jeune femme qui l'abordait, il avait craqué pour une rousse. Evidemment, Elena l'était ! Leurs yeux aussi avaient quelque chose de commun : une couleur bleue et une forme en amande identiques.
Leur relation avait duré deux mois mais Dorian, toujours obsédé par Elena, décida de rompre. De plus, il ne s'était pas profondément attaché à Chloé. Depuis l'automne 1996, il n'avait réellement pu se lier à personne. Une peur viscérale le taraudait. S'il aimait de nouveau et qu'il perdait encore l'objet de son affection, il était certain de ne pas y survivre. Chloé eut du mal à accepter le départ de Dorian, d'autant plus qu'il était inexpliqué. Son amant n'avait plus jamais cherché à la joindre et n'avait répondu à aucun de ses appels.
 
Après cette courte relation, Dorian n'eut plus que des aventures, soit de quelques jours, soit de quelques semaines. Cela se terminait toujours de la même façon. Il coupait les ponts du jour au lendemain. Quelques-unes de ses conquêtes vécurent très mal la rupture brutale, s'étant attachées à ce brun ténébreux tantôt joyeux tantôt mélancolique. Dorian, c'était le mystère incarné, ce qui ne le rendait que plus attirant. Après certaines ruptures, il avait reçu des coups de téléphone menaçants. Ces appels émanaient tous de ses maîtresses abruptement éconduites.