Chapitre 10
- Elle dort, dit-il alors aux démons qu'il laissa entrer dans le petit salon de la chambre.
- Maître.
- Elle se rappelle enfin de nous. dit-il assis dans le fauteuil qui donnait sur le lit.
Le feu crépitant, donnait au visage de Nohan une aura terrifiante. Son sourire était plus carnassier encore.
- C'était donc elle ?
- Oui. Il est important que vous compreniez maintenant qu'elle sera nôtre sous peu. Le mariage est maintenu et je compte bien la garder.
- Sa famille arrive ?
- Tous viennent. Même les plus jeunes.
- Faut-il craindre à une attaque ?
- Oui. Cérésia vient et je compte sur vous pour ne pas la laisser approcher Stalia ou Kaerthage. Mère doit être protégée aussi.
- Vos ordres Maître.
- Le Roi Avening va tenter quelque chose avant le grand froid. Je veux qu'il n'ai aucun moyen de répliquer, ni aucune aide qui vienne d'où que ce soit. Père sait que nous le massacrerons.
Un gémissement se fit entendre près d'eux.
- Kaerthage...
- Sir Atlas ?
- M'avez-vous reconnu même dans le sommeil ma douce ?
- Hmm...
- Venez, approchez.
Encore endormit, elle quitta le lit, tremblant de froid pour rejoindre ce dernier qui l'installa sur ses cuisses.
- Vous ai-je réveillé ?
- J'ai entendu des voix curieuses autour de moi se demandant qui j'étais.
Nohan tourna la tête vers ses hommes, fronçant le regard, poussant un grondement bestial. Kaerthage découvrit alors plusieurs hommes qu'elle connaissait déjà, le regard sombre. Des Ravageurs, mais c'était leurs démons qui se présentaient à elle.
- N'ayez point peur ma douce.
- Serait-ce leur voix que j'ai entendu ?
- Oui. Nous préparons l'arrivée de votre famille.
- Ou un plan pour éviter une catastrophe ? tenta t-elle.
Il lui caressa la joue, la tête posée sur sa main, accoudée à son fauteuil. Un lent sourire en coin remonta la commissure de ses lèvres.
- Maître, l'appela l'un d'eux.
- Karssian
Sous les traits du bras droit de Nohan, la jeune femme découvrit un autre démon qui mit un genou à terre.
- Je suis le bras droit de Seigneur Atlas, je me nomme Karssian, mon humain est Sartan, l'ami et bras droit du Prince.
- Je suis enchantée de vous rencontrer Messire Karssian, dit-elle en inclinant la tête, malgré sa position.
- Elle n'a pas peur ?
- Le devrais-je ?
Surpris, les démons se jetèrent des regards étonnés puis chacun l'approcha pour se montrer laissant Kaerthage en apprendre plus sur eux et leurs humains.
- Sir Atlas, j'avais raison.
- Sur quel point ?
- Vous avez un grand cœur.
- Vous nous avez donné le votre. Mais il est temps à présent de vous rendormir.
Il se leva, la portant dans ses bras à mesure que ses yeux se refermaient, ils la virent sourire dans son sommeil.
- Maître.
- Elle est chère à notre cœur, Nohan et moi refusons qu'il lui arrive quoi que ce soit. Vous savez ce que vous avez à faire.
- Oui Maître.
- Disparaissez.
Une fois seul, le démon et le Prince eurent une grande discussion à cœur ouvert et l'un comme l'autre se promit de la défendre, de la protéger et de l'aimer jusqu'au dernier souffle.
[...]
- Votre Altesse ! s'écria le marchand qui avait exposé le collier de la Princesse sur le marcher. Comment pouvais-je savoir que ceci vous appartenait ?
- Les noms au dos du bijou ! gronda Nohan frappant du poing l'accoudoir de son fauteuil.
Kaerthage savait que c'était un moment compliqué à passer, elle avait déjà assisté à des séances où son père décapitait des sujets qui ne lui donnaient pas raison, le mettant très en colère. Nohan n'était pas ce genre là, mais sa colère était compréhensible. Elle s'aventura à poser ses doigts sur son poing, l'aidant à se calmer. Le regard qu'il lui adressa était celui de deux être se battant le corps afin de lui sauter dessus pour lui arracher la vérité.
- Nohan, Atlas, murmura t-elle. Majesté ?
- Ma chère ?
- Me permettez-vous quelque chose ?
- Qu'est-ce ?
- Une chose que j'ai pu apprendre durant ces 10 dernières années. dit-elle vaguement, rendant curieuse l'assistance présente durant l'interrogatoire du marchand en panique.
- Faites. Ceci vous concerne après tout.
- Merci Votre Majesté.
- Kaerthage ?
Elle lui sourit et se leva dans une grâce naturelle pour s'approcher de l'homme à genoux devant le dais royal. Elle se posta devant lui et plongea son regard lumineux dans le sien.
- Qu'est-ce que...
- Père attendez, intervint Nohan surpris.
- Que fait-elle ?
- Chut.
Nohan pencha son corps en avant, surpris et aussi curieux que le reste de la salle suspendu par le temps et l'agissement de la jeune femme tenant le menton de l'homme silencieux, hypnotisé par ce regard vert émeraude et bleu agate qui semblait l'aspirer pour retracer son histoire avant de le vider de son énergie vitale.
- La vérité est trouvée Majesté, dit-elle enfin, lâchant l'homme qui secoua le tête pour reprendre le contrôle de ses esprits.
- Qui...
- Atlas.
- Ma chère ?
- Je crois qu'il n'y a que vous qui puissiez extraire ce que j'ai vu.
- Impressionnant, murmura le Roi, attentif à ce qu'il se passait devant lui.
- Approchez ma douce, fit le démon sur son siège, tendant la main vers elle pour qu'elle le rejoigne. Montrez moi.
Il plongea à son tour et pu trouver ce qu'elle voulait lui montrer. Une capacité bien étrange mais forte intéressante.
- Majesté, l'appela alors le démon, aidant la jeune femme à se rasseoir..
- Sir ?
- Je crois que nous pouvons ajouter une croix sur notre haine commune.
- Qu'avez-vous vu ? Qu'a t-elle vu ? Montrez nous, lui ordonna le monarque.
- Je crois que je n'ai pas besoin, il va vous le dire lui-même. répliqua alors Nohan, toujours présent, tenant la main de sa belle qui se sentait nauséeuse.
- Je...
- Dites la vérité !
- Je...
- Vous avez participé à l'attaque du château ce jour-là, répondit Kaerthage dans un souffle court. Vous avez fait peur à mes sœurs et moi, blessant Juan qui en est mort quelques jours plus tard. Vous aviez eu vent de l'absence de Père le temps d'une balade et vous vous êtes dit, avec ces hommes qui vous accompagnaient, que gagner quelques pièces avec ce que vous trouveriez au château, pendant que la surveillance était moindre, serai une aubaine pour votre commerce.
- Respire ma douce, lui demanda Nohan soucieux.
- Co... Comment vous savez ça ?!
- Tout comme je sais que vous n'avez aucune bouche à nourrir, juste une soif pressante de faire fortune et d'une renommée par de là le monde.
L'homme blêmit et se raidit.
- Vous êtes entré dans nos chambres cette nuit-là... dit-elle horrifiée par ce qu'elle revoyait. Vous l'avez vu briller sur moi, dormant paisiblement dans mon lit, entourée de mes sœurs encore effrayées par l'attaque. Vous êtes venu à moi et me l'avez pris... Votre regard... Je...
- Suffit tonna la voix de Nohan. Suffit, chérie calme toi et tais toi. Ne dis plus rien je t'en prie ou je jure devant tous de le tuer ici sur le sol de la grande salle.
Il lui tint la main, nouant ses doigts aux siens qui cherchaient instinctivement sa chaleur.
Son regard signifiait qu'il ne se retiendrait pas.
- Non ! Non je vous en supplie Majesté ! Ce... Ne faites pas ça !
- Nohan, mon fils. Dit-elle la réalité ?
- Il partage avec moi ce qu'il a vu et j'ai vu, ce petit corps endormis, tenant un ourson gris, un ruban rose autour du cou, le collier reposant sur sa poitrine sous le drap, les larmes sur son visage...
Trop de détails, pour que ce soit un mensonge, le marchand se mit alors à crier et implorer le monarque de l'épargner. Mais Nohan se leva, prenant son épée pour la pointer sur ce dernier.
- Vous avez osé toucher à ma fiancée, une Princesse de Solaris. déclara t-il.
Le marchand se tue, ouvrant en grand ses yeux. Il allait mourir, c'en était fini de sa vie tranquille, il avait fallu qu'il tombe sur la propriétaire d'un de ses bijoux. Lui qui s'était toujours employé à ne jamais se faire prendre, voilà qu'il s'était fait prendre la main dans le sac.
- Ne regarde pas, ordonna Nohan à la jeune femme.
- Non, répondit-elle, tremblante sur son siège tandis qu'il allait enfin montrer quelque chose qu'elle avait toujours pris soin de ne pas imaginer au risque de prendre la fuite.
Elle voulait savoir et devant ses yeux, le démon prit enfin ses marques, montrant alors un visage balafré, des yeux aussi noir que les abysses du monde, ses doigts s'allongèrent et vinrent prendre son visage entre.
- Si ma douce femme n'avait pas trouvé ce collier, pour retrouver des souvenirs perdus, je n'aurai pas eu le déplaisir de lui faire cette démonstration. déclarèrent l'homme et le monstre. Cependant, je ne suis pas aussi doux qu'elle. Merci pour votre service et de me l'avoir rendu. Je vous attendrai devant les grilles.
- Non ! NOOOON !! AAAAAAH !!!
La chaire craqua sous les doigts de Nohan, le sang éclata, aspergeant sa tunique et le sol, les os se broyèrent, puis un grand bruit de crâne qui se brisait sous une poigne de fer ainsi qu'un corps tombant inerte sur les dalles froides de la salle. Kaerthage tint bon quand elle le vit et surtout quand Nohan se tourna vers elle. Sa seule inquiétude à cet instant était qu'elle ne voulait pas que son père croise ces deux là car une guerre ouverte était inévitable. Nohan serai le premier blessé. Elle se leva pour le rejoindre et lui toucher la joue.
On retint son souffle, des couinements apeurés, les gardes prêts à défendre qui se ferait attaquer, mais pour elle, seuls comptaient ces deux êtres dans le même corps qui la regardaient étrangement calme.
- Que fais-tu là petite Princesse, murmura alors Nohan les yeux fermés, se laissant caresser par cette douce enfant.
- Je récompense mon fiancé. répondit-elle avec sérieux.
Un sourire étira sa bouche, il l'attira à lui pour l'embrasser voracement, tenant fermement sa taille contre lui, ne voulant pas la lâcher. Le Roi détourna le regard, une main devant les yeux, sa femme rougissante, souriant de toutes ses dents, Lowrak se racla la gorge et Stalia applaudissait comme une enfant. Mais l'assistance se retenait d'agir, trop apeuré par ce que pouvait faire ce Prince dans cette condition.
- Ma robe ! s'écria alors Kaerthage en se rappelant qu'il était lui-même couvert de sang.
- Est-ce que maintenant que tu t'en rends compte ?
- Mon dieu ! Je suis sincèrement désolée Vos Majestés ! Puis-je demander de me retirer pour me changer ?
- Faites mon enfant, dit la Reine en pouffant.
- Mon fils, il te faut également te changer, dit le Roi en les chassant épuisé.
Ils s'inclinèrent et quittèrent la salle main dans la main pour rejoindre leurs propres appartements à deux ailes différentes.
- Il me tarde que tu rejoigne les miens, dit-il alors qu'il la quittait devant les portes de sa chambre.
- Il est encore trop tôt pour demander un changement.
- Votre Altesse !
- Capucine ? Que ce passe t-il ?
- Vos affaires.
- Eh bien oui ?
- On été changé de place.
- Pardon ?
- Je te l'ai dit, il me tarde que tu me rejoigne, murmura Nohan tout sourire.
- Ne me dis pas que...
- Ma douce Princesse, Père nous a accordé de prendre chambre ainsi nous pouvons laisser celle-ci pour l'une de tes sœurs. Viens, il est temps que tu découvre ton nouveau chez toi. Tes aides seront plus à leurs aises dans cette aile, personne n'y vient hormis les Ravageurs.
Il la souleva telle une jeune mariée et traversa à grands pas, suivit par les aides et quelques uns des hommes du Prince, jusqu'à l'aile réservée à Nohan et les siens. Il n'y faisait pas trop froid, mais la chaleur n'était pas ce qui frappait les murs, plutôt une aura sombre et glaçante.
Bienvenue dans l'antre des démons, pouvait-on penser en découvrant les lieux.
Il poussa une double porte lourde pour lui faire découvrir une suite immense, composée d'une chambre avec un espace assez grand pour y accueillir une baignoire, un bureau et des mannequins de bois où étaient exposés les armures de ce dernier, une grande bibliothèque, un feu brûlant et un petit salon. De quoi ranger les vêtements où s'activaient déjà Cassia et Miss Darène.
- Vos Altesses ! Mon dieu du sang ?!
- Ce n'est certainement pas de la groseille Miss Darène, répondit le Prince en déposant sa belle sur le sol. Sortez tous !
- Mais, la Princesse...
- Je l'assisterai, répondit-il simplement, chassant tout le monde de la chambre, le regard violent, exprimant un besoin furieux d'être seul avec elle.
- Nohan...
- Tu tremble de froid, douce femme qu'es-tu ?
- Je ne le sais moi-même.
- Quand as-tu découvert ce don ?
- Un jour alors que je sortais de classe, j'ai croisé le regard d'une femme de chambre sortant de celle de Père. J'ai pu voir ce qu'elle avait fait, mais j'ai tourné de l'œil et elle s'est sauvée.
Nohan s'approcha, lui pris la gorge, caressa sa joue du pouce.
- Comment tu te sens ?
- Nauséeuse, sale... Triste ?
Il l'embrassa doucement, contrastant avec sa colère froide et ce goût métallique de sang qui ne le quittait pas.
- Nohan.
- Qu'y a t-il.
- Je suis vraiment contente que ce soit moi que Père ai envoyé ici.
- Moi aussi ma douce, moi aussi.
***
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