Chapitre 2

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- Miss Darène souhaite vous voir Majesté, annonça un soldat en entrant dans la grande salle.

- Miss Darène ?

La femme fut invitée à entrer et salua son Roi et le Prince héritier ainsi que la Reine et la femme du Prince, installés auprès de ce dernier.

- La jeune Princesse envoyée par Solaris est arrivée ?

- Majestés. Oui elle est arrivée.

- Arrivée et déjà il y a un soucis Miss Darène ?

- Princesse Stalia, le problème ne vient pas de la Princesse, mais de son escorte.

- Que voulez-vous dire ?

- Ils sont partie...

Le Prince jeta un regard intrigué à son père qui lui semblait réfléchir à la situation.

- N'y a t-il personne avec elle ?

- Aucun chaperon, ni gardes. confirma la femme visiblement très irritée.

- Avening n'a visiblement aucune envie de la voir revenir chez eux, ni d'avoir aucun contact avec sa fille.

- Quel est son nom ? demanda la Princesse curieuse.

- Kaerthage Avening 7e Princesse de Solaris, répondit Solange.

- Kaerthage ? La Princesse Lunaire ?! s'exclama Stalia.

- La Princesse Lunaire ? De quoi parlez-vous ma chère ? demanda la Reine.

- Vous savez que je viens d'un royaume frontalier à Solaris. Nous connaissons bien cette famille royale pour les avoir souvent côtoyés malgré les attaques du Roi Edmond. Et nous connaissons bien les 10 Princesses du Roi. Surtout Cérésia, le "Diamant de Solaris" qui est une... enfant gâtée. Veuillez m'excuser Majesté.

Le Roi lui sourit et lui fit signe de continuer son récit.

- Mais surtout de la Princesse Kaerthage qui a un regard très étrange : un oeil émeraude et un bleu agate. Une chevelure brune aux reflets caramel, sa peau est dorée et on peut ressentir la chaleur du soleil quand on la croise. Mais à cause de son regard, elle est appelée la Princesse Lunaire à cause de celui-ci. Je ne sais d'où elle a pu obtenir ce surnom, mais je trouve que ça lui va bien.

- Je vous connaissais très observatrice ma chère, mais pas à se point, la félicita son mari en baisant le dos de sa main.

- Pourtant, elle est toute seule ici... dit la Reine.

- Où est-elle ?

- Dans la chambre bleue. Je lui ai dit de se reposer avant le dîner mais que Prince Nohan n'est pas ici.

- Nohan est avec ses démons, il ne reviendra clairement pas ici avant deux jours au moins. affirma le prince héritier.

- Mon cher ? fit la Reine en s'adressant à son mari.

- Que suggérez-vous ma mie ?

- Laissons la se reposer, elle a fait un long voyage et apprendre que son escorte est partie sans demander son reste doit l'avoir beaucoup attristée.

- Miss Darène.

- Oui Majesté ?

[...]

Kaerthage s'était installé dans le canapé, les pieds ramenés contre elle, le menton sur les genoux, elle regardait le feu brûler dans l'âtre de la cheminée, avalant ses larmes, sa colère et brûlant sa peur. Elle était seule, totalement seule et ne savait comment agir. Le Prince n'était pas là pour l'accueillir et personne ne l'accompagnait pour l'aider à ne pas faire de faux pas.

Doran... Elle voulait voir Doran.

Qu'avait dit Miss Darène ? Ah oui, si elle utilisait cette sonnette elle pouvait apparaître. Elle prit l'instrument qui retentit fatalement à son oreille. On toqua à sa porte et un soldat entra.

- Votre Altesse ?

- Sir, je souhaiterais aller aux écuries voir mon cheval. Rassurez-vous je ne compte pas m'enfuir...

Surpris de cette phrase, l'homme sursauta, mais n'ajouta rien et s'inclina tout simplement.

Elle remit son manteau, seule, pour le suivre.

- C'est ici Votre Altesse.

- Merci. Oh Doran ! s'exclama t'elle en trouvant son étalon, mangeant son foin avec gourmandise.

Il sortie sa tête à l'appelle de sa maîtresse mais la trouva sur le point de pleurer. Elle ouvrit la porte du box pour y entrer et lui entourer l'encolure.

- Doran, il n'y a plus personne... dit-elle contre lui. Père m'a envoyé alors que ça devait être Cérésia, je n'ai pas de dame de compagnie, le Prince n'est pas ici et par dessus tout, l'escorte est repartie aussi vite. Il n'y a plus personne avec moi hormis toi...

Doran poussa un grondement, couchant ses oreilles en arrière et grattant le sol de son sabot. Sa jeune maîtresse était seule ? Comment avaient-ils osés faire ça ?!

- Je suis condamnée.

- Vous l'êtes, répondit une voix aussi sombre que les abysses et aussi froide que le vent de Kaolan.

Kaerthage sursauta mais n'osa se tourner.

- Qui ?

- Vous le saurez bientôt.

- Messire ?

- Milady ?

Malgré sa peur, sa fatigue et sa tristesse, Kaerthage ne put s'empêcher de pouffer à ce petit jeu d'échange. Mais très vite l'inquiétude et le froid mordant revinrent la hanter. Elle se mit à frissonner bien qu'elle soit entourée d'un manteau assez chaud pour les temps de Kaolan, elle ressentait tout de même se froid glaçant. Pourtant, Doran ne semblait pas être inquiété par la présence de l'homme à l'aura inquiétante, présent dans les écuries.

- Savez-vous ce que je vais devenir ?

- Votre sort vous intéresse ou celui de votre pays ?

- Mon pays m'a déjà abandonné visiblement, répondit-elle avec tristesse.

L'aura s'intensifia mais l'homme ne rajouta rien.

Kaerthage voulu se retourner, mais sentait qu'elle ne le devait pas.

- Milady ?

- Messire ?

- Je ne peux garantir votre survis en ces lieux, mais je crois que vous ne retournerez jamais à Solaris. Même si vous essayez.

- Je le sais que trop bien. Père ne veut pas de moi là bas et je suis trop vieille à présent.

- Vieille ? Quel âge avez-vous Milady ?

- Ce n'est pas polie de le demander à une Dame vous le savez ?

- Je suis un rustre du Nord, soldat du froid, je ne côtoie que très peu la société. Je n'ai donc que faire de ce genre de manières.

Elle aurai dû se sentir humiliée, blessée ou en colère voir effrayée par la voix et l'aura de l'homme derrière elle, mais rien. Elle sourit juste. Il ne l'épargnait pas et elle le remerciait secrètement de ne pas tenter de l'amadouer.

- 19 ans.

- Et vous trouvez cela vieux ? Milady... soupira l'homme visiblement excédé.

- En tout cas dans ma famille c'est le cas. Et vous Messire ? Quel âge avez-vous ?

- N'est-ce pas impoli de demander son âge dans votre pays ?

- Uniquement aux femmes. rétorqua t-elle, un léger sourire sur le visage.

- Je vais garder le mystère.

- Ce n'est pas juste Messire ! bouda la jeune fille tout en riant doucement contre le corps chaud de Doran qu'elle n'avait cessé de caresser. Vous trichez !

- Oh ? Dans ce cas, pour votre honnêteté, je vais vous répondre.

Elle l'entendit s'approcher, ouvrir la porte et murmurer à son oreille :

- 25 ans est-ce vieux pour vous ?

Kaerthage sursauta, sentent le froids glisser sur elle, contrasté par le souffle chaud de l'homme tout contre elle.

- Vous... Vous êtes encore très jeune Messire, bredouilla t-elle.

- Je vais prendre ce compliment Milady.

Il l'entendit glousser mais frissonnait beaucoup trop.

- N'avez-vous pas de chambrière ou de vêtements plus chaud ?

La jeune fille perdit ce petit sourire qu'il pouvait deviner sur son visage, la vit baisser légèrement la tête, les épaules s'affaisser sous le poids de la question visiblement trop lourde.

- Je vous ai dit que j'étais condamnée Messire. Mon escorte a pris la fuite dès notre arrivée ici. Personne n'a voulu accompagner cette Princesse sacrifiée. Père a seulement accepté de me laisser prendre mon cheval : Doran.

- N'est-ce pas étrange pour un Roi de laisser partir sa fille sans protection ni chaperon ?

Cette fois-ci, elle ne répondit plus, trop de questions, trop de douleur. Elle voulait retourner dans sa chambre, depuis combien de temps elle était dans les écuries à parler avec cet inconnu ?

- Je dois retourner dans ma chambre, le dîner va bientôt être annoncée et il serai malvenue d'être en retard à peine arrivée au palais du Roi Karsan.

- Vous voilà bien pressée.

- Je ne veux manquer de respect au Roi et à sa famille. Mais je ne connais pas les endroits, je me souviens juste de comment je suis venue.

- Saurez-vous comment y retourner ?

- Hmm... Je pense pouvoir me souvenir de comment retourner dans ma chambre.

- Fermez les yeux Milady.

Surprise, elle s'exécuta et sentit des mains gantées de métal, lui prendre les épaules et la guider hors du box. Elle entendit le clic caractéristique du loquet que l'on fermait puis une légère impulsion sur son corps lui indiqua d'avancer. Malgré son attitude rustre, il ne semblait pas vouloir la brusquer, pourtant ils étaient tout les deux des étrangers et elle ne savait qui il était hormis qu'il avait une voix basse et profonde aux intonations grave et glaciales.

Il lui prit la main une fois en dehors des écuries.

Attentif, il la guida jusqu'à l'entrée du château et fit signe à chacun des membres du personnel de se taire.

- Nous y sommes Milady. indiqua t-il en l'arrêtant devant une porte.

- Puis-je ouvrir mes yeux ?

- Faites, ouvrez la porte, entrez mais ne vous retournez pas.

- Merci Messire, dit-elle en hochant la tête.

Il se recula d'un pas, attendant qu'elle lui obéisse. Elle n'ouvrit pas les yeux, il le su quand elle se mit à tâtonner sur la porte afin d'en trouver la poignet, puis entra et, sans se retourner, fit une révérence puis ferma la porte.

L'aura sombre et glacial quitta le couloir pour se fondre dans le palais. Kaerthage ne l'entendit plus et pu enfin ouvrir les yeux. Ses malles étaient toujours là, fermées, non rangées. Quelle heure pouvait-il être ? Sur un petit cadran magique, posé au dessus de la cheminée, elle s'aperçu qu'il ne lui restait que deux heures. Elle avait passé une heure à discuter avec cet inconnu ? Elle dû se reprendre et étudia les lieux afin de trouver où elle allait bien pouvoir ranger tout ce bazar ainsi que ses malles de voyage.

- Bon, il ne faut pas trainer ! s'exclama t-elle en se délestant de son manteau rembourré. Elle le laissa sur le canapé près du feu, releva ses cheveux en un chignon grossier seulement maintenu par une broche qu'elle avait accroché à sa robe pour le voyage.

C'était bancale, mais ferai l'affaire le temps qu'elle se mette au travail et range tout ça.

C'est au bout d'une grosse demi heure qu'on toqua à sa porte.

- Entrez ! répondit-elle, tenant quelques dessous dans les bras.

- Oh mon dieu ! Votre Altesse ! s'écria Solange en entrant. Mais que... Pour...

- J'ai fait un tour aux écuries pour voir mon cheval puis en revenant je me suis souvenu que je n'avais pas d'aide de chambre alors j'ai préféré commencé à ranger et à nettoyer pour ne pas vous importuner. Je le fais déjà assez.

Horrifiée la femme se précipita vers le couloir pour appeler d'autres servantes à venir lui porter secours.

- Votre Altesse ! s'écria une des jeunes femmes venu lui prêter main forte. Vous avez///

- Eloise, Manon, allez cherchez Sir Gabin pour préparer le bain de Son Altesse et vite ! Vous trois vous allez m'aider. Cloé, va trouver les écuyers et demande leurs de monter pour récupérer les malles de Son Altesse pour les ranger.

Ordres données, Kaerthage se sentit coupable d'avoir à faire bouger autant de monde alors que c'était, empli de bonne volonté, qu'elle avait décidé de tout ranger seule.

- Où voulez vous commencer Votre Altesse ? demanda Solange en s'approchant d'elle alors qu'elle tenait toujours ses quelques dessous dans les bras.

- Oh, euh... Je n'ai que peu d'affaires, cela ne prendra pas beaucoup de temps à ranger. Je peux m'en occuper seule, ne vous en faites pas.

- Du tout, s'écria Solange catégorique. Donnez ceci, je vais les ranger. Mesdemoiselles, veuillez suivre les instructions de la Princesse.

- Oui Miss Darène. s'exclamèrent les 3 servantes en s'inclinant devant leur supérieur puis devant la jeune fille.

- Votre Altesse, voici Capucine Gontrand, Ellan Forcis et Cassia Folanne. Elles seront, à partir d'aujourd'hui, vos dames de compagnies et chambrière. Ordre de la Reine Dania Karsan.

Entendant ce nom et le ton solennelle employé, Kaerthage ne pouvait refuser et dû donc s'incliner face à l'annonce.

- Je suis Kaerthage Avening, 7e Princesse du Roi de Solaris. se présenta t-elle dans une révérence élégante qui fit rougir les trois servantes, qui tentèrent de l'imiter bien qu'un peu gauches, surprises par autant d'élégance en cette jeune fille.

- Nous... Nous sommes honorés de pouvoir vous servir Votre Altesse.

- Je m'en remets à vous trois. dit-elle en souriant, son regard brillant de tristesse et de reconnaissance. Mettons nous au travail.

En peu de temps, les malles furent vidées, les affaires triées et rangées dans les placards ou tiroirs de commodes, les bibelots étaient disposés un peu partout, puis on annonça que son bain était prêt. Dans le dressing de la jeune Princesse, Solange ne trouva pas grand chose pour l'habiller afin d'aller dîner dans la grande salle. Pourtant, elle choisis une des robes du soir sur des tons émeraudes qui allait avec son œil vert mais aussi avec sa chevelure.

[...]

Après un bon chaud, Kaerthage avait subit un habillage critiqué par la pauvresse de la chaleur du vêtement, mais elle n'osa leur dire qu'elle les avait choisis elle-même en fonction des connaissances qu'elle possédait des lieux.

Les cheveux séchés et coiffés en une longue tresse retombant sur son épaule, un maquillage très léger, elle fut enfin prête et on la dirigea vers la grande salle où se déroulerait le dîner.

Les trois servantes derrière elle, Solange à sa droite, on leur ouvrit les lourdes portes en annonçant son arrivée.

- Princesse de Solaris !

Aie ! Solange foudroya le majordome d'un regard sombre. Il se racla la gorge, mais Kaerthage tapota le bras de la femme, signe qu'elle ne voulait pas d'esclandre.

- Par ici Votre Altesse, la guida alors Solange vers la grande table où se trouvaient déjà le Roi et la Reine, le Prince hériter et sa femme. Quelques autres convives y étaient attablés.

Prise de panique, elle regarda Solange.

- Mon dieu, suis-je en retard ? s'exclama t-elle au bord des larmes.

- Que nenni mon enfant, fit un homme aux cheveux mi-long, grisonnant, une manteau de fourrure, sa couronne sur la tête et un regard froid. Avancez jeune fille.

Timidement, elle s'approcha et s'inclina dans une profonde révérence.

- Je suis honorée de vous rencontrer Majesté Stanislas Karsan, Majesté Dania Karsan. Altesse Lorak et Altesse Stalia. Je suis Kaerthage Avening, 7e Princesse de Solaris.

Soufflés par sa façon de parler, savoir qu'elle les connaissaient et savait à qui s'adresser avec naturelle et grâce, avait enchanté les convives à table.

- Relevez vous Princesse Kaerthage. l'invita le Roi en souriant. Prenez place ma chère.

On la guida à sa place, en face du couple princier. Les monarques présidents la longue tablée, elle se retrouvait dans une situation bien gênante et le rouge aux joues fut impossible à cacher.

- Je suis sincèrement navrée d'être arrivée en retard majestés.

- Du tout mon enfant, fit la Reine en lui tapotant la main posée sur ses genoux. Oh dieu vous avez les mains froides !

- Ne... ne vous inquiétez pas pour cela Majesté, ce n'est que le changement climatique, je m'y habituerai. Soyez sans crainte, merci de votre sollicitude.

La douceur de la Reine était un rappel pour elle. Elle était seule, loin des siens et manquait cruellement de la présence de ses s

On sonna le début du repas, jusqu'à ce que, une aura glacial la fit frissonner.

- Tiens, ils sont rentrés plus tôt que prévu ? s'étonna Lowrak.

- Le 2e Prince, Nohan Karsan ! s'écria le majordome en laissant apparaître une horde d'hommes en armures épaisses, au métal suintant de sang et d'autres matières que Kaerthage ne souhaitait pas connaître l'origine.

A sa tête, un homme imposant posa un genou à terre, retira son casque et s'exclama, imité par ses hommes :

- Nohan Karsan et les Ravageurs sont de retour Majesté.

- Te voilà de retour bien tôt mon fils ! s'exclama le monarque en se levant pour venir prendre son fils dans ses bras. Bon retour.

- J'ai appris qu'une représentante des Solaris était venu.

Son regard ne chercha pas autour de la table, il l'avait déjà repéré alors que les portes s'ouvraient. Il avait reconnu ce petit corps frêle à la peau dorée, aux cheveux bruns dont les reflets caramel l'avaient appelé à la caresse. Pourtant, il n'avait jamais vu son regard et ce dernier l'avait enchanté dès le premier instant.

Kaerthage connaissait cette voix, pas plus tard que quelques heures auparavant, celle-ci avait pris plaisir à jouter avec elle dans les écuries alors qu'elle s'était interdite de tourner la tête.

Alors l'inconnu à qui je parlais était... le prince Nohan ?

***

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