Chapitre 3

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Horrifiée d'avoir autant manqué de tact depuis son arrivée, elle se précipita quand le Roi l'appela à le rejoindre.

Cassia, sa nouvelle servante postée derrière sa chaise, l'aida à se lever pour la conduire près du Roi et des soldats qui ne la quittèrent pas du regard, malgré leurs casques.

- Je suis honorée de vous rencontrer Votre Altesse Nohan Karsan. Je suis Kaerthage Avening, 7e Princesse de Solaris.

Elle lui adressa une profonde révérence qu'elle exécuta avec grâce encore une fois.

- Je m'excuse de mon retard, Altesse Kaerthage, répondit la voit grave et profonde de Nohan qui ne pouvait détacher son regard du sien alors qu'elle relevait la tête pour mieux l'affronter. J'ai eu vent de vos mésaventures, je suis navré d'apprendre que votre escorte ne s'est pas plus préoccupée de votre protection.

- Ils devaient retourner d'urgence à Solaris. répondit-elle, alors que des murmures se faisaient déjà parmi les convives.

Soudain, le visage de Nohan se ferma et un grondement sourd fit vibrer tout son corps. Ses hommes émirent le même bruit inquiétant. Le silence retomba sur l'assistance, bien qu'effrayée, Kaerthage s'obligea à ne pas bouger pour ne pas commettre d'impair regrettable. Pourtant, elle ne put s'empêcher de frissonner.

- Sartan ! appela Nohan d'une voix forte.

- Seigneur, répondit un jeune homme au regard vert comme l'œil de la jeune fille, il portait sur ses bras un long manteau brodé de fourrures.

Se délestant du sien tâché de sang, Nohan pris le vêtement délicat et entoura la jeune fille avec. Attachant la broche pour relier les deux bouts, elle sentit immédiatement la chaleur du manteau se répandre en elle.

- Je préfèrerais que ma fiancée ne meurt pas de froid à peine arrivée à Koalon, déclara t-il en replaçant sa natte sur son épaule, par dessus le vêtement.

Bien que ses mains étaient gantées, il avait pu sentir la douceur de ces derniers, glisser sur la paume de sa main.

- Merci Altesse. dit-elle en s'inclinant. Puis-je vous demander une petite chose Messire ?

- Faites Milady, dit-il, le regard brillant.

Elle l'avait reconnu. Qu'elle petite intelligente.

- Vous est-il possible de retirer ces lourdes armures pour le dîner ?

La demande était timidement exécutée mais son regard soucieux le fit sourire. L'éclat de son regard froid fit frissonner la jeune fille.

- Puis-je demander assistante Milady ?

Bien que surprise, Kaerthage se défit du manteau qu'elle donna à Cassia, afin de ne pas l'abimer et s'approcha du prince qui ne la lâcha pas du regard. Elle s'attaqua à l'attache de sa cape, un soldat s'approcha pour réceptionner ce dernier, plusieurs autres apparurent sous un ordre muet pour récupérer les armures des Ravageurs qui suivirent leur maître. Kaerthage était consciente de se donner en spectacle, mais restait très concentrée sur ce qu'elle faisait. Un à un, tout l'attirail du chevalier quitta son corp, ne laissant plus que ses habits chaud du dessous. Elle reprit la cape pour la lui refixer sur les épaules. Malgré sa taille, Nohan se pencha pour lui faciliter la tâche et elle l'en remercia d'un regard timide mais brillant.

Quand les Ravageurs et le Prince furent enfin débarassés de leurs armures et plus ou moins présentable, Nohan fut acceuille par son frère, obligeant la jeune fille à s'écarter. Cassia l'aida à remettre le manteau autour d'elle et replacer sa tresse.

- Mon frère ! s'exclama Lowrak.

- Mon frère ! répondit Nohan.

- Bon retour parmi nous. Comment c'est passé ton excursion ?

Nohan proposa son bras à la jeune fille qui, surprise le regarda. Elle posa sa main fine et gantée sur son avant bras et se laissa guider jusqu'à son siège par l'homme. Il l'aida à prendre place avant de se laisser choir à son tour sur le sien. Les Ravageurs avaient droit à leur table un peu plus loin dans la salle.

- Bien, je sais que nos frontières sont encore assez fragilisées par les attaques des monstres, mais pour l'instant c'est assez calme.

- Qu'en penses-tu mon fils ?

- Qu'ils se regroupent quelque part pour mieux attaquer, mais le grand froid va commencer, alors ils vont sans doute attendre.

Kaerthage écoutait attentivement ce qu'il se disait bien qu'elle était effrayée des informations qu'elle entendait.

- Votre présence ici ma chère va pouvoir alléger nos devoirs de femmes, gloussa la Reine.

- Je suis, je l'avoue, très ignorante de ce que sont ces devoirs, mais je serais enchantée de vous y aider Majesté.

- Ne vous inquiétez pas Kaerthage, lui dit Stalia, assise en face d'elle avec un grand sourire. Nous vous briefferons une fois le dîner terminé, pendant que nous laisserons ces Messieurs discuter d'affaires d'états.

- N'oubliez pas le mariage ma douce, lui rappela le prince héritier en souriant à sa femme qui gloussa, visiblement très heureuse de la situation.

Mais ce rappel fut très brutal pour Kaerthage qui du faire de son mieux pour ne pas le montrer, pourtant... à sa droite... l'homme ne l'avait pas manqué et se demanda alors comment elle avait pu finir là.

- Je ferais de mon mieux, répondit cette dernière dans un pauvre sourire.

Stalia jeta un regard inquiet à son époux qui lui tapota la main. Mais son inquiétude fit le tour de la table, même la Reine semblait attristée de la voir aussi déchirée, bien qu'elle tentait de faire bonne figure devant eux.

Sa famille lui manquait-elle ? Dans quelles conditions avait-elle été envoyé ici ? Nohan voulait savoir et il se promit de l'interroger après le repas. Dans un soucis de vouloir lui apporter un peu de réconfort, il glossa sa lourde mains gantée sur la cuisse de la jeune fille qui sursauta, tournant la tête vers lui. Alors il se pencha vers son oreille :

- Accordez moi quelques instants après cette réunion.

Elle planta son regard dans le sien puis hocha la tête. Pourtant, il ne lâcha pas sa cuisse. Et... aussi étrange que cela puisse paraître, elle ne voulait pas qu'il la retire. Sa chaleur était bienvenue, de plus c'était un contact assez fort pour elle. Après tout, il était son fiancé, ne l'avait-il pas lui-même évoqué ?

Le dîner se passa tranquillement, elle fut questionnée sur Solaris, mais esquiva assez vite toutes celles qui parlaient de sa propre vie là bas ou de son lien avec sa famille. Elle avait mal, mais voulait à tout prix épargner des larmes au dîner.

Quand ce dernier pris fin, Stalia et la Reine ainsi que quelques femmes invités au repas, l'embarque pour suivre la Reine dans son cabinet de discussion, tandis que les hommes rejoignaient le Roi dans la grande salle du trône afin de discuter d'affaires plus importantes.

[...]

- Je crois que vous êtes attendu ma chère, fit remarquer une des femmes alors que l'on venait de toquer à la porte du cabinet.

Toutes pouffèrent en découvrant les trois hommes derrière celle-ci, attendant de pouvoir s'introduire dans l'endroit.

Kaerthage se leva dignement, s'inclina et pris congés, souhaitant la bonne nuit à chacun et chacune, mais suivit Nohan à travers le palais jusqu'à un étage glaçant, sombre et dont chacun recoin pouvait cacher un monstre ou un assassin prêt à lui sauter dessus.

Suivit des quelques hommes du Prince, elle entra dans une pièce bien plus chaleureuse où un feu crépitait dans l'âtre. Il l'invita à prendre place dans l'un des canapés, tandis qu'il s'installait sur le fauteuil unique. Ses hommes autour du petit salon, attentifs.

- Vous n'êtes pas là par envie, je me trompe ?

- Je...

- Laissons tomber les titres et parlons comme à l'écurie Milady. dit-il en se défaisant de son manteau que son bras droit récupéra.

Rouge de honte, elle hocha timidement la tête.

- Tenez Altesse, fit un jeune homme aux traits plus fins que son maître, ça vous réchauffera.

Il lui tendit une tasse de thé fumante dont la chaleur la fit frissonner.

- Merci Messire. Si non devons tomber les masques Messire, alors non, je ne suis pas là par envie.

- Vous m'avez dit être "condamnée", père m'a expliqué pour la bataille à laquelle je n'ai pas participé pour d'autres raisons. Je suis navré qu'il vous ai imposé cela.

- Oh croyez moi il n'était pas heureux de cette défaite et, pour être honnête Messire... Le premier choix, était une de mes soeurs Cérésia, le Diamant de Solaris, qui devait devenir votre épouse.

- Hein ? Princesse Cérésia ?! s'écria le plus jeune des soldats du Prince.

- Minos ! gronda un homme aussi grand et épais qu'un ours.

- Veuillez m'excuser Votre Altesse.

- Ce n'est rien, mais ma sœur a eu, plus ou moins, la même réaction que vous quand père le lui a demandé.

- SI c'était elle qui devait être mon épouse et non vous, pourquoi est-ce vous qui êtes ici ?

- Parce que ma sœur a tenté de se tuer devant la famille royal et témoins, refusant ce pacte au risque de se blesser ou de se donner la mort si père ne refusait pas de la laisser tranquille.

Le silence était pesant, mais laissa le temps à Nohan de comprendre la situation.

- Il a donc sacrifié la Princesse Lunaire à la place du Diamant de Solaris. conclut-il.

- Comment co-...

- Des rumeurs circulent à travers le monde ma chère. Sur vous principalement à cause de ce regard étrange que vous avez.

- Il l'est, confirma t-elle, blessée.

Nohan se leva alors de son fauteuil et vint s'accroupir devant elle. Captant son regard, il sourit.

- Trouvez vous qu'il soit étrange ?

- Je...

- Milady, pensez-vous que le miens soit étrange ?

Elle plongea dans l'océan meurtrier et froid de son regard sombre.

- Il est... inquiétant.

- Je suis avant tout un guerrier endurcit et possédé.

- J'ai entendu parlé des Ravageurs, confirma t-elle, voulant ainsi montrer qu'elle n'était pas une de ces petites princesses capricieuses et ignares. Bien que je ne sais pas ce qui est faux ou non, mais j'ai pu lire que vos hommes et vous êtes morts de façons violentes pour en revenir avec un démon en vous.

- Et dieu qu'ils sont difficiles à tenir en laisse ! s'exclama le dénommé Minos en soupirant.

- Avez-vous peur douce femme ?

- Un peu, je l'admets.

Nohan la dévisagea puis sourit.

- On m'a rapporté que mère vous avez assigné 3 aides de chambre.

- Si fait.

- Bien. Je vais vous raccompagner, demain nous devrons discuter de ce mariage qui nous incombe tout les deux.

- Messire ! s'exclama t-elle, sentant qu'il allait la renvoyer chez elle sous peu, bien que Nohan n'en avait, surprenamment pas envie.

- Milady ?

- Je sais que vous n'en voulez pas, mais je ne peux retourner à Solaris, si vous le pouvez, accordez moi de partir en exil avec Doran.

Nohan gronda.

- Nous verrons ça demain.

Il la raccompagna jusqu'à ses appartements où l'attendaient les trois servantes, inquiètes de ne pas la voir revenir.

- Merci Majesté, dit-elle en s'inclinant.

- Bonne nuit Altesse Kaerthage. dit-il en s'inclinant à son tour.

Il la vit entrer, cet air triste sur le visage, puis la porte se ferma sur un démon en colère.

Il se dirigea droit vers le bureau de son père et le trouva avec Lowrak en pleine discussion.

- Nohan ?

- J'ai besoin que l'on officialise le mariage, avant le grand froid.

Nohan était fou, oui. Être possédé et féroce, il avait flanché devant cette petite sacrifié par un père peu préoccupé et cupide. Dont le besoin de gloire était connu du monde entier. Cette petite était laissée, envoyée seule dans un pays trop froid pour elle, trop loin des siens qui devaient, déjà ne plus se demander comment elle allait. Son escorte l'avait abandonné et aucune aide ne l'avait accompagné ? Bel exemple de sa position dans cette famille et aux yeux de Solaris elle n'était qu'une enfant étrange, née sous l'étoile de l'étrange. Pourtant, il avait bien sentit qu'elle n'était pas aussi réservée ou timide, par moments... Oui, par moments elle se laissait à le défier ou à s'exprimer de façon clair et avec un naturel déroutant, comme si ce château et ce pays était le sien depuis toujours.

Nohan était persuadé qu'elle serait bien plus chez elle ici qu'à Solaris, mais comment rivaliser avec la chaleur du pays dont elle provenait, alors qu'ici tout n'était que neige et froid ainsi que sanglant ? Il voulait apporter à cette jeune fille le soutien qu'elle n'avait pas et pour ce faire, il voulait la lier à lui le plus vite possible. Manque d'amour ? Il ne savait pas, c'était trop tôt pour le dire, mais il sentait en lui une corde vibrer à chaque fois qu'elle lui parlait ou qu'elle le regardait. Dès qu'elle était près de lui, il ne pouvait que se sentir faible et puissant à la fois.

Qui était-elle, cette princesse abandonnée des siens, envoyés pour épouser le 2nd Prince Karsan, dont la réputation faisait pâlir tout ceux qui entendant son nom ? Elle qui avait, certes eu peur face à eux, mais qui les avait bravé avec douceur et une pointe d'humour.

Nohan devenait fou.

- Le temps que le mariage s'organise, sa famille ne sera pas prévenue à temps.

- Laissons les venir, si ils refusent, alors le mariage sera célébré au début du grand froid.

Présents ou non, Nohan avait bien l'intention de la prendre pour femme.

Edmond voulait jouer en se défaisant de celle-ci ? Mais c'était sans compter que Kaerthage était celle qu'il voulait.

***

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