Chapitre 21
Nohan n'avait pas hésité à trancher la gorge d'une des femmes du Roi. Cette dernière avait tenté de s'introduire dans la chambre, mais surprise par la mine de Kaerthage, assise dans les draps sur un fauteuil près du feu, la tâche de sang sur le lit la fit crier de rage.
- Tu n'aurais jamais dû naître ! hurla t-elle. Ce siège était pour ma fille !
- Jamais elle n'aurai pu y accéder, gronda Nohan en se levant du bord du lit, la lame luisante à la main.
Son regard violent et changeant lui fit peur, mais elle ne recula pas, sortant un poignard, elle se lança vers Kaerthage qui eu tout juste le temps de créer une barrière autour d'elle pour la repousser, faisant tomber cette femme en arrière. Nohan n'attendit pas qu'elle se relève, lui donna un coup de main pour faire passer la lame de son épée bâtarde à travers la gorge de cette femme et lui arracher cette dernière.
- Majesté ! cria Ellan en arrivant avec Konnan, Kamille et Thomas.
- Mère !
- Il faut mettre Kaerthage et Thomas à l'abris. ordonna Nohan en la soulevant dans ses bras.
- Où veux-tu que nous allions ?
- Je t'envoie auprès de ma mère et de la femme de mon frère.
- Dans cette tenue ?
- Femme, je n'ai le temps de demander à tes aides de t'habiller. gronda t-il en la serrant contre lui.
- Ellan, ordonna Kaerthage.
- Majesté ?
- Ils vont vouloir effacer les preuves de cette nuit. Prenez le drap et empaquetez le. Nous devons le garder avec nous.
- Bien Majesté.
La jeune femme se précipita à l'intérieur, mais très vite les deux autres aides arrivèrent, protégées par des Ravageurs. Voyant Ellan prendre le drap marqué du sang de leur Maîtresse, elles comprirent les intentions de cette dernière. Elles l'aidèrent à tout emballer, Kaerthage, bien qu'encore affaibli, demanda à ce qu'on la pose.
Elle profita d'avoir quelques instant pour donner un coup de langue et se changer.
- Ta magie n'a pas de limite à la surprise mon ange. souffla Nohan admiratif.
- Je n'allais tout de même pas retrouver la Reine et Stalia nue et dans nos fourrures !
- Dommage, mais tu marque un point.
Nohan lui prit la main et pris la tête des opérations. Sa femme et son fils participèrent étrangement à leur sortie, usant de leurs magies pour les protéger ou pour créer un passage à travers cette guerre traître, Nohan ne pouvait qu'être admiratif de leur combattivité.
Face à un couloir vide, devant un passage secret qui allait les mener vers la Reine et les femmes et enfants qui devaient être mis en sureté, Nohan s'agenouilla devant son fils et lui tendit sa dague.
- Fils, tu dois protéger ta mère.
- Père...
- Je vais revenir, ne t'en fais pas, mais en mon absence, tu es le seul homme à pouvoir la protéger. Magicienne ou non, ta mère est notre priorité, tu m'as compris ?
- Oui père, répondit le jeune homme, sourcils froncés, le regard orageux.
- Je viendrais vous retrouver quand tout sera fini. Tu as tes ordres Thomas Karsan, Prince de Kaolan. Tu dois protéger cette femme qui a nos cœurs en otages.
Kaerthage sourit, Thomas hocha la tête en prenant délicatement le présent offert par son père. Il fut dans ses bras et se retrouva serré entre ses deux parents, les voyant s'embrasser furtivement.
- Montre toi mon fils, tu sais quoi faire.
- Comptez sur moi père.
- Revenez tous. ordonna Kaerthage.
- Vous avez entendu sa Majesté ? gronda Nohan en s'écartant de sa famille.
- Oui ! hurlèrent les Ravageurs.
- Minos et Danik resteront avec vous.
Un seul regard avant qu'il ne parte. Le passage s'ouvrit et il ne prit pas le temps de les voir entrer dedans. Il entendit uniquement se dernier se refermer derrière eux pour se lancer à l'assaut.
[...]
- Faites attention Majesté, lui dit le démon de Minos.
- Merci.
- Mère, fit Thomas en lui prenant la main.
Kaerthage siffla pour éclairer le passage, les aidant à trouver leur chemin dans ces escaliers vertigineux et sans fin.
- Sommes nous sûr que la Reine et les autres soient en sécurité ? demanda Cassia inquiète, se tenant proche de sa maîtresse pour la soutenir.
- Ils sont déjà en bas, la rassura le démon qui menait la marche.
- Merci Sir Derek, fit Kaerthage, surprenant celui-ci.
- Est-ce surprenant que je connaisse votre nom Sir ?
- Légèrement Majesté, mais je suis bien content que vous vous en souvenez.
- Je vous dois ma protection et celle de mon fils, dit-elle en souriant.
- Maman, l'appela Thomas qui se risqua à plus de familiarité, inquiet quand elle se mit dangereusement à vaciller.
Derek, sous les traits de Minos, s'arrêta pour la voir être à deux doigts de tomber.
- Excusez moi Majesté.
Il la prit dans ses bras pour la soulever et faire passer son compagnon de bataille en premier, restant en arrière cette fois avec son fardeau qui se confondit en excuse.
- Nos maîtres nous tueraient si il vous arrivait quoi que ce soit. répondit juste Derek, bien que lui comme Minos soient aussi rouges qu'elle pour avoir une femme dans leurs bras et pas n'importe laquelle !
- Je saurais les adoucir pour leur clémence.
- Merci Majesté.
- On y est presque, encore un peu.
Elle hocha la tête, son changement d'attitude surpris le démon et son compagnon humain. Mais la situation était qu'ils venaient d'atteindre la pièce cachée où se trouvaient tout les autres. Un mécanisme spécial devait être activé pour ouvrir l'accès, seul quelqu'un qui connaissait celui-ci pouvait y entrer ou en être reconnu.
Minos laissa son ami faire et furent accueillit par des femmes armées de ce qu'elles avaient put prendre avec elles.
- Oh mon dieu ! Les Ravageurs Votre Majesté !
- Kaerthage ?
- Majesté ! s'exclama cette dernière en trouvant celle-ci un peu plus loin. Sir Derek, je pense que ça devrait aller. Merci.
Il la déposa, Thomas à ses côtés, mais le Démon lui proposa sa main afin de l'aider à avancer. La Reine et Stalia se précipitèrent vers elle pour la prendre dans leurs bras.
- Thomas, où avez-vous eu cette dague ?
- Père.
- Il est partie avec les autres, nous allons devoir faire attention à ne pas alerter ceux qui sont là haut, déclara Kaerthage.
- Je suis d'accord, mais que pouvons-nous faire ? répondit Stalia inquiète.
- Ce sont des Solaris, mais le froid bloque leurs capacités de détections, pas les miennes.
- Effectivement, répliqua une femme en colère, ce sont des Solaris, comme vous !
- Je suis, Madame, Kaerthage Karsan, femme du second Prince de Kaolan, répondit la jeune femme touchée mais affrontant avec force celle qui lui en voulait depuis le début d'être la promise du Prince.
- Kaerthage a raison, rétorqua la Reine mal à l'aise mais furieuse qu'on attaque cette enfant par pur acte de jalousie.
- Majesté !
- Kaerthage, mon enfant, qu'avez vous ent tête ? lui demanda la Reine, se désintéressant de la plaintive.
- Thomas et moi pouvons suivre les mouvements au dessus depuis ici, mais il y a trop peu de bras armés et assez fort au cas où quelqu'un trouve le passage pour venir jusqu'ici car, je pense qu'ils vont tout de même tenter de venir nous trouver. Père est furieux, nous avons la preuve avec nous.
Le silence fut mortellement froid.
Une preuve ? Celle qu'ils avaient passés la nuit et qu'elle était bien vierge de toutes intrusions masculine ? Non ! Cela ne se pouvait !
Pourtant, le regard passé à ses trois aides et à la Reine ainsi qu'à la Princesse Héritière étaient éloquent.
- Gardez ça en sûreté mon enfant.
- Si fait Majesté, répondit Ellan, s'inclinant devant la monarque heureuse malgré la situation.
Kaerthage adressa un regard sombre à Ellan ainsi qu'à ses deux autres aides et aux deux Ravageurs. Thomas capta son regard et compris qu'elle s'attendait à ce que quelqu'un tente de subtiliser la preuve pour la détruire. Ils hochèrent tous de la tête, comprenant l'ordre silencieux, ils devaient protéger leur maîtresse mais aussi ce qui allait prouver que Kaerthage de Solaris et Nohan de Kaolan étaient bien mariés.
Si la preuve disparaissait, leur mariage, même si il était validé devant les pouvoirs divin, ne serai pas validé tant que la preuve ne serai pas présentée.
Soudain, Thomas et sa mère ainsi que les deux Démons se figèrent. Du bruit approchait dans l'escalier. Quelqu'un avait trouvé le passage...
- Kaerthage ?
- Shh... Quelqu'un est dans l'escalier devant la porte, murmura t-elle.
Le silence fut affolant, toutes avaient peur, les enfants voulaient pleurer de peur et de sommeil, mais on leur ordonna de garder le silence.
- Majesté, murmura Derek.
- Je peux tenter, mais ça ne bloquera pas tout. Thomas, tu sais comment fonctionne le Passe du Temps, non ?
- Oui maman.
- Bien, aide moi. Vous deux restez près de nous. Ellan, Cassia et Capucine, restez auprès de la Reine et de Lady Stalia.
- Oui Majesté.
- Vos Altesses, venez, reculons.
- Kaerthage ?
- Soyez sans crainte Ma Reine, je vous protégerais. dit-elle sans un regard derrière elle.
Sous les conseils murmurés des trois aides, tout le monde recula, les enfants furent hypnotisés par Kaerthage et sa lumière quand elle commença à fredonner et Thomas à exécuter des mouvements pour écrire sur le sol. Les deux démons, armes aux poings étaient attirés par ce spectacle, mais un bruit les rappela à l'ordre, demandant de la vigilance.
Les sens en alertes, la respiration coupée, ils tendirent l'oreille, attendant de savoir qui pouvait être de l'autre côté, jusqu'à ce qu'un rugissement se fasse entendre.
Ce n'était pas possible ! Non ça ne se pouvait pas !
- Un Chirakhan ! s'exclama t-elle.
Les Chirakhan étaient des sortes de tigres du soleil, dont l'odorat était surdéveloppé, leur regard pouvait percer les murs et leurs sens étaient capables de trouver leur proie à des lieux sans avoir à bouger. Ces être là n'aimaient pas le froid pourtant elle en était sûr, c'était bien un Chirakhan, cette bête appréciée de son père et de Cérésia, ses sbires par excellence, il adorait la chasse et la traque autant qu'eux.
Vite, il fallait quelque chose pour détourner son attention où il allait les découvrir !
L'animal reconnaissait les êtres magiques, aussi ne pouvait-elle rien utiliser sur elle pour protéger les autres, mais pouvait-elle... Oui il fallait qu'elle essaye.
[...]
- Si j'avais pu trouver une autre solution, je l'aurais fait, croyez moi Majesté, soufflé Kaerthage couverte d'odeurs nauséabondes.
- Je... n'en doute pas ma chère enfant, mais je souhaiterais prendre un bain et vite.
- Nous aussi !
- En attendant la bête est morte, déclara Stalia admirative et encore choquée de ce qu'elle avait vu.
Kaerthage n'avait jamais utilisé d'arme de sa vie, même avant de venir à Kaolan, mais pourtant... Elle s'était transformée en une guerrière telle la femme du Prince Démon qu'elle était. Elle était à l'image de son mari qui se battait comme un fou là haut pour les protéger.
- Je pense qu'une fois cette traitrise fini, nous aurons beaucoup de nettoyage à faire avant de prendre un bain, soupira la Reine en pensant à ce qu'il ce passait au dessus de leurs têtes en ce moment.
On pouvait entendre les corps tomber, les meubles se briser ou bouger, comme si ils étaient violement poussés ou propulsés ailleurs.
- Une fois ceci fini, Nohan voudra sûrement quitter le château, soupira la monarque épuisée.
- Quitter le château ? demanda une des dames de celle-ci, intriguée.
- Nohan a son propre territoire en amont. Il va sans doute vouloir y emmener sa garnison et sa famille.
- Est-ce loin ?
- Si peu, mais assez pour vous faire dormir.
- Y êtes vous déjà allé ?
- Quelques fois, mais je préfère être à Kaolan.
Les femmes pouffèrent, pendant que Kaerthage restait en retrait, regardant la bête qu'elle avait dû affronter en sortant de la salle pour protéger ces femmes dont la plus part la haïssaient. Mais elle avait promis de protéger la Reine et Lady Stalia. Thomas à son côté était encore sous le coup de la colère, il avait vu sa mère se battre avec grâce tandis que certaines lui avaient craché du venin en souhaitant qu'elle y reste. Il avait voulu leur faire payer, mais sa grand-mère l'avait arrêté. Derek, le démon habitant Minos et Fran, le démon habitant Danik, le meilleur ami de Minos, lui avaient fait comprendre qu'ils ressentaient la même chose que lui.
Par égard pour la Reine et sa tante, il avait retenu sa main d'empoigner le manche de sa dague pour la sortir et dépecer ces vipères. Quand les portes s'étaient réouvertes sur elle, le soulagement de l'enfant était si grand, mais sa tristesse aussi. Il n'avait pas protégé sa mère, c'était même le contraire, elle s'était, encore une fois, sacrifié pour lui... pour eux. Son père lui avait pourtant ordonné de la protéger.
Il se détestait d'avoir failli à l'ordre et pensait déjà à la façon dont il allait le punir de l'avoir laissé se battre seule.
Pourtant... il allait pouvoir se rattraper...
***
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