Chapitre 16
Il ne restait plus beaucoup de temps avant que Karyst et Louang n'atteignent la capital et ne trouve la tour solaire.
Les deux cavaliers avaient lancé leurs destriers à vive allure dès l'aube pour rejoindre le pays du soleil, mais après avoir apprit que leur chef avait peut-être un enfant et que ce dernier avait été conçu d'une façon aussi barbare que leurs propres meurtres leur faisait froid dans le dos.
Karsyt, l'appela son démon.
Quoi ?
Tu as sentit comme moi ce qui émanait du petit prince.
Oui, mais quelque chose est étrange, il a le regard du Maître.
Si les mages avouent ça risque de mettre Solaris dans une position encore plus instable.
- Louang !
- Quoi ?
- Il faut faire vite !
- Tu crois que je chevauche un Cyrakhan ou quoi ?
- Voilà un transport bien plus rapide tiens !
- On a pas le temps de partir à la chasse aux créatures !
- Qu'as-tu pensé du petit prince ?
- J'en pense que si c'est la vérité, Solaris va devoir rendre des comptes !
- Nous sommes d'accord !
Les deux cavaliers soulevaient la neige sous le passage des sabots de leurs chevaux lancés dans une course folle à travers le pays. Ils n'avaient que très peu de temps et le mariage était déjà dans deux jours si l'on ne comptait pas celui qu'ils prenaient pour galoper plus vite que le vent.
- On y sera avant la fin de la journée, mais le retour risque d'être long si ils sont aussi lent que les chariots.
- T'en fais pas, on trouvera bien comment motiver leurs montures !
En attendant, ils avaient encore de la route à faire et durent remercier leurs compagnons à quatre pattes d'être également des êtres morts revenu pour mieux fouler la terre aux côtés de leurs maîtres. Les pauses furent donc très peu nombreuses et c'est durant la nuit qu'ils réussirent à atteindre la capital ainsi que la tour.
- Dieu que c'est haut ! s'exclama Karsyt.
- Dépêchons, nous n'avons pas le temps.
- C'est protégé, lui indiqua le démon de son acolyte.
- Alors forçons la porte, déclara le deuxième démon.
Le temps jouait contre eux.
Une intrusion !
Les mages étaient tous affolés, il y avait une intrusion dans la tour et la présence de puissances maléfiques rendait les lieux mornes et menaçants.
- Qui... Qui êtes vous ?
- Des Ravageurs !
- Comment ? Ici à Solaris ?
- Présentement, répondit le démon de Louang.
- Que faites vous ici alors que notre Roi est à Kaolan ?
- Crois-tu que nous ne le savons pas ? Nous avons ordre de vous emmener pour une enquête. annonça le démon de Karyst en attrapant le mage le plus proche.
- Une... Une enquête ?
- Mais que...
- Silence magicien, nous sommes pressé par le temps et vos vies en dépendent en plus de la survie de votre pays.
- Que... pourquoi donc ?
- La Princesse Lunaire nous a dit pour son fils.
- NON ! Si... Si votre chef le sait, il...
- Trop tard, c'est lui qui nous envoi. Qui sont les mages qui ont créé notre Maîtresse et notre petit prince ? gronda le démon de Louang.
- N-Nous... Mais si...
- Préparez vos affaires, nous avons peu de temps. Nous sommes attendu et surveillé.
- Qui ?
- Ses sbires sont partout, nous les sentons depuis notre arrivée sur le territoire.
- Que va t-il se passer ?
- Eh le magicien ! Connais tu le sors pour te rendre indétectable et aussi petit qu'une souris ?!
- Euh... Ou-Oui, j'en connais un, mais...
- On a pas le temps !
[...]
- Chef, un message vient d'arriver, ils ont réussi.
- Partons dans la nuit, ils ont été plus rapide que ce que je pensai. C'est bien...
- Je vais faire préparer les chevaux.
- Kaerthage ! l'appela Nohan avec force.
- Nohan ?
- Du respect ! Tu n'as point retenu la leçon femme ? tonna la voix du Roi Edmond alors que sa fille se tournait pour répondre à son fiancé.
- Je vous l'ai déjà dit Père, il est mon fiancé et je ne peux donc pas l'appeler "majesté".
- Ah les femmes ! souffla t-il énervé.
Elle le défiait et il avait horreur. Même Cérésia n'avait pas autant de répondant, mais elle possédait sa fourberie.
- Ma douce, je voudrais que tu chantes avant le couché.
- As-tu encore du mal à dormir ?
- Réchauffer ma couche ne suffit pas douce femme.
- Soit, si tu le désire.
- Oh crois moi je désire bien des choses mais par respect pour notre entourage, je vais garder cela pour notre nuit de noces.
- Je prie pour que personne n'ose s'aventurer dans les couloirs dans ce cas.
- Ma chère belle-sœur, je vous conseillerai de prier les dieux de ne pas être entendu dans le château, car si Nohan est bien comme son frère, lança Stalia par goût de provocation, je prierai pour votre corps qui ne soit point aussi malmené que le miens.
- Je tacherai d'y penser, Stalia, répondit Kaerthage en pouffant.
- Mes fils tiennent de moi, il est évident, rétorqua Stanislas en bombant le torse, fier comme un coq, faisant rire la galerie ou rougir les femmes de Solaris dont même le Roi Edmond se sentait bien inférieur.
- Vous voilà bien peu modeste mon cher époux, fit la Reine.
Nohan lança un clin d'œil à Thomas, celui-ci se retint de rire, mais son œil démoniaque eu du mal à ne pas répondre à son père qui sourit.
Si la blague était passée inaperçue, l'information, quand à elle, n'avait pas été ignorée par ceux qui l'avaient captés.
Ce soir, ils allaient devoir se réunir au beau milieu de la nuit pour rejoindre les deux Ravageurs et les mages afin d'en savoir plus sur ce qu'il s'était réellement passé.
Thomas s'était assoupi dans le lit de ses parents, aux côtés de son père qui lui caressait doucement la tête jusqu'à ce que la Princesse n'entre, suivit de ses aides, dans la chambre.
- Il faut y aller, je vais commencer.
- Réveil toi petit prince, l'appela Nohan avec douceur.
- Hmm...
- Nous avons à faire mon fils, réveil toi.
- Il est l'heure ?
- Oui Kaerthage va se mettre à chanter.
- Je n'ai plus entendu ton chant.
- Viens petit prince, dit-elle en se moquant du surnom donné par Nohan et Atlas.
- Dois-je aussi vous trouver des noms ? demanda t-il en lui prenant la main.
- Capucine, peux-tu prendre son manteau ?
- Mon manteau ? Mais...
- Cadeau de la Reine Dania.
- Oh... Il est beau !
- Venez que je vous aide, lui dit l'aide en souriant.
Une fois habillés, ils quittèrent la chambre pour rejoindre tous le monde dans la grande salle des Ravageurs.
- Ah vous voilà, oh que tu es beau mon petit garçon ! s'exclama la Reine en admirant le garçon habillé du manteau de fourrure qu'elle avait trouvé pour lui dans les affaires de Nohan quand il était encore tout jeune garçon.
- Il a l'odeur de père, dit le garçon. Merci Majesté.
- Pas de manières mon garçon, fit le Roi. Ma chère, je crois qu'il est temps pour vous.
Kaerthage leur précisa la marche à suivre, avouant que son pouvoir était bien complexe, si les démons en étaient immunisés, les simples humains ne l'étaient pas et il leur faudrait rester proche de ces derniers pour ne pas être piégé.
Elle se mit alors à fredonner un air calme et apaisant, jusqu'à ce que son regard s'éclair et que son pouvoir se mette en marche, endormant le château et ses environs.
- La boucle ne durera pas très longtemps, nous avons jusqu'à l'aube. prévint-elle.
- Nous avons suffisamment de temps, rassure toi ma tendre. En route !
- Les chevaux sont prêts, nous avons fait comme vous nous l'avez conseillé.
Ils se glissèrent dans l'ombre, prenant grand soin de ne toucher ou croiser personne dans le château endormis, jusqu'aux écuries ou attendaient les destriers choisis pour la ballade nocturne.
- Bonsoir mon beau, déclara Kaerthage en retrouvant son bel étalon qui l'attendait sagement, déjà scellé. Nous avons quelque chose d'urgent à faire.
Une mission aussi tard ? pensa l'animal. Oh le Prince Thomas !
Doran reconnu le jeune garçon mais sentit que quelque chose d'étrange le liait au couple et surtout à l'homme qui le tenait dans ses bras.
Tyr hennit pour lui répondre, mais les deux étalons eurent pour conseil de se taire.
- Silence, fit la jeune femme. Nous devons nous hâter.
- Tous à cheval. Thomas montes avec Kaerthage.
Il aida la jeune femme à monter sur Doran et plaça leur fils devant elle, rajustant sa cape chaude autour d'eux.
Il grimpa sur Tyr et le ramena près de sa belle. Les cavaliers prêts, tous partir au grand galop dans la neige, arme au poing et le regard éclairé des démons tracèrent la route dans la nuit. Il leur fallut deux bonnes heures pour arriver jusqu'au point de rendez-vous : Seran.
Un village néfaste qui avait connu les nombreuses morts des cavaliers, mais aussi une prise de pouvoir assez grandiose, qui faisait du lieu un village protégé de tout et tous.
- Ils sont là ! avertit Sartan en montrant une maison allumée, de la fumée sort de la cheminée !
- Oh !! firent alors les cavaliers, ralentissant l'allure jusqu'à l'arrêt total.
- Chef !
- Vous avez réussi ?
- Oui, mais nous devons les ramener sous peu avant qu'ils ne fassent sonner l'alerte à la capital.
- Nous n'avons pas plus de temps non plus. Entrons.
Les Ravageurs aidèrent la Reine et la Princesse Stalia à descendre tandis que Nohan rattrapait sa compagne et leur fils dans ses bras.
- Nous avons besoin d'une réponse et malgré tout, tu as ma trace et celle d'Atlas. Tu reste mon fils, dit Nohan en s'accroupissant devant l'enfant qui hocha la tête, comprenant que ce dernier ne comptait pas abandonner sa paternité. Montre ton regard mon fils, nul besoin de te cacher.
Son regard étrange se dévoila de nouveau, faisant sourire ses deux parents.
Ils entrèrent dans la maison où se trouvait Louang et les mages qui, à l'entrée du Prince et de la Princesse Lunaire, se mirent à paniquer, s'agenouillant tout en leur demandant pardon.
- Silence, fit le Roi en s'installant sur un fauteuil.
- M-Majesté !
- Nous sommes ici pour obtenir des réponses.
- Le Prince Thomas est-il mon engeance ? demanda alors Nohan sans préambule.
Les mages se concertèrent, les Ravageurs les avaient prévenu de la ressemblance et de ce que le garçon dégageait. Mais ils n'avaient jamais pensé que c'était à ce point vrai.
- Quand le Roi est venu nous trouver il y a 20 ans de ça, pour nous ordonner de lui créer une créature capable de ravager ses ennemis tout en lui obéissant au doigt et à l'œil, nous savions qu'il avait déjà viré fou.
- Veuillez nous pardonner Votre Altesse.
- Fou il est. confirma la jeune femme.
- La demande était simple, mais le procédé était très compliqué, car il n'y avait aucun moyen de vous créer ni de vous mettre au monde.
- Sa troisième concubine avait eu des difficultés à lui donner des enfants, mais il voulait la garder auprès de lui.
- C'était principalement pour cette raison qu'il nous a trouvé pour savoir si nous pouvions créer ce genre d'être. Nous l'avions prévenu que c'était presque impossible sans magie déjà préexistante.
- Pourtant vous y êtes arrivés, fit remarquer Lowrak, les bras croisés sur sa poitrine.
- Connaissez-vous les pierres de vie ?
- Oui, il est dit que si l'on en trouve une, nous pouvons la transférer dans le corps de...
- Non, la Princesse n'est pas née de celle-ci, mais des pierres de Lune.
- Les pierres de la destiné ? Voilà une idée bien intéressante.
Les mages racontèrent alors le procédé pour créer un être à partir de ces pierres enchantés et puissantes, jusqu'à ce que Kaerthage reçoive la vie grâce à ça. Mais durant ce dernier, ils avaient dû la placer dans le ventre de la troisième concubine juste après la naissance de Cérésia.
Puis vin la même explication pour la confection de Thomas mais contrairement à la troisième concubine, Kaerthage était trop jeune et sa magie était bien au delà de ce à quoi ils s'étaient attendu.
- Sa magie seule n'aurait put bloquer le processus.
- Une force noire et néfaste semblait la protéger, se mêlan à elle pour l'engloutir dans une bulle protectrice. Pourtant l'enfant fut créé.
- Majesté, permettez-nous de vous donner la certification ?
- Faites.
Les mages se mirent en cercle autour du trio et se mirent à psalmodier des incantations jusqu'à ce qu'une résonance se fit entre les trois protagonistes.
- La pierre de Lune, pierre du Destin, l'amour noir et néfaste, l'aurore de la protection. La résurrection et la mort. Voyez vos liens, déclarèrent les 5 en transes.
- Alors c'est vrai... souffla le Roi.
- Thomas ne repartira pas à Solaris. décida Nohan.
- L'enfant de la création doit rester caché, il doit rester loin du créateur, les avertit l'un des 5.
- Mais son véritable créateur n'est autre que vous Majesté.
- Protégez, protégez l'enfant de la création !
- Mon fils ne sera point le centre de la discorde, mais le début d'une chasse à l'homme.
- Père...
- Ne t'en fais pas Thomas, tu seras officiellement le Prince de Karsan dès le mariage célébré. Karsyt et Louang, renvoyé les chez eux.
- Attendez ! Permettez nous de fuir, l'implora l'un des mages.
- Fuir ?
- Yenesse est tout proche, ils seront les bienvenues le temps que Solaris les oublie, indiqua Stalia. Montrez ceci à mon père et dites lui votre mission.
- Merci.
- Partez.
- Prenez soin de vous.
Thomas avait un père, une mère, une famille et ces derniers étaient comme lui : étranges, aux pouvoirs spéciaux et à l'avenir aussi sombre qu'incertain. Mais il avait une famille, dans le Royaume de l'Hiver, auprès du Seigneur des Neiges.
***
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