Qui paie y va
Une étoile est passée
Et les hommes éblouis
Lui ont baisé les pieds
Pour le plaisir d'une nuit.
Elle venait des grands froids
Et fuyant la misère,
Fuyant aussi la poix,
Fila vers la lumière.
A Paris elle échoua
Et la cité des sens,
Devant elle en émoi,
Lui fit sa révérence.
Combien d'hommes succombèrent ?
Sa passion délétère
Les combla tant et bien
Qu'ils devinrent des pantins.
Et la voilà lancée
Vers une voie lactée
Ponctuée de diamants,
De bijoux et d'amants.
Sur les boulevards, une lionne
Sort les griffes ou ronronne.
Si on paie on y va
Car la lionne est Païva.
Un diamant pour y voir
Le frou-frou d'un jupon
Frôler l'ombre du soir
Et partir le dos rond.
Son hôtel érigé
Sur les champs Élysées,
Des mascarons à sa gloire,
Il manquait le trottoir.*
Reine du gynécée
Ce n'était pas assez.
Il lui fallut un titre
Pour gonfler son épître.
Un comte elle épousa
Au prix d'une nuit sans fin,
Un château sur le Rhin
Attendit son trépas.
Car elle s'y ennuya
Et Paris lui manqua.
Elle ne revit jamais
La cité qui chantait…
*En découvrant son hôtel particulier au 25 avenue des Champs Elysées, le grand Dumas s'est exclamé, "C'est presque fini, il manque le trottoir."
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