Sa mère le regardait encore, choquée.
Elle pensait à une blague. Ou à une crise passagère.
Mais Kael ne souriait pas.

Il posa doucement sa cuillère, leva les yeux vers elle, et dit :

> — Maman… je connais tout.
Je t’assure.
Tu peux me tester.



Elle resta silencieuse.
Alors il insista, les yeux brillants.

> — Pose-moi une équation de physique. Ou un problème de philo.
Parle-moi d’histoire, d’économie, d’informatique.
Je te répondrai.



> — Kael… Tu n’as que dix ans. Tu as besoin de temps.



> — Non.
J’ai déjà eu du temps. Trois ans de silence. Trois ans de souvenirs dans le blanc.
Je veux avancer, maman.
Je veux aller à l’université.



Elle baissa les yeux.
Touchée.
Inquiète.
Fière.
Tout à la fois.

> — Ce n’est pas comme ça que le monde fonctionne, tu sais…



> — Alors il faudra que le monde s’adapte.



Il tendit la main, paume ouverte, et murmura :

> — Teste-moi. S’il te plaît.



Un instant, elle vit en lui quelque chose d’ancien, de lointain, presque effrayant.
Mais aussi un éclat…
Un appel vers l’avenir.