17 ans plus tard – 25 octobre 2023

François-Xavier chute lourdement et s’arrache la peau des mains sur les graviers. Ses jambes pèsent une tonne ce matin, il peine à avancer. Il lève la tête, par réflexe, et constate que personne ne l’a vu – à cette heure-ci, les coureurs n’ont pas encore envahi les sentiers autour du lac Inférieur. À l’est, le soleil lance ses premiers rayons, timides, en direction du bois de Boulogne.

Après s’être frotté les genoux, François-Xavier s’approche du bord du lac, s’accroupit puis se nettoie les paumes dans l’eau grasse. L’arrêt soudain de l’effort, les mains froides, l’automne qui s’installe le font frissonner. À moins que ce ne soit la date anniversaire du 22 octobre, et la fatigue accumulée par des nuits sans sommeil. Il se retourne, fouille du regard le chemin à la recherche de l’origine de sa chute. Il découvre une racine sortie du sol, perdue au milieu de l’allée, sans un arbre à proximité pour la justifier.

Un haussement d’épaules, un sourire forcé et il repart – il rentrera à la course par l’avenue Victor Hugo, tant pis pour le kilométrage de la semaine. L’odeur des feuilles humides se mêle à celle du trafic déjà lourd en provenance du boulevard périphérique parisien. Vivement les effluves du pain frais !