Chapitre 50 - Marielle

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Le retour à la vie est vraiment difficile mais je m’accroche comme je peux. Après avec les fêtes de fin d’année, ça a permis de calmer un peu le jeu entre moi et Mick’. Julie par contre je n’arrive pas à la voir avec ma fille dans les bras, même si elle me la laisse le plus souvent possible, je n’y arrive pas. Ça me fait vraiment trop mal alors je m’accroche au travail et heureusement que j’ai ça pour tenir. Au moins je n’ai pas besoin de les voir complice toute la journée.

- Marie, téléphone pour toi. Me lance Lisa.

- Ok, merci.

Je prends le téléphone.

- Madame Parker ?

- Oui

- Je suis Madame Delattre, la maîtresse de Jennifer. Je souhaiterai vous voir ce soir si vous pouvez vers 17h s’il vous plaît.

- Euh c’est à quel sujet ?

- On en parlera ce soir si vous le voulez bien.

Je ne vois pas ce qu’elle a à dire vu que Jennie vient de reprendre l’école. Je passe mon après midi un peu contrariée puis je vais au rendez-vous et Mick’ nous y rejoint.

- Tu sais pourquoi elle veut nous voir ? Dis-je

- Pour faire chier.

Je ne comprends pas trop pourquoi mais je le suis jusqu’à me retrouver face à la maîtresse et au directeur ainsi que Jennie qui regarde ses pieds.

- Bien, merci d’être venu. On voulait vous rencontrer car nous avons des difficultés avec Jennifer. Dit le directeur

Je sens Mick’ sur les nerfs et je comprends qu’on n’est pas au premier rendez-vous.

- Vous savez que l’on n’a pas assez de personnel pour nous occuper uniquement de Jennifer et là elle demande une surveillance bien trop importante pour nous.

De quoi elle parle.

- Ma fille est malade et nous avons fait une demande d’AVS qui doit arriver mais on est en attente. Dit Mick’

Ravie de l’apprendre !

- Monsieur Parker, nous avons fait notre maximum et son comportement perturbe beaucoup la classe.

- Mais comment ça elle perturbe la classe ? Dis-je

La maîtresse regarde Mick’ et je sais que je suis loin de tout connaître.

- Jennifer fait dans sa culotte et on ne peut pas quitter la classe car elle a eu un accident, nous avons d’autres élèves. Et puis elle dit beaucoup de choses qui ne sont pas de son âge, hier pendant le cours d’informatique, elle a été montrer à son groupe des sites adultes.

Je regarde Jennie qui à la tête baissée et quand elle me regarde, je vois cette expression que je ne supporte pas.

- Pourquoi tu fais ça Jennifer ? Dis-je

- Tu ne pourrais pas comprendre maman. Me répond-elle d’une voix posée qui me fait froid dans le dos.

- Je suis désolé mais on ne va pas pouvoir garder Jennifer avec nous. Dit le directeur.

- Depuis le temps que vous souhaitiez vous en débarrasser ! Crache Mick’

- Monsieur Parker, nous avons fait notre maximum, je suis navré de ce qui vous arrive mais notre établissement n’est pas compétent pour s’occuper correctement de Jennifer. Dit le directeur.

On repart avec Jennie et ses affaires et la porte de l’école se ferme derrière nous.

- Putain d’école de merde ! Bonne à rien ! Si on ne rentre pas dans leur putain de case, on n’est bon pour être dégagé !

- Tu parles de toi ou de Jennie là ? Dis-je

- Oh toi, lâche-moi !

Mick’ est hors de lui alors que Jennie ne décroche pas un mot. Quand on rentre Mick’ en touche deux mots à Julie qui bien entendu elle trouve la solution de lui faire l’école à la maison le temps que le dossier de l’AVS se règle. Madame la sauveuse de toutes les situations a encore frappé.

- Je pense qu’il serait mieux de l’inscrire dans une autre école. Dis-je

- Ils vont la virer pareil. Me lâche Mick’

- Mais y a bien une école qui comprendra, non ?

- Une école qui comprenne ? Tu rigoles là. Jennie se chie dessus par plaisir Marielle, elle montre des pornos aux autres, se touche pendant les cours et balance un tas de truc dégueulasse ! Quel instit’ est prêt à accepter ça ?!

- T’es pas obligé de me gueuler dessus Mick’ ! Déjà pourquoi je n’ai pas été mise au courant de tout ça ! C’est ma fille putain !

- J’en sais rien moi, pour te protéger ? Pour pas que tu subisses le drame qu’on vit depuis des mois ? Parce que j’espère toujours qu’un jour elle retrouve la raison ?

Je regarde Mick’ qui est désespéré de cette situation insoutenable. Malgré ça, on essaye de suivre les conseils du pédopsychiatre. Chaque jour nous devons vérifier qu’elle aille aux toilettes quotidiennement, son traitement à été augmenté mais malgré ça, elle tente toujours de résister.

- Va aux toilettes Jennifer. Lui ordonne Mick’

- J’y suis déjà allée papa.

- Me prend pas pour un con Jennifer, va aux toilettes.

- J’ai pas envie !

- Pourquoi alors tu bouges sur ta chaise ?

- Je danse.

Mick’ est hors de lui, on sait qu’elle ment, mais on ne peut pas l’obliger.

- S’il te plaît chérie, essaye d’y retourner. Dis-je pour tenter de la décider.

- Je n’ai pas envie.

Mick’ sort dehors fumer et Julie le rejoint.

- Maman ?

- Oui chérie ?

- Quand un garçon il met son zizi dans la foufoune ça fait mal ?

- Pourquoi tu me poses cette question ?

- Parce que mamy elle pleurait quand Henry mettait son zizi et dans le film, la dame elle pleurait aussi.

Mon cœur se serre.

- Faut pas regarder ces films et Henry était très méchant.

- Non ce n’est pas vrai ! Tu mens ! Il était très gentil ! Lui il touchait mes fesses et me laissait tranquille !!! Vous vous êtes toujours sur mon dos !!!

Elle rentre dans une colère noire et vire tout ce qu’il y a sur la table d’un mouvement brusque.

- Je veux qu’Henry revienne !!! Je veux qu’il revienne !!! Je ne veux pas de vous !!! Je vous déteste !!!

- Tu vas dans ta chambre immédiatement ! Dit Mick’ qui vient de rentrer.

- T’es même pas mon papa toi ! T’as rien à me dire !

La colère de Jennie vient de frapper Mick’ durement.

- Monte tout de suite Jennifer.

Je m’effondre par terre en larmes, je ne comprends pas qu’elle soit comme ça. Nous prenons rapidement rendez-vous avec le pédopsychiatre qui demande à nous voir seul sans Jennie.

- Les crises de colère de Jennifer sont donc de plus en plus violentes, c’est bien ça ?

- Oui, elle n’est même plus propre.

Je ravale mes sanglots.

- Elle le réclame.

- Ecoutez, je sais que vous aimez votre fille et que vous faites tout votre possible pour qu’elle redevienne la petite fille d’avant mais…Jennifer est très traumatisée, qui pour se protéger des agissements de son agresseur, son inconscient lui fait croire que c’est bon pour elle. Vous devenez donc les méchants alors que lui reste le gentil.

- Je veux que ma fille guérisse !

- Je pense qu’il est temps d’hospitaliser Jennie avant qu’elle ne se fasse du mal ou qu’elle fasse mal aux autres car elle ne contrôlera plus ses crises de colère.

- Non ! Ma fille n’ira pas dans un hôpital psy ! Dit Mick’

- Monsieur Parker, vous avez connu les débuts de son traumatisme et vous voyez bien que ce qu’on a mis en place, ne fonctionne pas.

- Qu’est ce que l’hôpital lui apportera ?

- Vous ne pouvez pas jouer le rôle du parent et du soignant Monsieur Parker, faut donner le relais à des personnes compétentes.

- Jennifer à besoin de rester avec sa famille.

- Mick’, on peut…peut être essayer.

- Ça t’arrangerai de t’en débarrasser hein !

- Dis pas ça.

- Hors de question qu’on la foute dans un hôpital psy !

Mick’ prend la porte et laisse aucune chance au médecin d’argumenter. On repart avec Jennie qui nous décroche pas un mot. Le soir je tente d’aller la voir alors qu’elle est dans son lit avec une tablette qu’elle cache sous sa couette.

- C’est quoi ?

- Rien.

- Chérie s’il te plaît donne moi ce que tu caches.

- Non.

- Pourquoi ?

- Tu vas me gronder.

- Non mais je veux que tu me donnes ça.

- Ce n’est pas à toi !

Elle me regarde méchamment et j’essaye de ne pas perdre pied. J’ai bien vu que c’était une tablette.

- Qui te l’a offerte ? J’en cherche une pour moi tu sais, ça pourrait m’aider de savoir ce que tu as toi.

Elle me regarde et sort l’écran de sous les couvertures.

- C’est Henry qui me la donné.

- Elle est très jolie. Tu veux bien me la prêter que je vois si elle pourrait me convenir ?

- Tu y fais attention et tu ne dis rien à papa et à Julie.

- D’accord, promis.

- Je t’aime fort maman tu sais.

Cet élan d’amour me fait du bien.

- Moi aussi mon cœur.

- Je peux te dire un secret ?

- Oui bien sur.

- Tu ne répète pas hein ?

- Promis.

Elle me tend son petit doigt et nous faisons la promesse. Elle se lève et va chercher une boite qu’elle ouvre.

- Comme j’ai été très sage, il m’a donné ça.

J’ai un courant froid qui me traverse quand je vois un sextoy.

- C’est Henry qui t’a donné ça ?

- Oui pour mes fesses. Mais faut pas dire à papa car il va me le prendre pour le mettre dans les fesses de Julie mais c’est à moi !

- D’accord mais tu sais, c’est pour les grands ça.

- Je suis une grande maman tu sais mais comme papa il ne te touche plus les fesses et bien je te le prête.

Mon cœur se serre mais j’arrive à ne pas pleurer. Je la remercie et repars avec la tablette et cet objet qui n’a rien à faire dans la chambre d’une petite fille. Je descends le cœur lourd pour parler à Mick’, mais lorsque j’approche je comprends que ce n’est pas le bon moment. Je me tâte puis décide de frapper à leur porte.

- Putain tu veux quoi Marie ? Me lance-t-il avec son pantalon de pyjama taché

- Je crois qu’on devrait accepter l’hospitalisation de Jennie, Mick’.

- Attend là, t’as rien trouvé de mieux pour venir m’emmerder ? T’es sérieuse !

- Mick’, je crois que c’est pire que ce qu’on peut penser.

Il a ce rire mauvais que je déteste tant.

- Pire, c’est de la foutre dans un hôpital psy Marielle. Maintenant si toi t’as rien d’autre à foutre, c’est ton problème mais moi je n’ai pas que ça à faire que d’écouter tes conneries.

- Mick’…

- Bonne nuit Marielle.

La porte se ferme devant moi et mes larmes ne cessent de couler. J’aurais voulu lui dire ce que j’ai découvert pour Jennie mais il ne m’en laisse même pas le temps, trop axé sur sa vie sexuelle ! Sur notre conflit ! Il ne comprend pas que j’ai besoin de lui, que je me sens seule dans ce combat, que j’ai besoin de ses bras pour me consoler. Mon mari me manque. Mais quand je lève la tête vers l’étage, Jennie est là à me regarder, un sourire au coin des lèvres. Elle a tout entendu et le lendemain matin, je retrouve ma petite fille d’avant, propre, calme, sage comme une image. Je confirme c’est pire que ce qu’on pouvait imaginer.

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